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Fédération et joueurs d'un côté, Ligue et gouvernement de l'autre: le football espagnol est engagé dans une guerre des tranchées qui menace la fin de la saison, déclenchée par un nouveau système de répartition des droits télévisés.
Iker Casillas , Sergio Ramos , Andrés Iniesta ou Xavi Hernandez: soutenus par les grands noms du football espagnol dans une mise en scène choc, avec une cinquantaine de joueurs présents, les représentants de l'Association des footballeurs espagnols (AFE) ont appelé jeudi à la grève à partir du 16 mai.
Tombant à deux semaines de la fin de la saison, cette annonce menace les deux dernières journées du Championnat d'Espagne, programmées les 17 et 23 mai. La finale de la Coupe du Roi entre le FC Barcelone et l'Athletic Bilbao, le 30 mai au Camp Nou, est également concernée.
Une perspective inquiétante pour le gouvernement du conservateur Mariano Rajoy, à deux semaines d'élections municipales et régionales dans un pays où le football est roi.
S'il soutient la nouvelle formule de vente centralisée des droits adoptée par décret par le gouvernement, le syndicat des joueurs (AFE) critique la nouvelle répartition prévue des fonds, avec 90% devant revenir à la première division contre 10% pour la deuxième.
"Nous demandons qu'il y ait moins de différences dans la répartition entre première et deuxième divisions", a déclaré le président de l'AFE, Luis Rubiales, citant en exemple les championnats français et allemand où la négociation centralisée des droits est déjà en place.
- Suspension des matches -
L'appel à la grève du syndicat est "illégal", a réagi la Ligue de football professionnel (LFP), disant vouloir porter plainte en justice dès vendredi.
La Fédération nationale de football (RFEF) avait devancé le syndicat des joueurs en annonçant dès mercredi soir la suspension de toutes les compétitions à partir du 16 mai.
Le nouveau décret adopté par le gouvernement le 30 avril permet à la LFP de négocier en bloc avec les chaînes de télévision puis de répartir ensuite les fonds entre les clubs, qui négociaient jusque-là individuellement.
L'ancien système assurait la part du lion au géant de la Liga, Real Madrid et FC Barcelone, qui pouvaient imposer le prix fort.
Le nouveau système prévoit pour les clubs de première division une répartition pour moitié égalitaire et tenant compte pour les 50% restants des résultats des équipes et de leurs revenus propres, notamment. Par ailleurs, 1% de ces droits reviendra désormais au Conseil supérieur des sports (CSD) pour financer des activités sportives.
Avec le nouveau système, la Fédération perd donc le contrôle d'une partie des fonds générés par les droits... et d'une partie de son pouvoir, selon les médias.
Sa décision de suspendre les matches a déclenché l'ire du CSD et de la LFP, qui a annoncé jeudi un recours devant cette instance dépendant du gouvernement.
Le président de la LFP, Javier Tebas, a dénoncé "le chantage de la Fédération".
"Angel Maria Villar est un irresponsable" qui s'est montré "mauvais gestionnaire et mauvais président" et "utilise le football comme son pré carré", a-t-il asséné au sujet du patron de la RFEF, en poste depuis 27 ans, et vice-président de la FIFA.
- 'Excuses'-
La RFEF cherche des "excuses pour justifier un affrontement continu" afin de "ne pas rendre l'argent public non justifié et de ne pas se soumettre aux audits prévus par la loi", a critiqué pour sa part le CSD.
Les conséquences économiques de ce violent conflit pourraient être "terribles" si les matches étaient annulés, selon M. Tebas.
Le nouveau système est présenté comme plus juste et plus rentable par le ministre de la Culture et des Sports, José Ignacio Wert. Il a notamment mentionné la Premier League anglaise, où la négociation centralisée des droits a généré 1,8 milliard d'euros en 2013-2014, alors que son équivalent espagnol n'a rapporté qu'environ 800 millions.
Pariant sur la "bonne volonté" du gouvernement, Luis Rubiales de l'AFE a laissé jeudi entrevoir la possibilité de lever l'appel à la grève si syndicat et gouvernement parviennent à un "accord" pour modifier le décret avant le 16 mai.