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Les différences sont nombreuses entre Guingamp, plus petit budget de l'élite ancré dans un territoire rural, et Rennes, puissant club de la capitale bretonne, qui s'affrontent de nouveau samedi en finale de la Coupe de France. Jusqu'à la caricature ?
A l'ouest, Guingamp, bourg de 7.280 âmes d'une agglomération de 22.000 habitants des Côtes-d'Armor, le plus rural des départements bretons. Son club d'En Avant, promu en Ligue 1 avec un budget de 22 millions d'euros et détenu à 70% par 85 actionnaires, principalement issus du monde des PME et de l?industrie agroalimentaire.
A l'est, Rennes, capitale de la Bretagne de 210.000 habitants au c?ur d'une agglomération du double. Son Stade Rennais, dans l'élite depuis 20 ans et aux structures bien plus développées, propriété du milliardaire François Pinault au budget de 44 millions d'euros.
Entre les deux, l'ancienne frontière entre langue bretonne (à l'ouest d'une ligne Paimpol-Vannes) et langue gallo (à l'est). Et une rivalité nouvelle, datant de la montée de Guingamp dans l'élite (1995), exacerbée par la fameuse finale de la Coupe de France 2009, remportée par En Avant, alors en L2, face à Rennes (2-1).
"Mais pour Rennes, le vrai rival c'est Nantes, et pour Guingamp, c'est Brest", souligne auprès de l'AFP Georges Cadiou, auteur de "La grande histoire du football en Bretagne".
- 'Paysans ? C'est du bluff' -
Existe aussi une opposition entre ruraux et citadins reposant sur des réalités socio-économiques, soulignée par la banderole "Bienvenue en ville" par laquelle les Guingampais avaient été accueillis à Rennes lors de leur premier match dans l'élite.
Depuis, ils n'hésitent pas à chanter dans leur antre du Roudourou "les paysans sont de retour". Quitte à en jouer ?
"Guingamp n'est pas le club qui sort d'on ne sait où, si petit qu'on veut bien nous faire croire. Il est bien installé dans le foot français. Leur image de +paysans+ ? Cela me fait sourire, c'est du bluff", lance le capitaine rennais Romain Danzé.
"Au départ, Guingamp est un peu une petite ville bourgeoise gauche caviar, moins populaire que Brest ou Lorient. Pas vraiment une +ville de paysans+ même si le territoire alentours est rural", explique Georges Cadiou.
"Et En Avant ne jouait pas à fond la +carte bretonnante+ avant l'arrivée à la présidence de Bertrand Desplat (en 2011), qui insiste plus sur l'identité +centre Bretagne+, la Bretagne rurale qui veut vivre économiquement par rapport à l'axe Rennes-Vannes-Nantes", poursuit-il.
Joint par l'AFP au téléphone, Bertrand Desplat s'est ainsi plu à raconter l'anecdote selon laquelle l'EAG est "le seul club, Ligue 1 et Ligue 2 confondues, en zone gendarmerie".
- 'Pas beaucoup d'humour' -
"Paysans ? C'est effectivement devenu un gimmick entre nous. Il faut savoir se moquer de nous-mêmes, en ce sens c'est de la +com'+, poursuit Desplat, gendre de Noël Le Graët, président de la fédération, ancien président d'En Avant et ancien maire de Guingamp.
"Mais on revendique cette appartenance à un territoire différent. Les joueurs n'en viennent pas forcément, mais quand ils arrivent, on les imprègne des valeurs du club, celles d'un territoire authentique: travail, humilité, don de soi, ce qui n'empêche pas l'ambition."
"C'est vrai qu'on est assez insistants sur ces thèmes car on considère que l'unité du club, du vestiaire, dépend de la manière dont ces valeurs sont respectées. On n'a pas beaucoup d'humour par rapport à ça", conclut-il.
Si l'opposition est donc un poil caricaturale, les deux clubs sont bien différents. Christophe Le Roux, ancien joueur de Guingamp (1989-1994 puis 2002-2005) et Rennes (janv. 1999-2002), confirme l'impression du visiteur, qui a beaucoup plus facilement accès aux joueurs guingampais que rennais.
"Je suis parti de Rennes dans une indifférence totale après trois ans et demi lors desquels je me suis investi à fond, sans une explication à la fin de mon contrat. Guingamp m'appelle alors. J'ai eu tout le monde au téléphone, des joueurs au président en passant par l'entraîneur. Là je me suis dit que c'était deux clubs bien différents."