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Sepp Blatter reste au centre du jeu alors que le ton monte avec les deux principaux candidats briguant sa succession à la tête de la Fifa dans six mois, Michel Platini et Chung Mong-joon.
"Il me fallait dégager en touche pour calmer le jeu, mais je n'ai jamais démissionné puisque je reste en poste jusqu'en février", a répété le dirigeant âgé de 79 ans samedi aux journalistes en marge d'un tournoi à son nom, dans son fief d'Ulrichen en Suisse.
Et de fait, il occupe le terrain. Samedi, il a vanté implicitement son bilan et la bonne santé financière de la Fifa. Joao Havelange, son prédécesseur, lui a dit qu'il avait "créé un monstre+". "Mais ce n'est pas vrai", s'est récrié le Suisse. "Le foot n'est plus seulement un jeu, il l'a dépassé, il est devenu une économie."
Une nouvelle pierre dans le jardin de Platini, qui donne au jeu et aux joueurs la priorité et garde une certain image +romantique+, même après huit ans à la tête de l'UEFA.
Mais Blatter a aussi été remis au centre du jeu lundi par Chung Mong-joon. En confirmant sa candidature, le Sud-Coréen a assuré que l'instance internationale était "devenue une organisation corrompue, parce que la même personne et ses acolytes l'ont gérée pendant 40 ans. Le pouvoir absolu corrompt absolument."
Réplique immédiate de Blatter dans un communiqué: Chung "a été vice-président de la Fifa, membre du comité d'urgence de la Fifa pendant 17 ans de 1994 à 2011".
-'Interférences'-
Dans la foulée, des dossiers concernant le riche Sud-Coréen ressortaient dans la presse, à propos de ses dons en 2010 à Haïti et au Pakistan après des catastrophes naturelles, mais aussi des soupçons autour d'un fonds de développement de 777 millions de dollars lié à la candidature de son pays au Mondial-2022 (finalement attribué au Qatar).
Le candidat y a tout de suite vu la main de Blatter et des "interférences" dans la campagne: "La Fifa est engagée dans une tentative autodestructrice de saboter la candidature de M. Chung, à la suite des récentes attaques contre le président de l'UEFA Michel Platini ."
Allusion aux accusations de Blatter contre le Français d'avoir évoqué la prison pour le dissuader d'être candidat à sa réélection pour un cinquième mandat, en mai, au moment où plusieurs dignitaires de la Fifa étaient visés par un vaste coup de filet de la justice américaine pour corruption.
"Histoire montée de toutes pièces", avait rétorqué le camp Platini, également échaudé par l'article très négatif sur l'ancien capitaine des Bleus transmis à diverses rédactions par... la Fifa.
Chung est même devenu acerbe dans son communiqué: "La Fifa devrait se rendre compte que c'est parce qu'elle continue à s'engager dans de tels comportements répréhensibles qu'elle est défavorablement comparée à la mafia par tant de gens."
-'Quelque chose d'injuste'-
Le candidat asiatique a fait valoir un courrier du secrétaire général de la Fifa, Jérôme Valcke, l'assurant que cette histoire des 777 M USD ne serait pas portée devant le comité d'éthique.
Le président de la chambre de jugement du comité d'éthique, Hans-Joachim Eckert, avait fait état de "faits et circonstances potentiellement problématiques", mais "pas de nature à compromettre l'intégrité du processus de candidature pour les Coupes du monde 2018 et 2022 dans son ensemble", dans un communiqué publié en novembre 2014 à propos du fameux rapport Garcia.
Mais une source proche du dossier a cependant assuré à l'AFP qu'"Eckert a conseillé à Cornel Borbély (successeur de Michael Garcia à la tête de la chambre d'investigation, ndlr) de lancer une enquête" sur ce fonds et donc Chung.
Au lendemain de la charge du Sud-Coréen, c'est François Carrard, président de la toute nouvelle Commission des réformes de la Fifa, qui est sorti du bois, pour la première fois, afin de prendre la défense de Blatter.
"Il y a quelque chose d'injuste dans la manière dont on le traite. Je le dis en toute indépendance. On est en train de le brûler. Il a certes commis des erreurs, mais il a aussi apporté des éléments positifs", a estimé dans l'hebdomadaire suisse Le Matin Dimanche l'avocat, connu pour avoir mis de l'ordre auprès du Comité international olympique (CIO) en 2000, après le scandale concernant l'attribution des JO d'hiver à Salt Lake City (2002).