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Canal+ et la chaîne qatarie BeIN Sports se battront bien dès la semaine prochaine pour les droits de diffusion de la Ligue 1 de football pour 2016-2020, un enjeu crucial pour les deux chaînes.
Le Tribunal de grande instance de Paris a refusé vendredi la demande de Canal+ de suspendre l'appel d'offres, et reconnu la pleine liberté de la Ligue de football professionnel (LFP) de lancer cette procédure un an plus tôt que prévu, au nom de la liberté du commerce et de la concurrence.
"Nous étions sûrs de notre bon droit ! Le processus de l'appel d'offres va pouvoir se dérouler comme prévu, dans des conditions de concurrence loyales et transparentes pour l'ensemble des candidats. Que le meilleur gagne", s'est immédiatement réjouit le président de la Ligue, Frédéric Thiriez.
C'est un nouveau revers pour Canal+ qui, cet automne, avait déjà demandé en vain au ministère des Sports d'interdire à BeIN de concourir pour ces droits, au motif que le Qatar détient aussi le PSG. Le ministère a refusé, d'autant que Canal+ avait lui aussi été propriétaire du PSG alors qu'il détenait les droits de la L1.
Canal+ a aussi lancé une procédure devant le Tribunal de commerce de Nanterre : elle réclame à BeIN près de 300 millions d'euros pour concurrence déloyale. Selon la chaîne cryptée, l'abonnement de BeIN à 11 euros est "prédateur" car la chaîne qatarie serait structurellement déficitaire et ne survivrait que grâce à l'Etat du Qatar.
En attendant, Canal+ et BeIN remettront vendredi prochain leur offre qualitative pour les différents lots des droits de L1 et L2. La Ligue espère que ces enchères feront augmenter les droits qui, pour la période 2012-2016, étaient de 607 millions d'euros par an -moins qu'en Allemagne ou en Grande-Bretagne. La Ligue reverse environ 90% des droits aux clubs professionnels de foot et le reste au ministère des Sports pour financer le sport amateur.
Pour Frédéric Thiriez, le moment est idéal pour une surenchère : "Le marché est très porteur actuellement. Jamais la L1 n'a eu autant de succès. Les affluences sont à la hausse de 9%, cette saison, et les audiences télévisuelles sont excellentes", a-t-il déclaré au Figaro.
- 'Arrêtons la paranoïa!'-
La Ligue a de fait plutôt intérêt à un partage entre les deux diffuseurs. "Arrêtons la paranoïa, personne ne veut la mort de Canal+. Ce serait d'ailleurs un coup dur pour la LFP de perdre un partenaire historique d'une telle qualité", a admis M. Thiriez.
Depuis 1985, Canal+ a bâti en partie son modèle sur la diffusion des matches de Ligue 1, notamment le match phare du dimanche soir. La chaîne détient pour l'instant jusqu'en 2016 les droits exclusifs des deux meilleurs matches des 38 journées du championnat, acquis pour 420 millions d'euros par an. BeIN a, elle, acquis les 3e et 4e matches.
Cette fois, la filiale d'Al-Jazira, qui a raflé plusieurs compétitions majeures ces derniers mois (Coupe du monde de foot 2014, Mondial de handball 2015 et 2017) veut davantage et s'appuie sur les énormes moyens de l'Emirat. Ce qui lui permettrait de dépasser les deux millions d'abonnés, contre 1,7 actuellement.
Conséquence, les enchères pourraient faire grimper les droits de 25%, analyse Jérôme Bodin, de la banque Natixis, soit 760 millions par an.
Mais même au prix fort, Canal+ ne peut se permettre de perdre la L1 : le risque serait trop grand de voir partir ses abonnés chez BeIN et ses abonnements low-cost, estime la banque. Selon Natixis, 2 à 3 millions des abonnés de Canal+, sur 6 millions, sont venus pour la L1.
Tous ne partiraient pas mais "l'impact serait très conséquent", conclut la banque, pour qui BeIN pourrait même chercher à rafler tous les matches.