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© AFP/Oli SCARFF
Faire appel à un psy est encore perçu comme "un aveu de faiblesse" dans le milieu du foot
Le sociologue Frédéric Rasera a partagé le quotidien d'un vestiaire de L2 pendant 16 mois pour les besoins d'un livre, "Des footballeurs au travail", aux éditions Agone. Il a pu constater que le soutien psychologique pouvait être "mal vu", dans un milieu où les valeurs viriles et le mental à toute épreuve sont mis en avant.
Q: Des préparateurs mentaux ou des psychologues étaient-ils présents dans le club où vous avez mené vos travaux ?
R: "Le club faisait intervenir de manière très ponctuelle des psychologues mais ça restait assez périphérique. Chez les joueurs, il y a souvent une mise à distance des discours psychologiques. La première réaction c'est +On n'a pas besoin de ça+. Faire appel à un psy peut être considéré comme un aveu de faiblesse, presque une crise de virilité".
Q: Comment se passaient ces séances ?
R: "Je me souviens d'un joueur qui était intéressé par ces questions mais qui avait un peu peur que ce soit mal vu. Beaucoup rigolaient, disaient que ça ne servait à rien. Ils avaient une conduite très différente de celle qu'ils pouvaient tenir devant leur entraîneur ou leur président".
Q: Comment expliquez-vous ces réticences ?
R: "Le football recrute principalement dans les milieux populaires, où à l'image de ce qu'on pouvait trouver dans le milieu ouvrier, sont valorisés la force physique, le côté dur au mal, l'excellence masculine du footballeur. On se dit qu'on doit encaisser les coups, qu'on doit avoir une grosse force mentale, c'est d'ailleurs ce que répètent régulièrement les entraîneurs. C'est difficile de reconnaître publiquement qu'on a des difficultés psychologiques".
Propos recueillis par Adrien de CALAN