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Michel Platini est de plus en plus fragilisé dans sa course à la présidence de la Fifa: le front uni européen s'est lézardé avec le lâchage de l'Angleterre et Joseph Blatter lui-même a alimenté les doutes sur son fameux versement d'1,8 million d'euros au Français.
L'éventualité née jeudi d'un plan B qui verrait l'UEFA soutenir un candidat alternatif se précise. La Fédération anglaise (FA) se réserve désormais le droit "de décider qui soutenir pour l'élection présidentielle du 26 février 2016" à la Fifa, le président de l'UEFA ou un autre candidat, a-t-elle annoncé dans un communiqué vendredi.
Officiellement, la FA a seulement "suspendu" son soutien à Platini "jusqu'à la fin des procédures judiciaires" en cours, après avoir "pris connaissance de nouvelles informations jeudi (lors de la réunion des 54 fédérations européennes, ndlr) de la part des avocats de M. Platini" sur le paiement controversé de 1,8 million d'euros reçu par le Français en 2011, pour des travaux de conseiller effectués entre 1999 et 2002.
Si la Fédération anglaise ne donne pas de détails sur ces "informations", c'est Sepp Blatter, le président démissionnaire de la Fifa, qui a peut-être lâché le morceau à la radio suisse RROTV: "C'était un contrat que j'avais avec Platini, un gentlemen's agreement", a concédé le Valaisan de 79 ans, suspendu 90 jours, comme Michel Platini , pour cette affaire.
Même s'il a aussitôt assuré que tout avait "été fait dans les règles", Blatter a en filigrane suggéré que cet accord avec Platini n'était sans doute pas basé sur un contrat écrit. Si tel était bien le cas, d'autres Fédérations européennes pourraient retirer leur soutien au Français.
"Un tel paiement exige qu'il y ait un contrat, (sinon) nous ne pourrons plus soutenir (Platini)", avait ainsi asséné lundi le Danois Allan Hansen, membre du comité exécutif de l'UEFA.
Ce lâchage anglais vendredi contredit en tout cas de façon spectaculaire le soutien soi-disant "unanime" apporté jeudi à Platini par le comité exécutif de l'UEFA et de ses 54 fédérations membres. Et assombrit l'horizon électoral de l'ancien meneur de jeu des Bleus, désormais engagé dans un contre-la-montre judiciaire.
- Contre-la-montre -
Après sa suspension, prononcée le 8 octobre, Platini a saisi la chambre de recours de la Fifa, tout comme Blatter. Si la décision lui est défavorable, le Français pourra ensuite saisir le Tribunal arbitral du sport qui siège à Lausanne.
"Nous nous attendons à ce que la décision de la chambre de recours soit rendue la semaine prochaine, soit avant le 26 octobre", date de clôture des candidatures à la présidence de la Fifa, a confié vendredi à l'AFP une source proche du dossier.
Le TAS pourra alors trancher selon une procédure d'urgence, comme l'a demandé jeudi l'UEFA en demandant "une décision finale sur le fond au plus tard mi-novembre".
"Si les parties à la procédure sont d'accord, le TAS s'adapte, ce n'est pas un problème", a réagi pour l'AFP vendredi Matthieu Reeb, secrétaire général du TAS. "Si les parties sont en désaccord, le TAS fixe le calendrier en fonction de l'urgence objective du cas".
Si Platini était forcé à renoncer par le TAS, voire par la justice suisse, qui l'a entendu en tant que témoin assisté dans ce dossier, quel pourrait être le candidat pour le remplacer ?
"Nous verrons si un autre candidat d'une autre confédération ou si un autre candidat européen émerge", avait confié Gianni Infantino, le secrétaire général de l'UEFA, jeudi.
Michael van Praag, président à poigne de la fédération néerlandaise de foot, qui s'était retiré avant la dernière élection à la présidence de la Fifa, en mai, apparaît pour beaucoup en Europe comme le candidat de substitution idéal.
- Le Mondial-2006 lui aussi visé? -
Deux postulants seulement à l'élection ont pour l'instant officiellement remis leur dossier de candidature avec les parrainages nécessaires: M. Platini et le Prince jordanien Ali, qui avait poussé Joseph Blatter au second tour le 29 mai avant de se retirer. Le patron du football asiatique, le Sheikh bahreini Salman ben Ibrahim al Khalifa, vice-président de la Fifa, pourrait aussi se présenter, a annoncé vendredi à l'AFP une source proche du dossier.
Des outsiders pourraient aussi sortir du bois avant le 26 octobre, comme Tokyo Sexwale, ancien compagnon de cellule de Nelson Mandela, ou Jérôme Champagne, ancien secrétaire général adjoint de la Fifa, qui n'avait pas recueilli suffisamment de parrainages la dernière fois.
Quel qu'il soit, le futur patron du foot mondial aura du travail pour redorer le blason de la Fifa, encore terni un peu plus vendredi par les accusations du Spiegel.
Selon l'hebdomadaire allemand, le Mondial 2006 aurait été attribué à l'Allemagne grâce à l'achat de quatre voix asiatiques, via une caisse noire alimentée par des fonds, 10,3 millions de francs suisses, venus de Robert Louis-Dreyfus, alors patron d'Adidas.
Niées par la Fédération allemande, dont l'enquête interne n'a révélé "aucune preuve d'irrégularités", ces accusations s'ajoutent aux soupçons visant les attributions du Mondial 2010 à l'Afrique du Sud (avec ces 10 millions de dollars versés au Caribéen Jack Warner, depuis suspendu à vie), et des Mondiaux 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar.