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© AFP/Erika SANTELICES
Le président de la Fifa Gianni Infantino, le 28 avril 2017 à Santo Domingo en République dominicaine
Quand Gianni Infantino soutient un candidat, même non officiellement, celui-ci prend le pouvoir: Aleksander Ceferin à l'UEFA et Ahmad Ahmad à la CAF en sont les meilleurs exemples. Le patron du foot mondial redessine-t-il la carte du pouvoir à sa guise ?
"Beaucoup stigmatisaient les 29 ans d'Issa Hayatou à la tête de la CAF. Aujourd'hui, Ahmad lui a succédé et les mêmes reprochent à Infantino une soi-disant ingérence...": pour ce proche de l'Italo-Suisse, ces reproches faits au successeur de Joseph Blatter à la tête de la Fifa sont "injustes car il faut voir tout ce qu'il a fait en un an".
Jeudi à Bahrein, Infantino présidera son 2e congrès de la Fifa.
Alors que planent encore au-dessus de l'instance les relents nauséabonds du pire scandale de corruption de son histoire, l'ex-bras droit de Platini à l'UEFA a marqué son début de mandat par quelques décisions fortes telles la nomination de la Sénégalaise Fatma Samoura comme secrétaire générale, première femme à ce poste, ou le passage du Mondial à 48 équipes dès 2026.
Dans le même temps, les présidents de plusieurs confédérations ont changé, "adoubés par Infantino ou avec son appui", affirme un cadre actuel de la Fifa. Le Slovène Ceferin préside l'UEFA et le Malgache Ahmad Ahmad a succédé en mars à Hayatou à la tête de la Confédération africaine (CAF).
Le Canadien Victor Montagliani, président de la Concacaf (Amérique du Nord, Centrale et Caraïbes), a lui contribué à l'élection d'Infantino alors que la Fifa pourrait cette semaine lors de son congrès à Bahrein dégager le terrain à la candidature Canada/USA/Mexique pour le Mondial 2026.
Enfin, Infantino a également "adoubé" en Amérique du Sud le Paraguayen Alejandro Dominguez.
Elu sur un programme de réformes et d'aides accrues aux fédérations, Infantino "dirige la Fifa avec les méthodes de Blatter: en promettant. Mais la différence c'est qu'il a éteint toute opposition", analyse un ancien cadre de l'instance.
- 'Très autoritaire' -
Celui qui, selon plusieurs sources, gérait l'UEFA "de façon très autoritaire", s'est entouré d'hommes fidèles.
Infantino peut désormais compter sur de nombreux transfuges de l'UEFA, comme Philippe Le Floc'h, directeur commercial, Urs Kluser, ancien agent d'intégrité de l'UEFA, devenu chef de cabinet de Mme Samoura, ou encore le Congolais Veron Monsengo Omba, ancien secrétaire de la commission de discipline de l'UEFA et nouveau directeur du développement pour l'Afrique et les Caraïbes, et qui à ce titre a suivi de près l'avènement d' Ahmad.
Le Norvégien Kjetil Siem est lui chargé de "questions stratégiques". Ex-secrétaire général de la Fédération norvégienne, il a été très utile, selon plusieurs sources, pour convaincre les pays nordiques de soutenir l'élection de Ceferin.
"On assiste à une confédéralisation de la Fifa, analyse un autre ancien cadre de la Fifa, avec une place toujours plus grande donnée aux confédérations qui ne sont pas statutairement membres de la Fifa, assortie d'un contrôle accru qui tend à supprimer toute opposition au sein du Conseil".
En Afrique, Ahmad a évincé l'indélogeable Camerounais Hayatou, qui avait préféré Salman à Infantino lors de l'élection à la présidence de la Fifa. Infantino, qui a débuté son mandat en se rendant au Nigeria et au Sud-Soudan et a arpenté le continent avant l'élection à la CAF, est accusé d'ingérance.
- Un salaire pour les présidents -
"Il n'est pas impossible que des lanceurs d'alertes aient transmis des éléments à la Commission d'éthique de la Fifa" à propos de l'élection d'Ahmad, confie une source proche de la CAF. "Il n'y a pas d'enquête ouverte", assure de son côté à l'AFP Roman Geiser, porte-parole de la Commission d'éthique.
Reste un élément troublant: selon une source proche, la Fifa a retiré de l'ordre du jour du prochain congrès, à quelques jours du rendez-vous, une proposition du Rwanda qui prévoyait d'octroyer un salaire à chaque président de fédération nationale dans le monde.
Mais dans le même temps, cette mesure surprenante et inédite pourrait être adoptée par la seule Confédération africaine lors d'une assemblée générale extraordinaire de la CAF prévue à Bahrein juste avant le congrès de la Fifa. Chaque président de fédération africaine toucherait alors quelque 20.000 dollars par an...
"C'était une promesse de campagne d'Ahmad. De là à dire qu'il s'agit d'une mesure électoraliste...", fait remarquer une source proche de la CAF.
Après la démission il y a un an de Domenico Scala, patron de la commission d'audit de la Fifa qui estimait remise en cause l'indépendance de certains organes chargés d'enquêter sur les membres, un point inscrit à l'ordre du jour du prochain congrès risque de poser question: le sort des deux patrons de la Commission d'éthique de la Fifa, les magistrats suisse et allemand Cornel Borbély et Hans-Joachim Eckert dont le mandat arrive à échéance. Leur départ, probable selon plusieurs sources, ne manquerait pas d'être largement interprété.