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Légende vivante du football allemand, Franz Beckenbauer a vu son image salement écornée en moins d'une semaine, pris dans les allégations de corruption pour l'attribution du Mondial-2006, dont il était le patron, puis ciblé par une enquête de la commission d'éthique de la Fifa.
Un choc pour l'Allemagne qui vénère son "Kaiser", un surnom qui lui a été attribué à la fin des années 1960 durant sa carrière de joueur au Bayern de sa ville natale.
Sur le terrain, ce magnifique libéro, né sur les ruines de l'après-guerre le 11 septembre 1945, s'est bâti un palmarès exceptionnel avec ses compères Gerd Müller et Sepp Maier dans les années 1960-70 : quatre titres de champion et autant de Coupe d'Allemagne, deux Ballon d'Or, trois succès en Coupe d'Europe des clubs champions ainsi qu'un sacre européen (1972) et un triomphe mondial (1974) devant son public avec l'ex-RFA.
Parti pour une aventure américaine au Cosmos New York puis de retour en Bundesliga à Hambourg, il a raccroché les crampons en 1983.
Appelé très vite sur le banc de la sélection, "l'Empereur" la mène en finale du Mondial-1986 puis décroche le Graal quatre ans plus tard.
Il devient ainsi le premier homme à brandir le trophée mondial comme joueur et comme entraîneur. Sa carrière sur le banc passe ensuite par Marseille, puis par un retour au Bayern pour deux saisons fructueuses avant de prendre sa retraite en 1994.
Devenu président de la maison de Bavière, Beckenbauer est sollicité partout et sur tous les sujets, dans son pays et hors de ses frontières, pour siéger par exemple au comité exécutif de la Fifa.
L'Allemagne lui confie alors la mission de décrocher l'organisation du Mondial-2006, qu'il mènera à bien, pour ce qui deviendra "un conte de fée" outre-Rhin.
C'est pourtant cet événement qui plonge le septuagénaire dans la tourmente avec les soupçons de corruption révélés la semaine dernière par le magazine allemand Der Spiegel, parlant d'achats de vote pour une élection remportée en juillet 2000 par 12 voix contre 11.
Lui le consultant télé et aussi du quotidien Bild, l'homme qui organise un sommet annuel pour parler de l'avenir du sport, reste pourtant dans l'ombre, alors que le Süddeutsche Zeitung note qu'il faudra revoir le cas échéant "l'image emblématique nationale" de Beckenbauer.
"Je n'ai versé de l'argent à personne pour obtenir des voix dans l'attribution de la Coupe du monde 2006 à l'Allemagne", se contente-t-il d'assurer deux jours plus tard, dans un communiqué de son entourage.
"Et je suis sûr qu'aucun autre membre du Comité d'organisation n'a fait une telle chose", ajoute le "Kaiser" qui, en juin 2014, avait échappé à une suspension de 90 jours de toute activité dans le football pour défaut de coopération dans une enquête sur les Mondiaux-2018 et 2022.
Le calme n'aura pas duré. Le temps pour la Commission d'éthique de la Fifa d'annoncer mercredi que le "Kaiser" fait l'objet d'une procédure, qui pourrait lui coûter un "carton rouge"...