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© AFP/Franck Fife
L'attaquant brésilien Neymar lors d'un match amical contre la France le 8 juin 2013
Des stars comme Neymar, Iniesta ou Pirlo au plus anonyme gardien de Tahiti, tous les joueurs de la Coupe des Confédérations au Brésil vont être désormais scrutés à la loupe du passeport biologique, comme le seront tous ceux susceptibles d'être sélectionnés pour le Mondial-2014.
Après plusieurs années de recherches scientifiques, la Fédération internationale de football (Fifa) a pris la décision d'enrichir à partir de ce tournoi son programme antidopage avec cet outil qui permet de soupçonner des pratiques dopantes chez un sportif en observant si ses paramètres biologiques fluctuent de manière anormale.
Les contrôles urinaires et contrôles sanguins ne seront pas donc destinés simplement à rechercher des traces de produits interdits comme c'était le cas en Afrique du Sud il y a trois ans, mais les analyses serviront aussi à constituer des profils propres à chacun des joueurs en lice au Brésil.
Alors que le cyclisme et l'athlétisme ont déjà pu attraper des tricheurs en mettant en évidence leurs anomalies sanguines, le football voit surtout son passeport comme un moyen à long terme d'optimiser les dizaines de millions d'euros dépensés chaque année dans les contrôles, et qui n'aboutissent qu'à une poignée de cas positifs, le plus souvent au cannabis.
"Le temps est venu de changer de stratégie", insiste le médecin en chef de la Fifa, Jiri Dvorak, dans un entretien à l'AFP. "Les gens ne réalisent pas tout l'argent que le monde du sport met chaque année dans la lutte antidopage mais la question qu'on doit se poser est: dépensons-nous vraiment cet argent de façon à être efficace et dissuasif ?"
C'est pourquoi, selon lui, la Fifa a fait "ce pas important" en testant un des volets du passeport encore balbutiant, le passeport stéroïdien, lors de la Coupe du monde des clubs de 2011 et 2012, avec la collaboration de Chelsea, Santos, Corinthians, Barcelone et des autres équipes qui s'étaient qualifiées.
"Lors de ces deux Coupes du monde des clubs, aucun joueur n'a présenté de variations, donc nous n'avons pas d'inquiétude", souligne le médecin.
Pour la Coupe des Confédérations et le Mondial, le passeport des joueurs comportera cette fois deux volets: le module sanguin, déjà bien rôdé, qui consiste à suivre des paramètres comme l'hématocrite ou le taux de réticulocytes pour mettre en évidence la prise d'EPO, de transfusions sanguines et autres méthodes pour décupler l'endurance, et donc le module stéroïdien, axé sur la mesure des stéroïdes anabolisants et androgènes excrétés dans les urines.
Si pour l'heure le passeport est limité aux grands tournois de la Fifa, l'instance dirigeante du football mondial compte bien à l'avenir "inciter les grandes fédérations comme l'Espagne, l'Angleterre, l'Italie, l'Allemagne, la France, le Brésil à faire partie du passeport biologique".
"Si les ligues étaient d'accord pour en faire partie, cela faciliterait beaucoup la chose", estime Jiri Dvorak. Son idée serait qu'elles soumettent plus de 1.000 de leurs joueurs à deux ou trois examens par an afin de pouvoir démarrer les profils: "Nous aurions ainsi l'image complète pour l'année et nous pourrions nous concentrer lors des matches sur certaines substances comme les stimulants, ce qui rendrait les procédures plus faciles".
"Sur le long terme, ce système pourrait être plus efficace, plus dissuasif et contribuer à réduire les coûts", fait valoir le médecin.
Mais l'important selon lui est de multiplier les recherches scientifiques pour vérifier si d'autres facteurs que le dopage peuvent être à l'origine de variations suspectes et éviter ainsi d'accuser à tort un sportif. "Elles peuvent être provoquées par une tumeur. Nous en avons pointé plusieurs, surtout chez les hommes, où l'hormone gonadotrophine est un marqueur de la tumeur du testicule", explique Jiri Dvorak. C'est l'autre avantage du passeport, selon lui: "vous pouvez sauver des vies."