Happy Birthday : |
© AFP/Franck Fife
Patrice Evra
lors du match France-Finlande des qualifications au Mondial-2014, le 15 octobre 2013 à Paris
Patrice Evra , latéral gauche de l'équipe de France, a violemment réglé ses comptes dimanche avec quatre journalistes et consultants, convoquant les fantômes de Knysna que les bons résultats récents des Bleus ne suffisent donc pas à chasser.
Dans une interview diffusée dimanche sur Téléfoot, Evra s'en est pris nommément à Luis Fernandez , Bixente Lizarazu , Rolland Courbis et Pierre Ménès, qualifiés de "clochards" et de "parasites", et à qui il reproche de faire de lui le "mal-aimé" des Bleus depuis le désastre du Mondial-2010 en Afrique du Sud.
En début de soirée, la fédération française de football (FFF) a annoncé dans un communiqué qu'Evra, qui avait été sanctionné de cinq matches de suspension en Bleu après les évènements du Mondial-2010, était convoqué par le président de la "3F" Noël Le Graët, et par le sélectionneur Didier Deschamps pour "s'expliquer" sur ces déclarations.
Interrogé en soirée sur le plateau de l'émission Canal Football Club (Canal +), Deschamps a dit "regretter" les propos de son joueur et a parlé de "dérapage", estimant néanmoins qu'il s'agissait d'un "problème de personnes".
"Avec le président, on recevra Patrice Evra pour lui demander des explications, ce qui me paraît logique. Tout au plus il aurait pu le penser, mais le dire ce n'est pas une bonne chose", a déclaré Deschamps.
© AFP/Franck Fife
Patrice Evra
(d) et le sélectionneur de l'équipe de France Raymond Domenech
, le 20 juin 2010 avant la grève de l'entraînement des joueurs à Knysna au Mondial en Afrique du Sud
"Aujourd'hui, la problématique c'est qu'il y a une multitude de médias qui fait que ce n'est pas facile. Je ne lui donne pas raison, mais c'est dur", a encore dit le sélectionneur, qui a semblé se mettre dans une posture de protection de son joueur.
Michel Fernandel et Rolland Tournevis
"Ce sont des êtres humains avec aussi parfois leurs points faibles", a ajouté Deschamps, répétant pour conclure qu'il s'agissait d'un "problème de personnes entre Evra et quatre consultants."
Dans sa très virulente intervention, Evra, s'en prend donc à "Michel Fernandel" ( Luis Fernandez , ndlr), "Rolland Tournevis" ( Rolland Courbis , ndlr), Bixente Lizarazu et Pierre Ménès.
Une image brouillée
Ces quatre consultants sont accusés en vrac de n'avoir rien fait d'autre que "sucer des Chupa Chups et danser la Macarena", de ne faire "que parler", d'avoir refusé de lui serrer la main lors de sa première sélection ou de ne pas savoir faire "huit jongles".
Avec un certain sens de la formule, Evra leur en veut surtout de remettre en cause son niveau ("Tous ceux-là, si tu mets Rama Yade arrière gauche, ils vont dire qu'elle est meilleure qu'Evra") et de véhiculer l'idée qu'il serait le symbole de Knysna et de sa fameuse grève du bus.
"C'est du grand n'importe quoi. Ces personnes-là vont trop loin. Personne ne m'a jamais dit +qu'est-ce que vous avez fait à Knysna ?+ Personne", assure-t-il.
© AFP/Francois Guillot
Bixente Lizarazu
le 6 septembre 2011 à Paris dans les locaux de la radio RTL
"Les gens ont une bonne image de moi, c'est pas ces clochards qui vont salir mon image. Qu'ils arrêtent de mentir aux Français", poursuit-il, évoquant des "parasites".
Une image brouillée
Sans grande surprise, les quatre mis en cause ont réagi rapidement. Lizarazu a jugé les propos d'Evra "incompréhensibles et consternants". Courbis a lui expliqué qu'il n'était "plus surpris sur ce qu'il s'est passé à Knysna".
Pierre Ménès a réagi sur Twitter. "Quand on est l'homme qui a eu l'idée de la grève à Knysna, on rase les murs et on remercie le ciel d'être encore en sélection", écrit-il entre autres. Fernandez, particulièrement vexé, a rappelé pour sa part son "passé avec l'équipe de France: 3e en Coupe du monde en 1986, vainqueur de l'Euro en 1984".
La sortie d'Evra confirme en tous cas que les rapports entre certains joueurs et la presse ne sont pas apaisés, après l'épisode Nasri qui, à l'Euro-2012, avait ciblé L'Equipe avant d'avoir une dispute en zone mixte avec un journaliste de l'AFP.
En s'en prenant à des commentateurs très populaires, l'international français prend également le risque de brouiller un peu plus son image alors que ses performances en Bleu -plus irrégulières que réellement mauvaises- n'en font pas un titulaire indiscutable.
Mais il revendique du même coup une forme d'indépendance et donc de leadership, comme lors de son intervention à la mi-temps du match remporté par les Bleus au Bélarus (4-2) en septembre, alors qu'il n'était que remplaçant.
Discours mobilisateur, déjà abondamment commenté. A la lumière, encore et toujours, de l'héritage de Knysna.