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Le beau parcours de l'équipe de France au Mondial-2014 devait constituer un tremplin idéal pour "son" Euro mais il a suffi d'un début d'année catastrophique (3 défaites en 4 matches) pour voir le doute se réinstaller à douze mois de l'échéance.
L'esprit du Brésil s'est envolé
L'heure est grave et nécessite une réelle remise en question. C'est en substance le message qu'ont voulu passer les tauliers après l'humiliante défaite en Albanie (1-0) samedi, six jours à peine après une claque reçue à domicile contre la Belgique (4-3). Pas de détermination ni d'agressivité, une incapacité à se sublimer: tout ce qui avait fait la force des Bleus au Brésil et durant toute l'année 2014 a soudainement disparu.
Patrice Evra , le plus ancien des internationaux (34 ans, 66 sélections), s'est donc permis de tirer la sonnette d'alarme avec des mots durs.
"A la Coupe du monde, on a montré un beau visage aux Français, l'envie et le respect du maillot, et on l'a perdu depuis quelques matches, a tonné le défenseur de la Juventus Turin. Il ne faut pas se cacher mais accepter les critiques, elles sont méritées. Il faut la fermer et bosser. Il y a eu du confort mais il va falloir remettre les choses en place."
"On ne peut pas défendre l'indéfendable", a expliqué son côté le capitaine Hugo Lloris , d'habitude très mesuré. Mathieu Valbuena n'a pas dit autre chose en fustigeant le mauvais "état d'esprit" affiché, loin de la fameuse formule "le groupe vit bien", si éculée. "C'est pour ça que c'est inquiétant, a-t-il ajouté. La France a changé de statut depuis la Coupe du monde et elle est attendue. Si on n'a pas le bon état d'esprit, conquérant, on devient une équipe banale."
Les nouveaux talents se font attendre
Le constat est alarmant: aucun joueur n'a émergé depuis la Coupe du monde. Quand Karim Benzema ou Paul Pogba viennent à manquer, l'équipe de France ne dispose plus de leaders techniques capables de la porter vers le haut et se transforme en une formation ordinaire.
On attendait beaucoup l'envol d' Antoine Griezmann , 3e meilleur buteur de la Liga derrière les deux monstres Cristiano Ronaldo et Lionel Messi , et de Raphaël Varane. Mais le premier, trop vite bombardé successeur de Franck Ribéry, n'est décidément pas à l'aise dans un costume de titulaire et préfère celui, beaucoup plus confortable, de joker.
Le défenseur du Real Madrid n'a lui toujours pas tiré les leçons de son erreur de marquage fatale sur l'Allemand Matt Hummels en quart de finale du Mondial (1-0) et peine à muscler son jeu malgré des qualités évidentes à seulement 22 ans. Deschamps, qui l'a aligné à tous les matches cette saison, continue de lui faire confiance, persuadé, comme nombre d'illustres techniciens étrangers (Ancelotti, Mourinho), d'avoir trouvé en lui une future référence mondiale. Mais le temps presse.
Le diagnostic est encore plus cruel pour Olivier Giroud , incapable de contester la domination de Benzema au poste d'avant-centre.
Pour les Lyonnais Alexandre Lacazette (meilleur buteur de Ligue 1) et Nabil Fekir, encensés sur la scène nationale, le plus haut niveau international est une planète inconnue.
Quant aux latéraux, la situation est plus problématique qu'en 2014, Mathieu Debuchy (droite) et Evra (gauche) n'ayant aucun concurrent sérieux capable de venir les titiller.
Deschamps face à ses choix
La mauvaise passe des Bleus place le sélectionneur en première ligne et dans une position très inconfortable. "Je suis le premier responsable", a-t-il admis samedi, la mine préoccupée.
Si Deschamps n'a pas voulu menacer ses joueurs samedi, Evra s'en est chargé pour lui, s'improvisant comme son porte-parole.
"Deschamps est quelqu'un de patient mais quand il prend des décisions, ce sont de vraies décisions et il ne faudra pas venir pleurer après", a-t-il averti.
Des têtes tomberont-elles? Même si le réservoir français n'est pas extensible à l'infini, c'est la tendance du moment. Le sélectionneur, pour l'instant à court d'arguments dans le choix des hommes et sur le plan tactique, doit en tout cas retrouver cette alchimie qui a fait la force des Bleus l'année dernière.
La rentrée, avec deux rendez-vous corsés au Portugal (4 septembre) et face à la Serbie (7 septembre), s'annonce chaude.