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© AFP/Jaime Razuri
Carlos Valderamma pose aux côtés d'un garçon portant une perruque imitant sa coupe de cheveux, en 1998
Déjà gagnés par le fièvre du Mondial de football de 2014 au Brésil, les Colombiens revivent à la télévision l'âge d'or de leur sélection nationale avec une série qui les changent des feuilletons sur les narcotrafiquants, traditionnels succès d'audimat.
Ce ne sont pas des images d'archives mais bien des acteurs qui interprètent la génération mythique qui emmena trois fois la "Tricolore" à la Coupe du monde, en Italie (1990), aux Etats-Unis (1994) et en France (1998).
"Nous voulions souligner que la Colombie ne se résume pas aux narcos, la guérilla et les paramilitaires. Changer cette vision et donner une image rafraîchissante des valeurs comme le travail, l'effort, qui nous représentent aussi", explique à l'AFP Ricardo Coral, qui dirige cette "telenovela" intitulée "La Sélection".
Diffusée par la chaîne Caracol, la série, qui racole en tête des audiences, met en scène, avec des acteurs plus que ressemblants, les légendes du football colombien: le milieu Carlos Valderrama et sa crinière blonde, le fantasque gardien René Higuita ou encore les attaquants Faustino Asprilla et Freddy Rincon.
"Ce sont des personnages très représentatifs et riches, d'un point de vue dramtique", souligne le directeur de la série, en évoquant ces caratères à la fois bien trempés et si différents.
Sur le petit écran, les quatre vedettes ne se battent pas seulement sur la pelouse, mais aussi dans des démêlées sentimentales, parfois comiques, et toujours riches en rebondissements.
Une perruque blonde pour Valderrama
"Le récit est basé sur leurs vie, mais ce n'est pas un portrait fidèle. Pour les besoins dramatiques, il a fallu ajouter du piment pour créer un peu plus de tensions", admet M. Coral, avant de glisser: "Il y a certaines choses dont il ne faut pas parlers, car ce sont des personnages publics, et l'idée est de générer des valeurs positives".
Pourtant, dans certains épisodes, la réalité dépasse vraiment la fiction: par exemple, quand Higuita flirte avec une jeune fille, sans savoir qu'il s'agit de sa propre demi-soeur.
© AFP/Dibyangshu Sarkar
René Higuita lors d'un match d'exhibition à Calcutta, le 8 décembre 2012
"Le père apparaît et lui dit: +c'est ta soeur et tu ne peux pas fricoter avec elle+. On dirait de la fiction, mais c'est la réalité", raconte encore M. Coral.
L'acteur Edgar Victorino, qui interprète le plus placide Valderrama, surnommé "El Pibe" (Le Gamin) confie à l'AFP qu'il a eu "très peur" avant de se lancer dans l'aventure, craignant que le public allait "l'aimer ou le haïr pour le reste de sa vie pour avoir interprété son idole".
"Comme acteur, je l'ai toujours respecté. Je l'ai fait pour que lorsque les gens le voit, ils puissent dire: ça, c'est "El Pibe", l'homme que nous avons admiré", poursuit-il.
Contacté alors qu'il se trouvait aux Etats-Unis, l'acteur n'a pas hésité longtemps. Il a commencé la préparation du rôle à New York en s'achetant une perruque blonde.
Puis il a visionné des vidéos du joueur, interrogé ses proches et a visité le stade du village de Pescaito dans la région de Santa Marta, dans les Caraïbes colombiennes, où a fait ses premières armes le jeune Valderrama.
Point d'orgue de sa mise en condition, l'interprète d'"El Pibe" l'a même rencontré une journée.
L'acteur n'est pas, lui non plus, fâché de jouer une série qui parle d'autre chose que de la criminalité ou du conflit armé qui secoue ce pays depuis un demi-siècle: "Tous les ans, il y avait une telenovela qui traitait du narcotrafic ou de la violence. Maintenant, il n'y a pas que les parents qui peuvent s'assoir devant le poste, les enfants aussi".
La ligne éditoriale de la série a même conduit les auteurs à éliminer une scène narrant une rencontre entre Higuita et le célèbre chef du cartel de cocaïne de Medellín, Pablo Escobar, abattu il y a 20 ans par la police, dont la vie a aussi été portée avec succès au petit écran par Caracol.