Happy Birthday : |
Michel Platini , fragilisé par sa suspension, peut-il encore compter sur le soutien de tous les Européens derrière sa candidature à la tête de la Fifa ? La réunion de crise de l'UEFA jeudi donnera le ton, alors que des fissures apparaissent dans l'union sacrée derrière lui.
Suspendu pour 90 jours de toute activité liée au football pour un versement de 1,8 million d'euros reçu en 2011 du président de la Fifa Joseph Blatter, lui aussi suspendu, Michel Platini n'a pas le droit de prendre part à cette réunion d'urgence des 54 fédérations composant l'UEFA, à son siège suisse de Nyon.
Le Français a fait appel devant la chambre des recours de la Fifa de cette sanction qui pourrait le priver d'une candidature à l'élection à la présidence de l'instance suprême du football, programmée en février. Car la commission électorale, chargée d'examiner les candidatures, pourrait le déclarer inéligible.
Mais au-delà de la procédure, qui lui laissera la possibilité de saisir ensuite le Tribunal arbitral du sport, c'est un enjeu bien plus important que revêt ce sommet européen de jeudi: l'ancien meneur de jeu des Bleus a-t-il encore le soutien de la majorité des 54 fédérations du Vieux continent ?
- 'J'ai été fort déçu' -
"J'ai été fort déçu quand l'histoire des 2 M CHF (1,8 M EUR) a émergé", a déclaré lundi dans la presse de son pays le Danois Allan Hansen, membre du Comité exécutif de l'UEFA, le gouvernement du foot européen. "Elle soulève un tas de questions auxquelles nous n'avons pas encore obtenu de réponses. Ce que j'attends, c'est que nous en obtenions jeudi. Un tel paiement exige qu'il y ait un contrat, et par ailleurs doit apparaître dans les comptes de la Fifa".
Et s'il n'existe pas de contrat ? "Alors nous ne pourrons plus soutenir (Platini)", a répondu Hansen.
D'autres voix se sont élevées, laissant suggérer que Platini ne fait plus l'unanimité. Le président de la fédération allemande de foot, Wolfgang Niersbach, a demandé dès jeudi dernier à Platini "de juger s'il peut maintenir sa candidature avec cette lourde charge" (la suspension).
Le même jour, la fédération anglaise avait redit son soutien mais Greg Dyke, son président, a été plus nuancé oralement: "Si la commission d'éthique (de la Fifa) arrive à la conclusion que M. Platini ne s'est pas conduit correctement, alors la fédération anglaise ne le soutiendra pas".
La France, notamment par la voix du sélectionneur national Didier Deschamps , continue de le soutenir. Tout comme Patrick Kanner, le ministre des Sports français, qui a cependant lâché "en off" d'après le site L'Opinion: "si Platini n'est pas sûr de pouvoir s?exonérer des soupçons, il faut arrêter les frais".
- Demande de report des élections ? -
Deuxième enjeu de cette réunion de crise: l'UEFA va-t-elle demander le report de l'élection à la présidence de la Fifa, programmée le 26 février ?
Un tel report permettrait à Platini d'épuiser toutes les voies de recours et surtout de préparer plus sereinement l'élection alors qu'il n'a toujours pas présenté son programme électoral.
Mais cette demande aurait-elle une chance d'aboutir devant le comité exécutif de la Fifa, le gouvernement du foot mondial, qui se réunira en urgence mardi 20 octobre ? Cela dépendra sans doute du positionnement des autres Confédérations. Hors d'Europe, la Confédération sud-américaine de football (Conmebol) a en tout cas jugé "disproportionnée" la suspension de Platini, samedi.
"Aucun des autres candidats à la présidence n'a intérêt à repousser les élections", estime un bon connaisseur du fonctionnement de la Fifa. "Ni le Prince Ali, déjà candidat, ni le cheikh Ahmad al-Fahad al-Sabah", ce Koweitien membre du comité exécutif de la Fifa et du CIO, qui pourrait se déclarer.
Mercredi, le Prince Ali a d'ailleurs estimé que "reporter la date de l'élection ne ferait que reporter les changements nécessaires et générer une instabilité supplémentaire".
La réunion de l'UEFA jeudi s'achèvera par une conférence de presse de son secrétaire général Gianni Infantino, vers 18h00 françaises.