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© AFP/LLUIS GENE
L'attaquant star du Barça Lionel Messi
(g) quitte le palais de justice de Barcelone, le 2 juin 2016
Cristiano Ronaldo soupçonné, Lionel Messi condamné, Radamel Falcao poursuivi: la justice espagnole s'attaque à l'évasion fiscale des footballeurs. La commission européenne veut dissuader ceux qui la facilitent, tels que les conseillers financiers des joueurs et certaines banques.
Le commissaire européen aux Affaires économiques Pierre Moscovici doit proposer mercredi une nouvelle directive contre "l'optimisation fiscale", l'exploitation des lacunes législatives pour payer le moins d'impôts possibles.
"Nous avons peu fait jusqu'à présent pour décourager les intermédiaires qui aident les clients à éviter de payer leur juste part de l'impôt", a déclaré à l'AFP un porte-parole de la commission.
Celle-ci voudrait obliger les conseillers financiers des grandes fortunes ou des sociétés à déclarer à l'administration fiscale les produits transfrontaliers qu'ils proposent à leurs clients.
"Les autorités fiscales seront ainsi en mesure de mieux déceler, et beaucoup plus tôt, les lacunes de la réglementation", a expliqué le porte-parole.
- Les millions de l'image -
La commission ne vise pas particulièrement les sportifs mais l'Espagne, où le football est roi, a braqué les projecteurs sur les manoeuvres compliquées des stars du football pour échapper à l'impôt, notamment sur leurs droits à l'image.
En plus de leur salaire et des primes de résultats, les plus grands footballeurs s'assurent des millions de revenus supplémentaires en prêtant leur nom et leur image pour des campagnes de publicité, des équipements de sports aux sous-vêtements en passant par les yaourts.
L'attaquant argentin du FC Barcelone, Lionel Messi a ainsi été condamné a une amende de 2,1 millions d'euros pour avoir dissimulé les gains de ses droits à l'image à travers une chaine de sociétés écrans souvent établies dans des paradis fiscaux.
En confirmant cette condamnation fin mai, la Cour suprême espagnole avait rejeté l'argument de Messi selon lequel il ignorait la façon dont sa fortune était gérée mais s'était quand même étonnée que ses conseillers fiscaux n'aient pas été poursuivis.
Dans le cas de l'attaquant colombien de Monaco Radamel Falcao , soupçonné d'avoir voir caché 5,6 millions d'euros de droits à l'image au fisc espagnol quand il jouait pour l'Atletico Madrid en 2012 et 2013, son agent portugais Jorge Mendes a été mis en examen. ll doit être entendu le 27 juin par un juge d'instruction.
Mendes, une des personnalités les plus influentes du monde du football, est aussi l'agent de Ronaldo qui risque lui aussi des poursuites en Espagne, le parquet lui ayant reproché mardi d'avoir dissimulé plus de 14 millions d'euros au fisc.
Dans le cas de la star du Real Madrid, "s'il est finalement mis en examen, le juge devrait aussi se demander dans quelle mesure les conseillers et les agents sont coupables", a estimé Carlos Cruzado, président du syndicat des fonctionnaires du fisc espagnol Gestha, dans un entretien avec l'AFP.
Mais l'Espagne n'est pas le seul pays touché, à l'image des récentes perquisitions en France aux domiciles des Argentins Angel Di Maria et Javier Pastore , ainsi qu'au siège de leur club, le Paris SG, pour des questions similaires.
- Société écran pour 500 euros -
Les sportifs, comme les autres contribuables, sont rarement des experts en droit fiscal et se reposent sur des intermédiaires pour les aider.
"Quand on parle de ce type de conseil, il ne s'agit pas du conseiller qui vous aide à remplir votre déclaration de revenus, mais de bureaux spécialisés dans le montage de structures opaques, et beaucoup d'entre eux sont des banques internationales", a expliqué José Mari Pelaez, inspecteur des finances spécialisé dans les paradis fiscaux.
Ces bureaux peuvent vous offrir "le complet sur mesure", poursuit-il. Sans eux, il serait très difficile d'accéder à un paradis fiscal. "Mais un coup de téléphone et pour 500 ou 800 euros un bureau de ce genre vous monte une ou deux sociétés écran avec un compte en banque en Suisse ou dans un autre paradis fiscal. Ca prend deux ou trois jours et ça ne coûte pratiquement rien".
Il rappelle que beaucoup des 175.000 sociétés off-shore enregistrées aux Bahamas, un paradis fiscal, entre 1959 et 2016, et dévoilées l'année dernière par le Consortium international des journalistes d?investigation (ICIJ), avaient été créées par des banques.