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Il a pourtant mis tous les ingrédients: Paul Pogba , critiqué après son entrée ratée dans l'Euro-2016, a enfin montré un meilleur visage contre la Suisse dimanche à Lille, où il ne lui aura manqué qu'un but pour permettre à l'équipe de France de s'imposer (0-0).
Le chemin vers la rédemption est bien entamé. Enfin, Pogba fait parler de lui avec ses pieds plutôt qu'avec ce supposé bras d'honneur fait contre l'Albanie (2-0) mercredi et qui était venu assombrir un peu plus son tournoi entamé très laborieusement face à la Roumanie (2-1).
Combativité, talent, culot, la "pioche" a fait un match plein comme on l'avait plus vu en faire en bleu depuis un petit moment. Ses 20 premières minutes en particulier ont été de très haut niveau et il aurait pu mettre K.O. les Suisses à lui tout seul, comme sur ce tir croisé dans la surface qui a obligé Yann Sommer à une parade (13e).
Surtout, par deux fois la transversale a empêché le Juventino d'être récompensé de ses louables efforts. Il y a d'abord eu ce tir enveloppé du droit après un crochet sur Fabian Schar que le gardien a eu toutes les peines de repousser sur sa barre (12e). Il y a ensuite eu ce déboulé ponctué d'un missile du gauche qui a mystifié le gardien, sauvé par le haut de son montant (18e).
Il a manqué à Pogba ce brin de réussite qui aurait pu rendre sa soirée parfaite, comme il en a manqué à Dimitri Payet pour rendre la sienne extatique sur cette sublime volée du plat du pied repoussée par cette fichue barre transversale, encore elle (76e). Mais le milieu de terrain de 23 ans, pour son retour dans l'équipe-type après son exil sur le banc des remplaçants pendant 45 minutes face aux Albanais, a enfin répondu aux attentes.
- Délesté de la pression -
Et nul doute qu'il a pu de la sorte se délester d'un peu de l'énorme pression qu'il s'est mise lui-même avant cet Euro, clamant haut et fort dans le magazine So Foot qu'il ambitionnait de "révolutionner le poste de milieu de terrain" et "devenir une légende". Rien de moins. Alors que la France du foot ne lui en demande pas tant...
Replacé par Didier Deschamps à gauche du 4-3-3, sa position préférentielle à la Juventus, Pogba ne s'est pas illustré que par son envie de marquer. Ses efforts défensifs au côté d'un Yohan Cabaye , rayonnant au poste de sentinelle, ont été utiles et remarqués, à l'image de ce duel fini en saute-mouton sur le dos de Breel Embolo (37e) en guise de pressing dissuasif.
Sa seconde période fut plus en dedans, conséquence de l'ajustement opéré à la pause par Vladimir Petkovic, le sélectionneur suisse qui a demandé à ses joueurs de presser à plusieurs ses prises de balles.
La crainte était que Pogba n'abuse de gri-gri pour s'en défaire. Cela a failli coûter cher à la 48e minute, avec une perte de balle et un contre suisse annihilé par Cabaye. Cela a failli payer lorsqu'il remporta un duel contre trois adversaires pour lancer Antoine Griezmann , qui, relayé par André-Pierre Gignac, a manqué de peu de tromper le gardien (57e).
Néanmoins, soucieux de se rendre utile, Pogba a su rester juste et sobre par la suite, ayant certainement compris que le talent peut aussi s'exprimer par la simplicité.
Pour ce qui est de réussir l'exploit, cela peut attendre. Si les Bleus vont au bout, il reste quatre matches à Pogba pour le réussir, maintenant qu'il est vraiment rentré dans la compétition.