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© AFP/Michael Buholzer
La Fifa enregistre sur l'année 2016 des pertes record de 369 millions de dollars (environ 347 millions d'euros)
Une perte record de 369 millions de dollars (347 M EUR), des réserves qui fondent d'un tiers: la Fifa a publié vendredi de mauvais chiffres pour 2016 et a blâmé "les investissements inconsidérés" datant du règne de Joseph Blatter, contraint au départ après le vaste scandale de corruption qui a déstabilisé l'instance.
Dirigée par l'Italo-Suisse Gianni Infantino depuis février 2016, l'instance suprême du foot mondial a présenté cet exercice comme "une année charnière (...) pour redorer son blason".
Le déficit qui se creuse, elle l'explique par la hausse des charges liées aux "enquêtes judiciaires en cours et à l'amortissement des frais relatifs à certains investissements inconsidérés" (dans un Musée du Football mondial et dans l'hôtel Ascot, à Zurich, ville où elle a son siège).
Il faut y ajouter le triplement des aides aux fédérations nationales, promesse électorale d'Infantino.
Du coup, la Fifa a été obligée de puiser dans ses réserves, qui sont passées de 1,4 milliard de dollars en 2015 à un peu plus d'un milliard de dollars en 2016. En 2017, les pertes devraient même être plus importantes avec un résultat net estimé à -489 millions de dollars.
Autre promesse d'Infantino, celle de rendre public son salaire: celui-ci a atteint 1,5 million de dollars contre 837.400 à sa secrétaire générale Fatma Samoura.
Magré tout, la Fifa se veut rassurante. Elle souligne que ses pertes sont liées à une nouvelle norme comptable qui lui permet de mieux identifier ses sources de revenus. Elle assure aussi que "le résultat net devrait être positif à la fin du cycle quadriennal" en 2018, et "s'élever à environ 100 millions de dollars".
- Lucratif Mondial -
Car, comme d'habitude à la fin d'un cycle de quatre ans, c'est de la Coupe du monde que l'instance attend ses principaux revenus et elle aura lieu justement en 2018 en Russie. "En termes de flux de trésorerie, nous sommes très à l'aise", insiste d'ailleurs une source proche de la Fifa.
Une analyse qu'appuie Didier Primault, économiste au Centre de droit et d'économie du sport (CDES) de Limoges, interrogé par l'AFP: "La Fifa garde un modèle économique très solide".
"Il y a des pics et des creux classiques pour ce genre de fédération puisque les revenus sont très largement voire exclusivement liés à la Coupe du Monde", poursuit-il, en soulignant que l'augmentation du nombre d'équipes au Mondial de 32 à 48 à partir de 2026 "va conduire à une hausse des revenus en billetterie et en droits télés".
L'organisation est secouée par un vaste scandale de corruption depuis mai 2015 et l'arrestation de plusieurs responsables, soupçonnés d'avoir touché des millions de dollars de pots de vin dans le cadre de contrats de marketing et de l'attribution des Coupes du Monde.
Pour 2016, l'instance évalue le coût des enquêtes en cours à 50 millions de dollars, et prévoit 22 millions de dollars de dépenses supplémentaires pour les années 2017 et 2018.
Au total, 40 personnes sont dans le viseur de la justice américaine. La plupart sont des dirigeants de la Fifa, de la Confédération du football d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf), ou des responsables de sociétés de marketing sportif.
- Le musée et l'hôtel -
L'ex-président emblématique Sepp Blatter a lui aussi été contraint à la démission dans un dossier distinct, le paiement suspect de 2 millions de francs suisses (1,8 M EUR) à Michel Platini , qui a également valu une suspension de 4 ans au Français, ancien président de l'UEFA et un temps successeur présumé de Blatter.
Ce dernier et son administration n'ont pas été ménagés dans le rapport publié vendredi, en raison d'investissements jugés hasardeux.
D'abord, le musée du football, inauguré en février 2016 par Infantino, mais commandé par Blatter.
Installé à Zurich, ce musée est déjà dans une passe difficile avec la suppression d'ici au mois de juin de près de la moitié de ses effectifs, 51 postes à temps complet sur 106.
Depuis son ouverture, cette structure de trois étages et 3.000 m² n'a accueilli que 11.000 visiteurs par mois, loin de l'objectif fixé des 250.000 visiteurs par an malgré les 140 millions de francs suisses (130,5 M EUR) qui y ont été investis.
Selon plusieurs sources, la Fifa envisagerait de fermer la structure.
L'autre "investissement inconsidéré" est l'acquisition de l'hôtel Ascot, "un immeuble de placement" acheté en 2014 et censé permettre à la Fifa de réduire ses coûts en location de chambres à Zurich.