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Résister avec le ballon: Ramzi Saleh, gardien et capitaine de la sélection palestinienne de football, se bat avec ses seules mains et sa longue détente face aux tirs adverses et aux autres obstacles qui se dressent face aux rêves sportifs de son pays.
"Nous voulons envoyer un message au monde, pour dire que le peuple palestinien existe malgré tous les obstacles israéliens, la destruction et les martyrs", a déclaré le joueur de 34 ans dans un entretien avec l'AFP lors d'un tournoi amical à Manille.
Auprès de la jeunesse palestinienne, le football est le sport-roi, aussi bien dans la bande de Gaza qu'en Cisjordanie, et ce depuis les années 1920 et le mandat britannique.
Pilier de la sélection palestinienne, avec ses 103 capes en 14 ans, Saleh a donc été salué comme un héros après cette qualification inédite pour la prochaine Coupe d'Asie, en janvier 2015 en Australie. Le gardien de but, né en Egypte de parents gazaouis, avait réussi à garder sa cage inviolée durant tout le tournoi qualificatif, aux Maldives, en mai, jusqu'à la victoire 1-0 en finale contre les Philippines.
"Une victoire historique" pour la Palestine, avait alors insisté le sélectionneur Jamal Mahmoud, à la tête d'une Palestine désormais au 85e rang mondial.
- Euphorie brisée -
Mais l'euphorie fut de courte durée. Brisée par ce conflit avec Israël entamé le 8 juillet et qui allait tuer 2100 personnes à Gaza, principalement civiles, pour 73 morts côté israélien, dont 6 civils tués par les roquettes du Hamas.
Durant ces 50 jours de combats jusqu'au cessez-le feu du 26 août, l'opinion internationale avait notamment été marquée par la mort de ces quatre enfants palestiniens fauchés par des frappes israéliennes sous les yeux des journalistes, alors qu'ils jouaient au ballon sur la plage.
Aucun membre d'une sélection nationale n'a été blessé, a précisé à l'AFP Amri Hannoun, attaché de presse de la Fédération palestinienne de football. Parmi les morts, cependant, une ex-légende du football local, Ahed Zaqqut, l'un des entraîneurs les plus respectés de Palestine.
Autre conséquence de ce conflit: cinq membres de la sélection originaires de Gaza n'ont pas pu rejoindre le reste de l'équipe. Et c'est un effectif très amoindri, avec 13 joueurs seulement, principalement issus du Championnat de Cisjordanie, qui s'est envolé fin août aux Philippines pour la Coupe de la Paix, un tournoi amical auquel avait été invitée la sélection palestinienne.
Résultat: une défaite 4-1 dès le premier match face à la Birmanie, pourtant classée 72 places derrière au classement Fifa.
L'équipe manquait d'entraînement, a insisté le sélectionneur, le conflit ayant perturbé les deux championnats palestiniens, dans la bande de Gaza et en Cisjordanie. "La guerre que nous venons d'avoir à Gaza a été accablante. J'ai cinq joueurs originaires de Gaza. Ils ont tous un membre de leur famille, un proche ou un ami qui a été tué", a témoigné Jamal Mahmoud.
- Une adversité qui motive -
Mais les Palestiniens ont redressé la tête, disposant ensuite 7-3 de Taïwan, grâce à l'apport de leur nouvelle recrue, le défenseur Javier Cohene, né au Paraguay et évoluant dans le championnat serbe.
Conflit ou non, Jamal Mahmoud accuse la police israélienne de mettre en permanence des bâtons dans les roues des joueurs ou entraîneurs, pour entrer ou sortir des territoires et rejoindre la sélection nationale, qui s'entraîne au stade Al-Ram, près de Jérusalem.
De son côté, Israël soutient que les militants palestiniens utilisent les terrains de football pour lancer leurs roquettes et instrumentalisent le sport pour diffuser une propagande anti-israélienne.
En avril, Israël avait emprisonné l'attaquant international palestinien Samah Maraabeh, 22 ans, suspecté d'avoir livré de l'argent, des messages et un téléphone portable à un militant du Hamas exilé au Qatar.
En juillet 2012, le milieu de terrain Mahmoud Sarsak, emprisonné en Israël depuis trois ans sans procès, était parvenu à sortir de prison au prix d'une grève de la faim de 90 jours, et surtout d'une large campagne de protestation internationale, à laquelle l'ex-international français Eric Cantona et la Fifa s'étaient ralliés.
Mais l'adversité motive, assure Ramzi Saleh: "Ces obstacles nous rendent juste plus forts", explique le gardien de but du club égyptien de Smouha FC, qui n'a pu se rendre à sa maison de Gaza depuis six mois.