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Chuck Blazer, informateur-clé dans le scandale de corruption de la Fifa, avait commencé à coopérer avec les autorités américaines en décembre 2011, alors même qu'il était membre du comité exécutif de l'instance mondiale du football, selon de nouveaux documents judiciaires publiés à New York.
Cette précision figure dans son accord de coopération avec la justice new-yorkaise, document de 19 pages signé le 25 novembre 2013 et rendu public tard lundi. Il précise notamment que l'Américain de 70 ans "accepte de participer à des activités d'infiltration conformément aux instructions spécifiques d'agents des forces de l'ordre ou du bureau du procureur" de Brooklyn, et "de ne pas révéler sa coopération ou toute information en dérivant, à aucune tierce partie sans consentement préalable" des autorités.
Le document précise qu'il ne pourra faire supprimer "aucune déclaration faite par lui le ou après le 29 décembre 2011".
Ancien secrétaire général tout puissant de la Concacaf (Confédération d'Amérique du nord, Centrale et Caraïbes) de 1990 à 2011, membre du comité exécutif de la Fifa de 1997 à avril 2013, Blazer coopéra ainsi près de 16 mois tout en étant membre du comité exécutif de la Fifa.
Ce millionnaire aux allures de père Noël, qui souffre aujourd'hui d'un cancer, est très largement à l'origine des révélations qui ont plongé la Fédération internationale de football (Fifa) dans la crise la plus grave de son histoire.
Il a raconté les pots-de-vin pour les attributions des Coupes du monde 1998 et 2010, les rétro-commissions demandées aux diffuseurs pour recevoir l'exclusivité d'un tournoi, les sociétés fictives et les commissions qui lui ont valu le surnom de "Monsieur 10%".
Il aurait même enregistré avec un porte-clef-micro fourni par le FBI, la police fédérale américaine, des conversations compromettantes avec de hauts dirigeants de la Fifa durant les JO-2012 de Londres.
Son accord de coopération précise aussi qu'entre 2005 et 2010, Chuck Blazer, qui à l'époque menait la grande vie, voyageant en jet privé et possédant plusieurs propriétés de luxe, avait omis de déclarer au fisc américain plus de 11 millions de dollars. Il a accepté, selon ces documents, la confiscation d'1,95 million de dollars "représentant une partie des pots-de-vins et commissions occultes" qu'il a reçus, et la confiscation d'une autre somme au montant non précisé.
Il s'est aussi engagé dans cet accord de coopération à remettre des documents et à témoigner si on le lui demandait, "y compris devant des juridictions étrangères".
- peine réduite pour coopération -
Il avait plaidé coupable en novembre 2013 de dix chefs d'accusation, dont racket, virements frauduleux, blanchiment d'argent, évasion fiscale et corruption, passibles au total de 100 ans de prison.
Mais cette peine sera réduite s'il respecte son accord.
Le 27 mai dernier, les autorités judiciaires américaines avaient annoncé 14 inculpations contre des responsables et partenaires de la Fifa. Les 47 chefs d'inculpation retenus contre neuf responsables de la Fifa, dont deux vice-présidents, et contre cinq partenaires les accusent de complot de racket, fraude et blanchiment sur une période de 25 ans.
Pendant ce quart de siècle, ces responsables du football mondial auraient "sollicité et reçu plus de 150 millions de dollars en pots-de-vin et rétrocommissions" en échange notamment des droits médiatiques et marketing pour les tournois internationaux de football, selon les autorités américaines.
Sept hauts responsables de la Fifa avaient été arrêtés le même jour à Zurich (Suisse).
Outre Chuck Blazer, trois autres personnes ont plaidé coupable dans ce dossier, dont deux fils de Jack Warner, ancien vice-président de la Concacaf et membre du comité exécutif de la Fifa, l'une des personnes arrêtées à Zurich.