Happy Birthday : |
© AFP/GREG BAKER
Drapeau sud-coréen déployé dans les tribunes avant le match face à la Chine en qualif pour le Mondial-2018, le 23 mars 2017 à Changsha (Chine)
Le drapeau sud-coréen flottait vendredi sur Pyongyang à l'occasion du premier match de football au Nord, dans le cadre d'une compétition entre les deux sélections coréennes.
Le "Taegeukgi", l'étendard du Sud, a été hissé dans l'après-midi dans le stade Kim Il-Sung, érigé tout près du gigantesque arc de triomphe commémorant la résistance coréenne à l'occupation japonaise et où l'équipe féminine nord-coréenne affronte les Sud-Coréennes dans une rencontre comptant pour les qualifications de la Coupe d'Asie féminine, prévue en 2018 en Jordanie.
L'unique précédent à Pyongyang entre les deux sélections ennemies remonte à 1990, quand les équipes masculines avaient joué en amical un match destiné à promouvoir la réunification.
Cette année-là, seul le drapeau de la péninsule réunie avait été présenté avant la victoire du Nord (2-1). Et les hymnes des deux nations n'avaient pas retenti.
Cette fois, les 40.000 spectateurs se sont levés dans un silence respectueux quand a résonné l'hymne sud-coréen, avant d'entonner le Chant patriotique du Nord, selon un journaliste de l'AFP présent dans le stade bondé. Chaque touche de balle des Nord-Coréennes déclenchait ensuite un tonnerre d'encouragement.
Les deux Corées sont, encore aujourd'hui, techniquement toujours en guerre, car le conflit de 1950-1953 s'est soldé par un armistice, et non par un traité de paix.
C'est pourquoi la frontière inter-coréenne marquée par la zone démilitarisée est toujours une des zones les plus fortifiée de la planète.
- Moment de détente -
Ce match intervient en outre à un moment où les tensions ont rarement été aussi élevées dans la péninsule en raison de l'accélération des programmes balistique et nucléaire nord-coréens.
La Corée du Nord a pour objectif d'être en mesure de porter le feu nucléaire sur le territoire continental américain. Elle a réalisé l'an dernier deux essais nucléaires et multiplie depuis les tirs de missiles.
Le dossier nord-coréen est d'ailleurs un des sujets centraux du sommet qui a débuté jeudi en Floride entre les présidents américain Donald Trump et chinois Xi Jinping.
Dans ce contexte, le match de vendredi est un rare moment de détente dans l'un des conflits les plus figés du globe.
La Corée du Sud a exigé du Nord des garanties de sécurité avant d'autoriser ses joueuses à franchir le 38e parallèle pour une série de rencontres officielles au Nord.
Force est de constater que le sport a pu par le passé contribuer à "apaiser les esprits lors de moments de tensions", explique Michael Spavor, directeur de Paektu Culture Exchange, dont le rôle est de faciliter les échanges avec le Nord dans de nombreux domaines.
- Images de réconciliation -
Nord et Sud-Coréens tendent d'ailleurs à soutenir les sportifs coréens quand ceux-ci affrontent d'autres nations.
Les JO ont même été le théâtre de spectaculaires images de réconciliation entre frères ennemis.
On les a vus défiler ensemble derrière un même drapeau dans les années 2000. En août, la gymnaste sud-coréenne Lee Eun-ju a créé la sensation en faisant un selfie à Rio avec la Nord-Coréenne Hong Un-jong.
Hasard du calendrier, le match de vendredi intervient au lendemain d'une autre rencontre rare entre les deux Nations.
Sur la glace de Gangneung, en Corée du Sud, les hockeyeuses du Sud ont battu leurs homologues du Nord 3-0 dans le groupe A de la Division II du Mondial féminin.
Vendredi, les Nord-Coréennes, qui totalisent trois titres continentaux et sont 10e au classement Fifa, sont logiquement favorites face à la Corée du Sud (17e).
Une salle de la Gallerie nationale d'art de Pyongyang est d'ailleurs dominée par une imposante peinture représentant l'équipe nationale après son titre 2015 lors de la Coupe d'Asie de l'Est.
"C'est déchirant de penser que nous devons aligner deux équipes séparées parce que nos pays ne sont pas réunis", a confié une guide du musée vendredi.