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Erigé avec les millions de dollars de la Fifa pour former les nouvelles générations de footballeurs des Caraïbes, il accueille aujourd'hui des mariages et des réunions politiques: le Centre d'excellence de Trinité-et-Tobago est le symbole parfait des obscures manoeuvres de Jack Warner.
Avec ses salles "Joseph Blatter", d'une capacité de 5.000 places, ou "Nelson Mandela", de 140 places, le complexe se présente sur son site internet comme "une installation multi-usages capable d'accueillir tout une variété d'événements pour particuliers ou entreprises, locaux ou touristes".
Les lieux, qui disposent en outre d'un terrain de football, d'une piscine, d'un gymnase et d'espaces verts, ont été baptisés "Joao Havelange", en référence à l'ancien patron brésilien de la Fifa. C'est lui, avant de quitter son poste en 1998 sur fond de scandale de corruption -déjà-, qui avait engagé la Fédération internationale dans la construction de ce centre censé promouvoir le football dans les Caraïbes.
Et c'est le Trinidadien Jack Warner, alors à la tête de l'Union caribéenne du football et proche d'Havelange, qui avait pris la tête du projet.
- Consternation -
Le scandale de ce Centre d'excellence, dont la Fifa a financé l'essentiel du coût de 22,5 millions de dollars, a éclaté en 2012 au cours d'une réunion de la Confédération de football d'Amérique du nord, centrale et Caraïbes (Concacaf).
L'auditeur de la Concacaf, John Collins, révèle alors que le complexe a été enregistré au nom de Warner, ce même Jack Warner qui venait d'abandonner la présidence de la Confédération en 2011 sur fond d'accusations d'achat de votes pour une élection interne à la Fifa.
"Je suis abasourdi, consterné et fâché" face à ces révélations, avait alors réagi Jeffrey Webb, le successeur de Warner à la tête de la Concacaf.
Webb et Warner font aujourd'hui partie des 14 personnes, dirigeants de la Fifa et responsables d'entreprises de marketing sportif, accusées par la justice américaine d'avoir orchestré un vaste réseau de corruption et blanchiment d'argent ayant opéré sur plusieurs décennies au sein de la Fifa.
Le Centre est désormais interdit d'accès à la presse, de même que toutes les propriétés à Trinité-et-Tobago liées à Warner (72 ans), depuis qu'il a passé une nuit en garde à vue avant d'être libéré sous caution dans l'attente d'une décision de justice sur la demande américaine d'extradition dont il fait l'objet.
Un journaliste de l'AFP est cependant parvenu à pénétrer dans le hall d'entrée, où une grande vitrine expose des trophées sportifs, la majorité d'entre eux attribués à Jack Warner, longtemps vice-président de la Fifa. Mais un vigile a immédiatement chassé l'importun.
- 'Le fleuron de Warner' -
"Le Centre d'excellence est peut-être le fleuron (de la galaxie) Warner", explique à l'AFP Lasana Liburd, journaliste sportif local qui a suivi durant deux décennies les pas de l'ex-dirigeant de la Fifa, accusé entre autres d'avoir perçu 10 millions de dollars pour des votes en faveur de l'attribution de la Coupe du monde 2010 à l'Afrique du Sud.
"La Fifa a décidé d'aider le Centre pour qu'il devienne un lieu où les équipes de la région puissent venir s'améliorer", reprend le journaliste, animateur du site wired868.com.
Mais "il a surtout servi comme marché aux puces et pour accueillir des meetings politiques".
"Je suis certain qu'il représente la principale source de revenus de Warner en ce moment, et (rapporte) probablement plus que la retraite de la Fifa qu'il n'a pas perçue" en raison de son départ contraint en 2011, sourit M. Liburd.
"C'est un symbole du football dans les Caraïbes et de Warner, dans le sens où quelque chose qui aurait pu servir à renforcer le sport dans la région a été utilisé à des fins personnelles", conclut-il.