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Entre 17.000 et 25.000 supporters du SC Bastia vont déferler sur le Stade de France samedi soir pour la finale de la Coupe de la Ligue contre le Paris SG, un match qui suscite un grand engouement dans toute la Corse.
De la pointe du Cap Corse à celle de l'extrême sud, le "peuple bleu" exprime sa ferveur, par tous les moyens: des milliers de drapeaux corses ont été accrochés sur les fenêtres et balcons, des routes ont été peintes en bleu et blanc et d'immenses banderoles ornent les principaux bâtiments publics de l'île.
Un seul message: "Forza Bastia".
Même les politiques réclament la mobilisation générale pour soutenir le SC Bastia. Le maire de la ville, Gilles Simeoni, a ainsi appelé à un grand rassemblement sur la principale place de la commune, où 5.000 personnes sont attendues samedi pour suivre cette finale sur écran géant.
Les rues seront par ailleurs bien vides car ce sont plus de 15.000 Corses qui auront quitté l'île entre vendredi et samedi pour rejoindre Paris. Quatre bateaux ont été utilisés pour l'occasion.
Mais l'essentiel du transport se fait par les airs: au total, 32 avions de lignes régulières et affrétés se seront envolés des principaux aéroports îliens durant ces deux jours, avec un pic samedi: 27 vols Bastia-Paris pour 5.500 personnes !
- 'Faire pencher la balance' -
L'engouement s'exprimait aussi autour de l'équipe. Jeudi, environ 500 supporters la soutenaient à l'entraînement, et 200 étaient présents à l'aéroport de Bastia-Poretta vendredi matin pour lui souhaiter bon voyage et bon match. Une boutique éphémère du club a même été installée à l'intérieur de l'aéroport.
Arrivé dans l'hexagone, les joueurs se sont installés à leur hôtel de Maffliers, dans le Val-d'Oise, à l'abri de cette effervescence.
"J'espère un peu la même ambiance qu'à Furiani. J'espère, non je sais, qu'ils vont nous pousser. Le public est très important pour nous et souvent il nous a permis de faire pencher la balance à domicile", a souligné dans l'après-midi le capitaine bastiais, Yannick Cahuzac, en conférence de presse.
Cet engouement traduit la passion des Corses pour le foot. Ils ont quatre clubs dans les trois premières divisions: le Sporting en L1, deux formations ajacciennes en L2 (l'ACA et le Gazélec, qui joue la montée dans l'élite) et le CA Bastia en National.
Mais cette forte présence dans le haut niveau national ne se traduit pas en terme de palmarès: cette finale est d'autant plus vécue comme un événement.
Car la vitrine du SCB ne présente qu'un seul trophée majeur, la Coupe de France de 1981, et c'est d'ailleurs le seul pour toute l'île de Beauté. Les autres trophées bastiais sont mineurs: deux titres de champion de L2 (1968 et 2012) et un de National (2011), tout comme pour l'AC Ajaccio. De même Bastia a connu une épopée européenne achevée en finale de C3, en 1978.
- Identité et Marseillaise -
L'avant-match est bon enfant, mais l'histoire des relations entre les autorités du foot français et les clubs corses, et singulièrement le SCB, est jalonnée d'épisodes de tension. Parmi le "peuple bleu", on s'estime régulièrement victime d'acharnement disciplinaire.
Et l'on ne digère pas le refus des dirigeants du football français de faire du 5 mai, date anniversaire du drame de Furiani, un jour sans match.
La passion pour le foot fait souvent office d'exutoire sur une île fortement touchée par le chômage, et à forte tradition identitaire.
La dernière fois que le SCB est venu au Stade de France, une polémique à teneur politique avait d'ailleurs éclaté. En mai 2002, en prélude à la finale de Coupe de France perdue contre Lorient (1-0), la Marseillaise est copieusement sifflée et le président de la République, Jacques Chirac, courroucé, quitte la tribune et n'y revient qu'après l'intervention au micro du président de la Fédération (FFF), Claude Simonet, pour rétablir le calme.
Un remake de cet épisode est impossible samedi: l'hymne national n'est pas joué avant les finales de Coupe de la Ligue.