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Le festival Barça-Juve à peine terminé, le bruit des casseroles de la Fifa a repris avec de nouvelles accusations de corruption visant Jack Warner, son ancien vice-président, et l'instance mondiale du football a même évoqué l'éventualité de réattribuer les Mondiaux 2018 et 2022.
Certes, aucune des révélations de dimanche ne concerne ces deux Coupes du monde, attribuées à la Russie et au Qatar. Mais la Fédération internationale n'en a pas moins mentionné, du bout des lèvres, l'hypothèse de leur délocalisation.
"S'il existe des preuves que le Qatar et la Russie ont obtenu (ces Coupes du monde) grâce seulement à des pots-de-vin, alors elles pourraient leur être retirées", a reconnu Domenico Scala, président du Comité d'audit de la Fifa, dans un entretien à l'hebdomadaire suisse Sonntagszeitung, en multipliant les conditionnels. Avant d'ajouter aussitôt que "ces preuves n'ont pas été fournies" jusqu'à présent.
Loin de Doha et de Moscou, c'est du Caire qu'est partie la première salve visant la Fifa dimanche, avec les accusations de chantage au vote lancées par l'ancien ministre des Sports égyptien contre Jack Warner, au sujet d'un autre Mondial, celui de 2010: "Il pouvait nous assurer sept votes et il demandait un million de dollars pour chaque vote", a insisté Aley Eddine Helal auprès de l'AFP, au sujet du Trinidadien qui dirigeait alors la Concacaf, la confédération d'Amérique du nord, centrale et des Caraïbes.
"Mais notre décision a été de ne pas tomber là-dedans", a assuré l'ancien ministre.
Résultat du vote, en 2004: zéro voix pour l'Egypte, et le Mondial attribué à l'Afrique du Sud. Une nation arc-en-ciel plus que jamais au coeur du scandale qui a participé à la démission surprise de son président, Sepp Blatter, mardi, quatre jours à peine après sa réélection à un cinquième mandat.
En 2008, ce sont en effet 10 millions de dollars qui atterrissent sur les comptes de la Concacaf, gérés par M. Warner. 10 millions transférés par la Fifa, à partir de fonds destinés à l'Afrique du Sud pour son Mondial, et finalement déroutés pour un programme d'aide à la diaspora africaine dans les Caraïbes.
- Joburg invoque 'Madiba' Mandela -
Problème, a accusé la BBC à Londres dimanche: une grande partie de ces fonds a été utilisée pour des dépenses personnelles de M. Warner.
Notamment 1,6 million de dollars pour payer des dépenses de cartes de crédit et des prêts personnels de l'ancien vice-président de la Fifa ; 360.000 dollars retirés directement par des gens liés à M. Warner ; 4,8 millions de dollars partis sur les comptes des supermarchés JTA, et revenus en grande partie en liquide dans les poches de M. Warner, selon les enquêteurs américains : photos de documents bancaires accusateurs à l'appui, la +Beeb+ a tapé fort.
"Nous nions catégoriquement que (ces 10 millions de dollars) aient été un port-de-vin en échange d'un vote" pour que l'Afrique du Sud obtienne le Mondial 2010, a rétorqué la Fédération sud-africaine de football via un communiqué: "Cela passe sous silence le travail mené par Madiba (Nelson Mandela), l'archevêque (Desmond) Tutu, le gouvernement sud-africain et beaucoup d'autres qui ont sacrifié leur temps, leur argent et leur vie de famille pour rendre fier notre pays".
Toujours au sujet de ce virement de 10 millions de dollars, il semblerait en tout cas, selon un mail de Jérôme Valcke, le secrétaire général de la Fifa, révélé dimanche par le Sunday Times à Johannesburg, que le président sud-africain Thabo Mbeki et le président Blatter en avaient bien discuté ensemble.
Dans un communiqué, la Fifa a cependant nié tout problème: Sepp Blatter a certes été tenu "informé" par le président sud-africain, mais cela ne signifie aucunement son "implication" dans ce programme qui avait été "annoncé publiquement par le gouvernement sud-africain".
- Platini pas 'crédible' -
Libre sous caution (400.000 dollars) à Port-d'Espagne, la capitale de Trinité-et-Tobago, M. Warner est sous le coup d'une demande d'extradition de la justice américaine. Cette même justice à l'origine du coup de filet qui a visé 14 personnes à travers le monde le 27 mai, à moins de 72 heures du Congrès de la Fifa qui allait reconduire Blatter à sa tête.
Toutes ces révélations et procédures ne semblent pourtant pas l'ébranler. Warner, 72 ans, s'est ainsi tranquillement rendu à son bureau samedi, au sud de la capitale de l'île, où il est député. A son arrivée, une longue file de ses partisans attendaient depuis 02h00 du matin afin d'être reçus par celui qui se présente "comme un Robin des bois".
Mais la pression monte. Le ministre de la Justice de Trinité-et-Tobago lui a ainsi demandé dimanche d'aller se rendre aux enquêteurs américains à New York. "S'il aime son pays, c'est ce qu'il doit faire", a déclaré Prakash Ramadar à la chaîne britannique Sky News.
Quant au départ définitif de Blatter de la tête de la Fifa, une fois son successeur élu, il pourrait ne rien changer selon Freddy Rumo, ex-patron de la Fédération suisse. "Remplacer un président par un autre n'aura strictement aucun effet", a-t-il déclaré dimanche soir à la Radio télévision suisse (RTS), en critiquant sévèrement Platini, "pas crédible", au passage.