Happy Birthday : |
© AFP/ALAIN JOCARD
Noël Le Graët, le 12 juillet 2016 à Paris
C'était un secret de polichinelle: Noël Le Graët a sans surprise annoncé vendredi sa candidature à sa propre succession à la tête de la Fédération française de football dont l'élection à la présidence est prévue le 18 mars 2017 et pour laquelle il n'a pas d'adversaire à sa mesure.
Le Breton, élu une première fois en juin 2011 et reconduit en 2012, a fait les choses en grand en dévoilant sa décision devant l'ensemble des présidents de ligues, de districts et des clubs professionnels réunis dans un salon du Stade de France.
"J'ai hésité très longtemps, j'ai 75 ans (il les aura le 25 décembre), je sais que je les fais pas, mais il se trouve que, né en 1941, le temps passe, a-t-il lancé à la tribune, sans son style inimitable. Je vous donne ma parole d'honneur: j'ai pas de coup de mou ! Je vous remercie pour ces applaudissement, ça ressemble un peu à des primaires. Je repars avec l'idée de faire quatre ans".
Personnage le plus puissant du football français et véritable animal politique, l'ancien maire de Guingamp ne devrait théoriquement pas avoir du mal à rempiler. Ses deux rivaux, l'avocat François Ponthieu, ex-patron de la DNCG, le gendarme financier du football, et Jean-Pierre Clavier, cofondateur du Conseil national des supporteurs de football (CNSF), ne font pas le poids. Et il peut se vanter d'avoir remis sur les rails une institution en pleine crise à son arrivée.
- Axe fort Le Graët-Deschamps -
© AFP/MEHDI FEDOUACH
Noël Le Graët échange avec Didier Deschamps
avant un match amical entre la France et la Serbie à Bordeaux, le 7 septembre 2015
L'équipe de France, la vitrine de la "3F", a redoré son image sous la direction de Didier Deschamps et Knysna et ses répliques ne sont plus que de mauvais souvenirs. Le succès de l'Euro-2016 et la réussite des Bleus, qui se sont hissés jusqu'en finale, n'ont fait que renforcer le couple Le Graët-Deschamps, plus uni que jamais.
Le Breton a ainsi pu lancer en position de force l'appel d'offres pour l'équipementier de la FFF, et donc de l'équipe de France, qui rapporte jusqu'en 2018 plus de 42 millions d'euros annuels, avec le secret espoir de gonfler encore un peu plus ce montant sur la période 2018-2026 en profitant du renouveau des Bleus et de leur cote de popularité, repartie au plus haut.
Les autres contrats de sponsoring sont sécurisés jusqu'en 2018, rapportant 15 millions d'euros de plus qu'il y a cinq ans (+20%), sur un budget global de près de 245 millions d'euros.
- Plusieurs chantiers -
Alors que le monde amateur pèse deux tiers des suffrages à l'Assemblée Générale de la FFF, Le Graët possède également un argument électoral massue avec les aides au "football d'en bas" qui ont pour la première fois dépassé la barre des 60 millions d'euros en 2015-16.
En cas de réélection, ses chantiers ne seront toutefois pas minces. Outre la future renégociation des contrats avec les partenaires de la Fédération à partir de 2018, il y aura un Mondial féminin en France à réussir en 2019, après les échecs des filles lors des dernières compétitions, qui ont mis à mal la belle dynamique impulsée à partir de 2011 (demi-finales du Mondial-2011 et des JO-2012). Avant ce grand rendez-vous, le nouveau technicien des Bleues, Olivier Echouafni, n'a pas intérêt à rater l'Euro-2017 aux Pays-Bas.
Du côté des sélections de jeunes, les Espoirs, incapables de se qualifier pour un CHAMPIONNAT D'EUROPE depuis 2006 malgré les succès répétés dans les autres catégories d'âge (Mondial-2013 U20, Euro-2015 U17, Euro-2016 U19), se cherchent un sélectionneur.
Il y a enfin le cas Benzema. Après l'avoir longtemps défendu, Le Graët et Didier Deschamps ont convenu de se passer des services de l'attaquant du Real Madrid pour l'Euro en raison de sa mise en examen dans l'affaire de la sex-tape, au nom de "l'exemplarité" et de "la préservation du groupe". A la Fédération, on guette avec fébrilité l'issue judiciaire de ce scandale et ses répercussions éventuelles sur l'image de l'institution et de l'équipe de France.