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L'Allemagne est en émoi samedi après des révélations du magazine der Spiegel selon lesquelles le pays organisateur du Mondial-2006 aurait acheté des voix au sein de la Fifa pour décrocher l'organisation de la compétition restée dans la mémoire collective comme le plus grand événement depuis la chute du Mur de Berlin en 1989.
"Le Mondial-2006 a-t-il été acheté?": ce titre barre la Une du quotidien le plus lu d'Allemagne, Bild, qui se demande également: "Avons-nous acheté notre 'conte d'été' par de la corruption?"
"'Conte d'été 2006': tout a été en fait acheté?", s'interroge de son côté le quotidien berlinois Tagesspiegel, avec une photo de l'époque montrant des jeunes supporteurs allemands en liesse, le visage peint aux couleurs du drapeau allemand.
Dans son édition parue samedi, l'hebdomadaire der Spiegel affirme que le Comité de candidature allemand s'était constitué une caisse noire qui a servi à acheter des voix pour remporter l'organisation de la Coupe du monde il y a 9 ans, surnommée en Allemagne "le conte d'été" tant elle a transformé le pays bien au-delà du monde du football.
La Fédération allemande DFB a nié ces révélations tout en reconnaissant un versement de 6,7 millions d'euros à la Fifa sans lien avec cette compétition.
En visite à Téhéran, le ministre allemand des Affaires étrangères Frank-Walter Steinmeier a invité la DFB à mener à bien une enquête interne "aussi rapidement que possible". "C'est dans l'intérêt du sport, c'est dans l'intérêt du football (...) et c'est aussi notre intérêt commun", a-t-il plaidé.
Si ces révélations sont avérées, "ce sera grave pour le football allemand", résume la Süddeutsche Zeitung dans un éditorial cinglant.
"Car alors ce 'conte d'été' qui jusqu'à aujourd'hui réveille dans le monde le souvenir de la naissance d'une Allemagne ouverte sur le monde et accueillante, aura à l'avenir la même réputation qu'une voiture diesel Volkswagen", écrit le quotidien en référence au scandale des moteurs diesel truqués du constructeur automobile, qui écorne sérieusement l'image de l'industrie allemande.
Le Tagesspiegel rappelle en outre que la compétition arrive "juste derrière la chute du Mur de Berlin parmi les événements les plus beaux de ces dernières décennies".
Bild évoque lui aussi un scandale "qui ferait trembler notre football dans ses fondements". "Les supporteurs ont le droit de savoir ce qui est vrai dans ces lourdes accusations", poursuit le journal.
A l'époque, souligne de son côté le Tagesspiegel, les scandales qui éclaboussent aujourd'hui l'instance mondiale du football semblaient encore loin et les bruits qui couraient "visaient son président Joseph Blatter ou du moins un système de complaisances mutuelles". La DFB "n'était pas particulièrement à la tête du mouvement de protestation" contre ces agissements supposés. "Bizarrement, son président Wolfgang Niersbach s'était tenu en retrait, (...) tout comme Franz Beckenbauer (alors président du Comité d'organisation). Maintenant on sait sans doute pourquoi".
La Süddeutsche Zeitung note également qu'il faudra revoir le cas échéant "l'image emblématique nationale" de Franz Beckenbauer, révéré de toute l'Allemagne.
Le Mondial-2006 avait été remporté par l'Italie à l'issue d'une finale dramatique face à la France marquée par les adieux de Zinédine Zidane au football et son expulsion pour un coup de tête au défenseur italien Marco Materazzi . La compétition avait permis également aux Allemands de manifester leur engouement pour leur pays pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale.
Dans le monde entier le pays avait aussi été salué pour la qualité de son accueil et de son organisation.