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Premier club pro créé en France, le FC Sochaux, bientôt orphelin de Peugeot, n'a toujours pas trouvé de repreneur "concret", six mois après l'annonce de la marque au lion de se désengager d'une équipe qu'elle a fondée il y a 86 ans.
Le constructeur automobile avait révélé en mai son intention de lâcher le FC Sochaux-Montbéliard. Depuis, PSA a certes établi "des contacts, mais rien de concret à ce jour", a reconnu le président du club, Denis Worbe, auprès de l'AFP.
À la Villa des Forges, où se retrouvent les supporters du FCSM, à une trentaine de mètres du stade Bonal, qui jouxte les chaînes de montage de l'usine Peugeot Citroën, l'annonce du départ de PSA est sur toutes les lèvres.
"Pour nous, Peugeot et le Football club Sochaux-Montbéliard, c'est indissociable. Le maillot jaune et bleu est floqué de la marque Peugeot depuis des décennies", soupire Jean-François Bonnet, président du Supporter Club.
Alors que le constructeur souhaiterait conclure l'affaire avant le mercato de janvier, "c'est le sujet de conversation numéro 1. Les supporters sont inquiets, ils se demandent si le club va être repris et par qui", explique M. Bonnet.
- 66 saisons en L1 -
"Le fait que Peugeot ne soit plus actionnaire va créer beaucoup d'incertitude autour du club. Nous avons peur d'un actionnariat éphémère", ajoute-t-il.
La famille Peugeot a créé le club en 1928. Premier club de football professionnel, il compte aussi le plus grand nombre de saisons en Ligue 1 (66), malgré sa descente en L2 au printemps dernier. A son palmarès: deux titres de champion de France (1935 et 1938), deux Coupes de France (1937 et 2007), une Coupe de la Ligue (2004). Et quelques grands joueurs, avec Joël Bats, Yannick Stopyra , Franck Sauzée, Jérémy Menez.
"Le FC Sochaux est une institution du football français. Mais malheureusement, le groupe PSA a la nécessité de se recentrer sur son plan de redressement dans le secteur automobile", plaide M. Worbe.
Mais la page ne se tournera que "lorsque la reprise sera décidée. Pour l'instant, le club a la chance d'avoir un actionnaire solide et présent, qui a su l'accompagner dans ce moment difficile qu'est la descente en Ligue 2", ajoute-t-il.
Selon M. Worbe, cette relégation s'est accompagnée d'importants efforts budgétaires au sein du club, dont le budget est "dans la moyenne d'un budget de club de L2", autour de 15 millions d'euros.
- Fini les Peugeot de fonction -
Pour réaliser des économies, PSA a supprimé ses voitures de fonction des joueurs, et l'anneau supérieur du stade Bonal est désormais fermé, sauf grande affluence.
"D'autres économies moins visibles du grand public ont été faites. Chacun a fait des efforts, que ce soit l'équipe professionnelle ou les salariés de l'administration du club, pour travailler différemment et réduire le budget", note le président du club.
De l'équipe de Ligue 1 à celle de Ligue 2, "la masse salariale des joueurs a très fortement diminué, ce qui ne nous empêche pas d'avoir une équipe très intéressante qui essaie de faire un beau spectacle", estime M. Worbe.
Mais le chemin pour retrouver l'élite est encore long. Avant son déplacement à Créteil vendredi pour la 13e journée de L2, Sochaux, un des favoris pour la montée, n'est que huitième, à quatre points du podium.
Le désintérêt de l'actionnaire fait écho au désengagement de ses ouvriers: alors qu'ils composaient la quasi totalité des adhérents du Supporter Club dans les années 1960 et 1970, ils ne représentent aujourd'hui plus qu'un quart de ses quelque 1.000 membres.
"A l'époque, Peugeot comptait 40.000 salariés, contre environ 12.000 aujourd'hui. Maintenant, beaucoup d'intérimaires ne sont pas forcément du cru. Les gens qui avaient la fibre sochalienne sont pour beaucoup à la retraite", regrette M. Bonnet.