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La LFP et la Ligue 1 ont perdu une première bataille: le Conseil d'Etat, saisi en référé par la Ligue et 18 clubs de l'élite, a maintenu vendredi le principe de trois descentes et trois montées entre L1 et L2.
La plus haute juridiction administrative donne ainsi raison à la Fédération française de football (FFF), dont le Comité exécutif avait suspendu le 23 juillet la réforme votée quinze jours plus tôt par le Conseil d'administration de la Ligue sur le passage à deux relégations et promotions entre les deux premières divisions.
Le Conseil d'Etat a rejeté la requête déposée par la LFP et 18 clubs (sauf Guingamp et Rennes) "pour défaut d'urgence". Le juge des référés a également "constaté que les requérants n'apportaient aucun élément concret pour démontrer que cette décision risquait, dans l'intervalle, d'affecter gravement la situation des clubs et de désorganiser les championnats déjà en cours."
"La règle reste donc, à ce jour, que trois clubs sont susceptibles de monter et de descendre d'une ligue à l'autre", a expliqué le Conseil d'Etat dans son communiqué.
Le combat n'en est toutefois qu'à ses débuts. La décision en référé du Conseil d'Etat n'est qu'une première étape judiciaire. Si aucune partie ne se désiste, un jugement sur le fond devra en effet intervenir dans trois à cinq mois, soit entre novembre 2015 et janvier 2016.
"Jusqu'à ce que le Conseil d'Etat se prononce sur le fond de l'affaire, la décision de la Fédération s'applique", a noté le Conseil d'Etat.
- 'Ce n'est que partie remise' -
Frédéric Thiriez, le président de la LFP, tout en trouvant "dommage" le maintien du statu quo, a d'ailleurs estimé que "ce n'est que partie remise".
"Il est heureux que le Conseil d'Etat s'engage à juger l'affaire rapidement. Le plus tôt sera le mieux", a-t-il ajouté.
Du côté de la FFF, le président Noël Le Graët a en revanche immédiatement fait part de sa "satisfaction".
"Cette décision démontre que cette réforme méritait plus de concertation, plus de dialogue entre les parties concernées et plus de temps pour trouver le meilleur compromis et la mettre en oeuvre", a-t-il poursuivi, maintenant la tenue d'un "groupe de travail" composé de "pros et d'amateurs" afin de proposer "la meilleure réforme pour la saison 2016-2017, lors de l'Assemblée de décembre".
Le ministre des Sports Patrick Kanner a lui aussi appelé "les acteurs au dialogue, à l'unité et à la responsabilité" et réitéré sa "proposition de médiation".
- Crise profonde -
Car le contentieux entre la Ligue et la Fédération cache une crise beaucoup plus profonde au sein du football français. Les clubs de L1 ne cachent plus leur volonté de s'émanciper de la L2 et militent ouvertement pour un système "à l'anglaise" sur le modèle de la Premier League.
L'enjeu est surtout financier, la L1 voulant profiter de cette éventuelle autonomie pour gérer elle-même ses ressources commerciales et ses droits TV (607 millions d'euros annuels actuellement, 726,5 millions pour la période 2016-2020) et ne plus avoir à en reverser une partie à la L2.
Un souhait confirmé, mardi soir, par la démission de 19 clubs de l'élite de l'UCPF (l'Union des clubs professionnels de football) afin de créer ensemble un "nouveau syndicat professionnel".
Pour le président de l'UCPF Jean-Pierre Louvel, la question des deux montées/relégations entre L1 et L2 n'est donc qu'un "prétexte".
Mais la L1, qui se dit lancée dans une "lutte entre les anciens et les modernes", est loin de désarmer malgré le désaveu subi devant le Conseil d'Etat.
Elle se voit au contraire "confortée" dans sa "démarche de création d'un nouveau syndicat patronal plus respectueux de la démocratie que l'UCPF, indépendant de la Fédération et plus motivé par la compétitivité européenne de la France", dans un communiqué publié par les 18 clubs de l'élite requérants au Conseil d'Etat.