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Si l'équipe de France s'est rassurée contre le Portugal (1-0) et la Serbie (2-1), la stagnation de Paul Pogba , pourtant promis à devenir un des patrons des Bleus, interpelle à neuf mois de l'Euro-2016.
Avant ces deux matches amicaux de rentrée, beaucoup a été dit et écrit sur "Le Poulpe" et son aura d'astre en puissance du groupe façonné par Didier Deschamps .
Le sélectionneur, mû par la nécessité de verrouiller le milieu de terrain dans un match à ne surtout pas perdre face aux Portugais et par l'opportunité - vite avortée - d'associer Nabil Fekir à Karim Benzema dans une attaque à deux, a tenté de donner les clés du jeu à son jeune prodige (22 ans).
Mais dans une position axiale plus avancée, ressemblant peu ou prou à celle qu'il occupe actuellement à la Juventus, sans plus d'effet d'ailleurs, "La Pioche" n'a pas donné satisfaction, jouant trop bas en première période, semblant parfois même perdu en seconde.
Interrogé sur la performance de Pogba, Deschamps s'est retranché sur la nécessité de parfaire ce nouveau système. "Paul est un joueur qui est plus dans la créativité mais il y a un équilibre à trouver et ça demande répétition. Il faut trouver une complémentarité de déplacements entre les milieux", a-t-il argué.
- Frustration palpable -
En attendant, le second rendez-vous face aux Serbes a vu l'équipe de France renouer avec la valeur sûre de son 4-3-3 et Pogba retrouver son rôle de relayeur sur le côté droit.
Pour une prestation d'autant plus décevante si l'on considère les repères qu'il possède à ce poste, en désormais 25 sélections (5 buts). Hormis quelques fulgurances techniques, qui ont logiquement suscité l'admiration du public, il a fait trop de mauvais choix, s'est souvent compliqué la vie en solitaire, et a au final trop peu pesé sur le jeu.
La frustration a vite été palpable sur son visage et dans son attitude, tel un gamin surdoué qui ne supporte pas que la mécanique s'enraye. Et l'envie a fini par s'estomper.
Là encore, Deschamps, légitimement soucieux de ne pas mettre son joueur en porte-à-faux, l'a défendu en ne ressortant que du positif de sa performance bordelaise. "Il avait une mission défensive, s'occuper de (Nemanja) Matic. Il l'a très bien fait. Il a retrouvé des repères, à l'image de l'équipe. C'est bien pour lui. Il sortait d'un match plus compliqué, on attend beaucoup de lui et il a été d'un bien meilleur niveau."
Soit. Mais on peut aussi considérer que dans ce match comme dans l'autre, dans une configuration comme dans l'autre, il a déçu.
- Dans le dur -
Ce manque de rendement actuel tient plus à une implication inconstante qu'à divers chamboulements d'ordre tactique. Lesquels ne peuvent expliquer à eux seuls que ce joueur indéniablement talentueux n'ai pas dominé son sujet. A fortiori avec un entre-jeu adverse, portugais ou serbe, qui n'est pas des plus relevés.
Celui qui porte désormais le numéro 10 à la Juve, où on l'invite aussi à prendre plus de responsabilités depuis les départs d' Andrea Pirlo et d'Arturo Vidal, peine aussi à retrouver son niveau d'avant-blessure. Une vilaine déchirure à la cuisse droite survenue en mars, qui avait plombé sa fin de saison passée, même s'il a pu disputer la finale de Ligue des champions, perdue face à Barcelone (3-1).
Pogba retrouve son physique, mais il est dans le dur en ce début de saison. Et, s'il est prématuré de tirer la sonnette d'alarme, celui qui fut désigné le "meilleur jeune du Mondial-2014" va tout de même devoir se faire violence.
Ses qualités "hors normes", dans la bouche de Deschamps, en font naturellement "un leader de jeu", comme il l'a justement rappelé la semaine passée. Mais Pogba doit d'abord devenir un joueur majeur avant d'être le joueur majuscule.