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© AFP/PHILIPPE DESMAZES
Des supporteurs de Besiktas devant le Parc OL avant le match contre Lyon, le 13 avril 2017 à Décines-Charpieu près de Lyon
Lyon et Istanbul se sont rejetés vendredi la responsabilité des violents incidents qui ont perturbé, jeudi soir, leur quart de finale aller d'Europa League, augurant d'un match retour bouillant le 20 avril en Turquie.
"En tant qu'organisateur de la rencontre, nous sommes responsables, sauf qu'il est manifeste que nous avons été victimes d'agression de supporters turcs", a assuré devant la presse Vincent Ponsot, directeur juridique de l'OL, se disant confiant dans l'issue de l'enquête ouverte par l'UEFA.
En témoigne, selon lui, la vidéo. "Nous avons assisté aux événements en direct avec l'officier de sécurité de l'UEFA qui a vu d'où venaient les incidents. A partir du moment où il y a eu identification, les règlements sont très clairs", a-t-il souligné.
Annie Saladin, responsable de la sécurité du club rhodanien, a précisé qu'une cinquantaine d'ultras turcs du groupe Carsi était à l'origine des incidents ayant provoqué l'envahissement de la pelouse. "Ils ont forcé le contrôle et au vu du profil de ces supporters, nous n'avons pas réussi à les contenir", a-t-elle admis.
Mais pour Besiktas, "tout ce qui s'est passé relève de la responsabilité de Lyon" car "la priorité du club qui reçoit doit être de faire en sorte que la rencontre se déroule dans des conditions de sécurité".
"Si quelqu'un doit être sanctionné, ce n'est pas Besiktas, mais Lyon. Nous, nous n'avons rien fait", a affirmé le porte-parole du directoire du club stambouliote, Metin Albayrak, à l'agence de presse pro-gouvernementale Anadolu.
"Ils ont attaqué avec des barres de fer, sans faire de distinction (entre adultes et) enfants", a-t-il affirmé au sujet des bagarres avant le match, estimant qu'il "s'en est fallu de peu pour qu'un lynchage se produise en plein c?ur de l'Europe".
- 'Jouer le retour' -
Se pose désormais la question des conditions du match retour.
"Je ne sais pas ce qu'il faut faire, jouer à huis clos ou ailleurs", a confié le patron de l'OL, Jean-Michel Aulas. "Mais ce serait très dangereux pour nous d'affronter cet adversaire avec les mêmes supporters".
Dès la semaine dernière, le club avait déconseillé à ses supporters de se rendre en Turquie et le scénario de jeudi soir fait craindre un match retour encore plus tendu.
"Ce serait vraiment injuste, alors que nos supporters sont interdits de déplacement à Istanbul, de renouveler cette expérience", a ajouté Aulas pour qui la rencontre de jeudi a été "à deux doigts" d'être annulée, l'envahissement du terrain par des supporters décalant le coup d'envoi de 45 minutes.
- 'Blockhaus' -
"C'est dans l'organisation qu'il y a eu un certain nombre de problèmes, probablement dans le kop visiteurs, où nous avons retrouvé ces gens dangereux", estime le président de l'OL. Mais "soit on fait des stades qui permettent de faire du football de famille, soit on construit des blockhaus avec des barbelés".
Cette gestion problématique pourrait valoir au club français de lourdes sanctions de la part de l'UEFA: forte amende, match à huis clos ou délocalisation d'un prochain rendez-vous européen à domicile. Sollicitée vendredi par l'AFP, l'instance européenne du football n'a pas donné suite.
Au final, douze supporters lyonnais et turcs ont été interpellés et sept personnes blessées, selon les autorités. D'après l'OL, un stadier a été brûlé aux jambes par le fumigène d'un supporter turc et un autre a eu le nez cassé.
Un important dispositif de sécurité encadrait pourtant la rencontre, classée au plus haut niveau de risque (4 sur 4) en raison d'une forte affluence de supporters turcs. Entre 15.000 et 20.000, pour la plupart venus de France ou de pays voisins, étaient disséminés au milieu des 35.000 spectateurs lyonnais, en plus des 3.000 Stambouliotes du parcage visiteurs: une configuration propice aux débordements.
"Le risque zéro n'existe pas. 500 ou 1.000 stadiers supplémentaires n'auraient rien changé (...) Celui qui veut entrer avec un fumigène ou un pétard y parviendra... Les stadiers ont fait leur travail de palpation" mais celle-ci a ses limites en France et "les supporters le savent", a conclu Mme Saladin.