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Francesco Acerbi, défenseur de Sassuolo, face à l'attaquant de la Juve Gonzalo Higuain
, le 10 septembre 2016 à Turin
Qualifiée pour la première fois de son histoire pour l'Europa League, qu'elle débutera jeudi (19h00) face à l'Athletic Bilbao, la petite équipe italienne de Sassuolo continue de progresser année après année et ressemble à une anomalie dans un football de géants.
Car il n'y a pas de vraie star à Sassuolo, pas non plus d'investisseurs chinois comme à l'Inter ou au Milan. En fait, il n'y a même pas de stade à Sassuolo. Mais présidée par un important industriel italien, l'équipe au maillot "neroverde" (noir et vert) est un faux Petit Poucet.
. Le poids de la Mapei
Sassuolo est une petite ville d'environ 40.000 habitants posée entre Parme et Bologne en Emilie-Romagne (nord). Il n'y a pas de stade homologué dans la capitale italienne de la céramique et c'est donc à Reggio d'Emilie, à une vingtaine de kilomètres, que l'équipe joue ses matches "à domicile".
Le nom du stade - Mapei Stadium - évoque a priori plus le Tour de France et Paris-Roubaix que le football italien. Mais il est en fait un premier indice quant au fonctionnement du club.
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Le Suédois Patrik Andersson vient de tirer l'US Sassuolo Calcio, le 26 août 2016 lors du tirage au sort des groupes de l'Europa League
Sassuolo est en effet la propriété de Giorgio Squinzi, ancien dirigeant de la Confindustria (le Medef italien) et président du groupe industriel Mapei, spécialiste des adhésifs pour le bâtiment, qui a réalisé en 2015 un chiffre d'affaires de plus de deux milliards d'euros.
Le "petit" Sassuolo peut du coup compter sur l'un des partenariats maillot les plus rémunérateurs d'Italie et a les moyens d'investir et de conserver ses meilleurs éléments.
. Et celui du coach
Mais si Sassuolo s'est qualifié en fin de saison dernière pour le 3e tour préliminaire de l'Europa League au nez et à la barbe du grand Milan, ça n'est pas qu'une affaire d'argent.
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L'entraîneur de Sassuolo Eusebio Di Francesco, le 10 septembre 2016 à Turin face à la Juve
Sassuolo recueille aussi les fruits d'un projet cohérent bâti autour d'Eusebio Di Francesco, l'un des jeunes entraîneurs les plus intéressants du football italien, qui suscite d'ailleurs, ou a suscité, l'intérêt de grands clubs (Milan, Roma...).
Ancien milieu de terrain international (12 sélections), champion d'Italie avec la Roma, il avait un temps lâché le football pour aller s'occuper d'un restaurant de bord de mer à Pescara. Prénommé Eusebio en l'honneur du grand attaquant portugais, il a aussi occupé les fonctions de manager à la Roma ou de directeur sportif en 3e division.
Devenu entraîneur de Sassuolo en 2012, il n'a plus quitté les Noir et Vert depuis, à l'exception de quelques semaines en 2014. Ses dirigeants l'avaient alors remercié après une série de mauvais résultats avant de revenir sur leur décision, constatant que c'était pire sans lui.
Sous ses ordres, Sassuolo a fini champion de Serie B, 17e, 12e et enfin 6e la saison dernière, se qualifiant pour l'Europa League. Les portes de la phase de groupes se sont ouvertes après des succès face à Lucerne et l'Etoile Rouge Belgrade.
. Jeunes, Italiens et ambitieux
Alors que le nombre de joueurs italiens diminue année après année en Serie A, au grand dam des sélectionneurs de la Nazionale, Sassuolo fonctionne à rebours de la tendance et mise sur des joueurs formés au pays.
Samedi lors de la défaite face à la Juventus, 13 des 14 joueurs ayant participé au match étaient Italiens. Le dernier, le Ghanéen Alfred Duncan, est arrivé en Italie à 17 ans.
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Nicola Sansone, attaquant de Sassuolo, face au défenseur de l'AC Milan Luca Antonelli, le 6 mars 2016 à Reggio d'Emilie
Proche du club turinois, Sassuolo sert aussi de sas à certains grands espoirs avant de rejoindre le club bianconero. Cela a été le cas pour Simone Zaza, et cela pourrait l'être pour deux très grandes promesses du calcio, le milieu Stefano Sensi et l'attaquant Domenico Berardi.
En attendant, Sassuolo découvre l'ambition. "Le prochain objectif, c'est la Champions League", a ainsi déclaré le président Squinzi. "Il y a deux moyens d'y arriver, la troisième place ou gagner l'Europa League." Les gros sont prévenus.