Happy Birthday : |
© AFP/GERARD JULIEN
Un contrat global d'un montant annuel de 1,6 milliard d'euros, soit le double du précédent, a été conclu par la Liga pour les retransmissions télévisées
Suprématie sportive oui, fatalité économique, non. Les clubs espagnols, archi-dominants sur les terrains européens mais devancés par la Premier League anglaise dans la bataille des droits TV, ont entamé leur révolution télévisuelle pour renverser l'équilibre.
Le pas a été franchi avec la conclusion d'un accord global -et non plus club par club- de trois ans, explique Adolfo Bara, directeur général de La Liga, chargé des ventes et du marketing.
Un contrat d'un montant annuel de 1,6 milliard d'euros, soit le double du précédent. Mais un contrat également encore très loin encore des 8,3 milliards de livres (9,6 millions d'euros) pour trois ans du rival anglais.
"Le plus important est de reprendre le contrôle sur les droits télé", insistait l'Espagnol en marge de Soccerex, le sommet dédié fin septembre au business du football à Manchester. "Ainsi nous pouvons imposer des diffusions en direct, en différé, nos programmes et des horaires appropriés aux marchés asiatique et américain. C'était la priorité N.1".
Une stratégie que valide Timothy Bridge, du cabinet Deloitte: "La Liga est clairement à la traîne derrière la Premier League en terme de compétitivité sur le terrain, mais ce contrat télé devrait rendre le championnat plus imprévisible qu'il ne l'a été".
Notamment car les géants madrilène et barcelonais ne toucheront "plus que" trois fois plus que leurs adversaires moins prestigieux, contre huit fois plus par le passé.
"Javier Tebas (le président de la Liga, ndlr) a fait un travail assez remarquable en retournant une situation assez délicate au bénéfice de tout le monde, juge Bridge. Les droits TV vont sans aucun doute croître dans le futur, on le verra pour la première fois à leur renégociation d'ici environ 18 mois".
- Une marque à créer, des supporters à déplacer-
Ce nouvel accord va également permettre à la Liga d'imposer des règles aux clubs pour offrir un produit plus télégénique, ajoute M. Bara. Jusqu'à les contraindre à donner un coup de peinture dans leurs stades, se doter de fauteuils à leurs couleurs ou s'assurer que leur pelouse est bien verte -plutôt que jaunâtre- après l'été.
Là encore, le modèle vanté est celui de la Premier League anglaise, qui "réalise une production incroyable". "Tous les matches, quoi qu'il arrive, se ressemblent. Et ils ont toujours l'air fantastique", note M. Bara.
"Cet été, nous avons imposé une charte audiovisuelle à tous les clubs, concernant la puissance de l'éclairage, la hauteur et la couleur de l'herbe, la taille des panneaux de sponsoring, pour s'assurer que les spectateurs sont bien dans l'angle des caméras", détaille-t-il.
"Pour nous, il est très important que, quand quelqu'un regarde un match de foot, il sache tout de suite que c'est la Liga, peu importe quelle équipe joue, martèle l'ancien directeur marketing de la Real Sociedad et de l'Espanyol, en poste depuis trois ans. "Ca va prendre encore une année mais nous y arriverons", prophétise-t-il.
La Liga doit tout de même encore dépasser un obstacle de taille, tempère Bridge: "La grande réussite de la Premier League, c'est de faire voyager 3000 fans de Southampton à Sunderland, d'un bout à l'autre du pays. Ca ne fait pas partie de la culture espagnole et il va falloir changer ça".
"Ca participe de l'ambiance à la télévision, un soutien passionné à l'extérieur est ce à quoi les gens s'associent", analyse-t-il.
Pour que l'herbe soit plus verte en Espagne qu'en Angleterre, il faudra faire plus que soigner les pelouses.