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Attaques frontales de dirigeants footballistiques et politiques européens, critiques acerbes dans la presse et objet de tensions russo-américaines: Joseph Blatter est au centre d'une énorme tempête internationale jeudi à la veille de l'élection où il briguera un cinquième mandat de président de la Fifa.
Des voix s'élèvent de toutes parts contre le Suisse (79 ans), après la révélation-déflagration mercredi de deux procédures judiciaires concernant la Fifa ouvertes par les justice américaine et suisse, pour corruption présumée à grande échelle, avec arrestations à Zurich de sept élus de la Fifa et perquisitions de son siège.
. Platini appelle à la démission
Michel Platini , président de l'UEFA qui avait renoncé l'été dernier à se présenter face à M. Blatter, lui a demandé de se retirer: "Je lui ai demandé de démissionner, assez c'est assez; +Sepp+ Blatter m'a écouté, mais il m'a dit +c'est trop tard+".
"Changer de président est la seule façon de changer la Fifa", a martelé le patron du foot européen, qui s'est dit "dépité, éc?uré".
Sa confédération avait demandé mercredi le report du Congrès (cérémonie d'ouverture jeudi soir, travaux et élection présidentielle vendredi), craignant qu'il ne tourne à la "farce"; en vain. Un report ne peut être acté que par au moins deux tiers des 209 fédérations.
L'UEFA n'a pas souhaité boycotter le congrès en raison notamment du différend entre Israël et Palestine. Quelque peu éclipsé par la tourmente judiciaire, cela reste un sujet brûlant: Israël, membre de l'UEFA, a besoin de son soutien afin d'éviter l'exclusion demandée par la Palestine via une résolution qui pourrait être mise au vote lors du congrès.
. Chances accrues pour le Prince Ali ?
Le Congrès et l'élection présidentielle sont toujours prévus vendredi. La tempête déclenchée mercredi pourrait profiter au prince jordanien Ali bin Hussein (39 ans), seul candidat face à M. Blatter.
"Avant les évènements de cette semaine, peut-être pas, mais maintenant avec ce qui s'est passé, je pense que Blatter peut être battu", a souligné Michel Platini , sachant déjà qu'une "très grande majorité des fédérations européennes va voter Ali".
A noter aussi le soutien apporté au Prince Ali par l'Australie, membre de la Confédération asiatique (AFC).
Une autre confédération s'est également prononcée, mais de manière opposée: la CAF (Afrique) a "réitéré son soutien" à M. Blatter en l'expliquant par le "train de mesures impulsées à la Fifa depuis quelques années pour l'amélioration de la gouvernance".
M. Blatter, s'il s'est fait excuser au congrès médical de la Fifa, a en revanche rencontré les présidents ou représentants des six confédérations continentales dans la matinée.
La base de l'élection est simple: 1 voix pour chacune des 209 fédérations. L'UEFA compte 54 membres mais ne dispose que de 53 voix, Gibraltar n'étant pas reconnu par la Fifa.
L'Afrique possède 54 voix, l'Asie 46, la Concacaf (Amérique du Nord, centrale et Caraïbes) 35, l'Océanie 11 et l'Amérique du Sud 10.
. Tensions diplomatiques
Le scandale a également suscité des réactions politiques depuis que la ministre américaine de la Justice, Loretta Lynch, a elle-même pris la tête de l'offensive anti-corruption.
De quoi raviver un climat de guerre froide autour du ballon rond: jeudi, Vladimir Poutine, dont le pays doit accueillir le prochain Mondial en 2018, a accusé les Etats-Unis de vouloir "empêcher la réélection" de Sepp Blatter.
"Il s'agit d'une violation très grossière des règles de fonctionnement des organisations internationales", a fustigé le président russe à la télévision nationale, reprochant à Washington d'"imposer sa juridiction aux autres" dans une affaire où "aucun des fonctionnaires (de la Fifa) n'est américain" et où "aucun fait ne s'est produit aux Etats-Unis".
L'Afrique du Sud, elle, a rejeté jeudi les accusations de corruption pour l'attribution du Mondial-2010, assurant que le pays avait "reçu un audit impeccable".
D'autres dirigeants politiques ont réagi au scandale. Le Premier ministre britannique David Cameron a appuyé la Fédération anglaise (FA), "qui soutient la candidature du prince Ali. On désire voir des réformes à la Fifa".
La France a demandé le report de l'élection, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, sur France Inter. François Hollande a pour sa part insisté sur la nécessité pour les organisations sportives d'être "incontestables".
. Presse et sponsors critiques
La presse internationale avait dès jeudi matin ouvert le feu. Le quotidien populaire allemand Bild avait donné le ton en barrant une photo de "Sepp" Blatter d'un "Dégage !". "Rien ne peut lui être reproché personnellement, mais couvre-t-il une association criminelle qui, en contrepartie, le maintient au pouvoir ?", avance le tabloïd.
La presse anglaise aussi s'est déchaînée, tandis qu'en France, Libération jouait sur la métaphore mafieuse avec "Fifa Nostra" en Une, et que L'Equipe titrait sur "Le scandale de trop" avec un édito intitulé "Pourriture"...
La pression commence aussi à se faire sentir du côté des sponsors de la Coupe du monde, des multinationales comme Nike, Adidas et Coca-Cola, qui ont exhorté dès mercredi la Fifa à faire le ménage.
Visa est allé jusqu'à menacer de se désengager. Faute de changements, "nous avons informé (la Fifa) que nous réévaluerions notre parrainage", a fait valoir l'entreprise de cartes de crédit dans un communiqué.