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"Ça va attirer pas mal de faisans, il faudra faire attention", juge l'ancien président de Marseille, Jean-Claude Dassier, après l'annonce de la mise en vente de l'OM, qui montre selon lui "qu'il y avait panique à bord", dans un entretien accordé jeudi à l'AFP.
Q: L'annonce de la vente de l'OM vous a-t-elle surpris?
R: "Ça a quand même été une petite surprise, mais je pense que c'est une bonne décision. L'histoire de l'OM est faite de trop de ces rebondissements un peu chaotiques, mais en même temps il fallait faire quelque chose pour faire retomber la pression. Ce qui s'est passé dimanche soir c'est pas acceptable, il y a des supporteurs qui se sont comportés de manière inacceptable. Je sais qu'ils sont chauds, mais avec moi ils n'ont jamais été violents et ça n'a jamais été des supporteurs violents, contrairement à ceux de Paris à une certaine époque. La situation était devenue bloquée, plus personne ne se parlait, il fallait prendre une initiative. Malgré tout, la vente parait un peu précipitée à 5 journées de la fin du championnat. D'accord, le championnat est foutu mais il y a encore en jeu une qualification pour la finale de la Coupe de France. J'espère que l'équipe ne va pas se +débander+, partir dans tous les sens et penser à demain. Quelle histoire... C'est Marseille."
Q: Comment interprétez-vous cette annonce?
R: "Ça veut dire qu'il y avait panique à bord. Depuis longtemps, le staff qui entoure Margarita n'a jamais été très favorable à ce que l'expérience Robert (son défunt mari, ndlr) se poursuive. Si elle a gardé ce club, c'est parce que son fils Kyril souhaitait absolument devenir président. Elle me l'avait dit une fois à Moscou. Ses enfants adoraient Marseille, le club... J'ai appris hélas que l'un de ses enfants était souffrant, ceci explique peut-être un peu cela, mais globalement l'entourage business de Margarita n'était pas favorable à la poursuite de cette expérience."
Q: Qui pourrait selon vous reprendre le club?
R: "Je ne sais pas. Il n'y a pas beaucoup d'actif, un très beau terrain à la Commanderie, des bâtiments tous neufs. L'actif joueur, il sera ce qu'il sera après le mercato, le stade n'appartient pas au club, donc le club ne vaut sans doute pas une fortune. Mais il y a une histoire, une légende, une bonne volonté de la part de la municipalité. Je crois que tout est possible à Marseille pour un gars qui aurait des moyens, une volonté un vrai amour du foot. Je pense que même la négociation sur le stade est possible avec le maire. Ça va attirer pas mal de faisans, il faudra faire attention, mais je suis convaincu qu'il y aura plusieurs investisseurs. Il y a un ralentissement mondial qui fait qu'il y a peut-être moins d'argent pour se consacrer à des activités comme le football. Mais bon c'est provisoire, et il y a quand même des pays, et des gens dans ces pays, qui ont beaucoup d'argent."
Q: Pensez-vous qu'il faille à Marseille un investisseur du même calibre que les Qataris au PSG?
R: "Vous savez, l'OM n'est pas pauvre. Je ne sais pas quel était le budget cette saison, mais moi j'avais ce qu'il fallait, avec Deschamps, pour faire le boulot qui a été fait... Je ne suis pas sûr qu'on ait besoin d'une somme aussi gigantesque. Les Qataris font ce qu'ils veulent, c'est leur problème. Il ne faut pas rêver de sommes gigantesques comme celles-là, mais il faut vite relancer un centre de formation avec des résultats et avoir des moyens d'acheter des joueurs. Mais ce qui est important, plus que les mercenaires, c'est la culture du maillot, de la gagne absolue sous le maillot. De toute façon, dans la situation économique de la ville, du club, il faudra faire appel au local, au régional, au national avant de penser aux transferts que les qataris font. Un investisseur solide, qui a les moyens du moyen et long terme et qui a l'amour du club, c'est ça qu'il faut."
Propos recueillis par Léo HUISMAN et Julien HENNEQUIN