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© AFP/Guido Kirchner
Inspection des bancs de touche du stade du Borussia à l'aide d'un chien, le 12 avril 2017 à Dortmund
Les trois explosions qui ont visé le bus du Borussia Dortmund mardi soir le rappellent: les compétitions sportives sont des cibles de choix pour d'éventuelles attaques terroristes, poussant les organisateurs à accorder une place sans cesse plus importante à la prise en compte des risques et des menaces.
. Le sport, cible récurrente
"Dans la mesure où les événements sportifs sont désormais mondialisés et concentrent tous les regards, il peut être tentant pour un groupe terroriste de commettre un attentat", observe Pascal Boniface, directeur de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), interrogé par l'AFP.
Tous les sports sont visés, sur tous les continents, depuis la prise en otage d'athlètes israéliens par un commando de Palestiniens lors des jeux Olympiques de Munich-1972 (mort de onze Israéliens, de cinq preneurs d'otages, d'un policier allemand et d'un pilote d'hélicoptère).
L'année 2008 avait ainsi vu l'annulation de la 30e édition de la course automobile du Paris-Dakar, pour cause de menaces terroristes, ainsi que la mort de douze personnes peu avant le départ d'un marathon au Sri Lanka. Deux ans plus tard, le bus de l'équipe du Togo avait été mitraillé en Angola (trois morts), deux jours avant le coup d'envoi de la Coupe d'Afrique des nations.
Plus récemment, le marathon de Boston, États-Unis (trois morts et 264 blessés en 2013) et le stade de France lors des attentats du 13 novembre (revendiqués par les jihadistes de l'organisation État islamique, EI, et qui feront 130 morts au total) ont été ciblés. "C'est une menace qui plane désormais sur l'ensemble des événements sportifs, quels qu'ils soient, où qu'ils aient lieu", estime encore Pascal Boniface.
. Des dispositifs en constante évolution
"Sécuriser n'importe quel match de football majeur, n'importe quel événement international majeur est plus complexe que cela n'a jamais été", estime de son côté Andrew Cooke, directeur des opérations sécurité au Centre international pour la sécurité du sport (ICSS), basé à Doha, au Qatar. "Cela demande une organisation et une préparation significatives, de la part de nombreux pays et autorités différents".
Ancien responsable de la sécurité de l'Asian Cup 2015, il souligne dans un communiqué transmis à l'AFP qu'il est "important que les événements sportifs majeurs investissent et continuent à tenter d'atteindre les standards les plus élevés possible en terme de sécurité".
Les organisateurs s'adaptent déjà. A la suite de l'attentat de Nice, qui avait fait 86 morts et plus de 400 blessés le 14 juillet 2016, les organisateurs du Tour de France ont insisté notamment sur le blocage des axes pénétrant sur le parcours.
L'Euro-2016 en France, à la suite des attentats de janvier et novembre 2015, a aussi fait l'objet de dispositifs exceptionnels. "Dès le départ, quand on a commencé à préparer le plan de sécurité pour l'Euro, on avait évidemment intégré un risque terroriste qui n'est pas un risque nouveau en France", avait exposé à l'AFP Ziad Khoury juste avant le tournoi.
Pour le prochain grand événement planétaire, la Coupe du Monde 2018, la Russie affiche sa confiance: "Les services de sécurité spéciaux, les agences de maintien de l'ordre sont en charge de notre concept sécuritaire. Notre programme de sécurité est suffisamment ambitieux", a estimé mercredi le vice-Premier ministre russe Vitali Moutko, également président du Comité d'organisation de la Coupe du monde.
. 'Le danger est désormais partout'
Malgré tout, "les événements des dernières 24h ont souligné qu'il est très difficile pour les organisateurs de compétitions de garantir une sécurité à 100% pour les équipes, les joueurs et les VIP lors du transfert entre différents lieux", observe encore Andrew Cooke.
"Ceux qui veulent frapper vont toujours chercher le point faible, frapper là où il n'y a pas de protection", analyse Pascal Boniface, pour qui "le danger est désormais partout, et que la sécurité absolue n'existe pas, n'existera jamais".
La sécurité autour de la Ligue des champions, plus grande compétition de clubs, s'organise en tout cas. L'accès au stade de Cardiff sera restreint pour les véhicules lors de la finale le 3 juin dans la capitale galloise, a annoncé mercredi la police britannique.
Et d'ici là, l'UEFA, instance de tutelle de l'épreuve, réévalue les mesures de sécurité afin de les renforcer "partout où c'est nécessaire".