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© AFP/FRANCK FIFE
L'entraîneur de Monaco Leonardo Jardim (g) et celui du PSG Unai Emery, lors d'un match au Parc des Princes, le 29 janvier 2017
L'un présente le philosophe Edgar Morin comme une de ses grandes influences, l'autre passe pour un fou de tactique et de management: la finale de la Coupe de la Ligue Monaco-PSG oppose deux entraîneurs passionnés, Leonardo Jardim et Unai Emery, dont un très critiqué depuis la déroute de Paris au Barça (6-1).
. Jardim, jamais sans ballon
Leonardo Jardim, 42 ans, n'a jamais été joueur de football professionnel. Piètre footballeur, il a préféré se lancer dans des études d'éducation physique à Madère.
Très vite, le Portugais a passé ses diplômes d'entraîneur afin de "passer de l'autre côté" à l'âge de 22 ans, sans qu'il n'y soit contraint par une quelconque blessure. Progressivement, il a franchi les paliers: entraîneur adjoint en troisième division, entraîneur principal dans ce même club de Camacha, etc...
Il a alors une vision transversale et globale de son sport. Il échange beaucoup avec d'autres entraîneurs de sports collectifs, notamment de volley. Il a gardé cette approche, et aujourd'hui encore, il s'en sert.
D'ailleurs, son leitmotiv est le suivant: "Je suis entraîneur de football, pas d'athlétisme". Il met donc un point d'honneur à faire en sorte que tout travail, même physique, se réalise avec un ballon aux pieds.
"Il y a deux raisons à cela, explique-t-il. La première, c'est que les joueurs ont l'impression de moins travailler au niveau de l'endurance et de la puissance. Or ce n'est pas le cas. La deuxième, c'est qu'ils sont toujours en conditions réelles et qu'ils améliorent constamment leur relation au ballon et leur technique individuelle."
Jardim est surtout un pragmatique. En cela, il se différencie de Pep Guardiola l'entraîneur de Manchester City, qu'il vient d'éliminer en Ligue des champions. Il se rapproche plutôt de Didier Deschamps , le sélectionneur français, avec lequel il entretient les meilleures relations.
A Monaco, il a souvent fait évoluer son schéma tactique et il s'adapte aux joueurs qu'il a à disposition. Catalogué intellectuel du foot en raison de son passé universitaire, il aime en jouer. Ainsi durant cette trêve internationale, il a rencontré le sociologue français Edgar Morin (95 ans), dont il admire les écrits.
"Sa relation à la complexité du monde m'a aidé à comprendre que je devais m'adapter, pour éviter les chocs culturels", explique aujourd'hui Jardim.
. Emery, difficile de dormir
Le Basque Unai Emery, 45 ans, vient pour sa part d'une famille de footballeurs: son père et son grand-père étaient gardiens professionnels. Lui-même a réalisé une modeste carrière de milieu gauche, en deuxième et en troisième divisions espagnoles.
C'est dans le dernier club où il joue, à Lorca, qu'il se lance en tant qu'entraîneur. Il arrive à hisser ce petit club en 2e division espagnole pour la première fois de son histoire, et frôle même le passage dans l'élite la saison suivante.
En Espagne, il accumule les succès avec Almeria (2006-2008), Valence (2008-2012) et surtout Séville (2013-2016), triple vainqueur de l'Europa League.
En revanche son exil en Russie, au Spartak Moscou, en 2012, est un échec. Il est limogé au mois de novembre pour cause de mauvais résultats.
La patte Emery, c'est "le dépassement de fonction", explique Romain Molina, auteur de la biographie "Unai Emery, El Maestro". "Il veut que les attaquants défendent, que les défenseurs attaquent et que le danger vienne de partout. Il demande beaucoup aux latéraux".
Le Basque est un passionné de tactique et de management. Il a d'ailleurs coécrit un ouvrage "Mentalidad Ganadora" (?"Mentalité de gagnant").
Seul problème, son PSG a perdu l'imperdable en 8e de finale de Ligue des champions. Il s'est écroulé à Barcelone 6-1, alors qu'il avait gagné 4-0 à l'aller. Emery n'a pas su remobiliser un groupe complètement perdu sur le terrain.
"C'est son plus gros échec. Le sommeil, il ne doit pas être facile à trouver", reconnaît Romain Molina. "Mais de là à le faire passer pour un débile avec le palmarès qu'il a", déplore-t-il.
A-t-il suffisamment compris qu'il changeait de statut en rejoignant le PSG, version qatari, et ses ambitions affichées de remporter la Ligue des champions ? "Il arrive dans un grand club avec des grands joueurs qui savent ce qu'ils doivent faire, et son management doit être différent de celui qu'il avait avant", considère ainsi Jocelyn Angloma , ancien latéral droit de Paris.
"C'est un bosseur. Il peut se tromper. Mais malheureusement, il n'a pas le temps, car c'est Paris", conclut-il.