Happy Birthday : |
© AFP/Guillermo Legaria
Des enfants colombiens participent à une séance d'entraînement dans le cadre du programme "football pour la paix", le 6 octobre 2012 à Soacha près de Bogota.
Au "football pour la paix", les vainqueurs n'ont pas marqué le plus de buts, mais commis le moins de fautes. Au-delà du fair-play, ce sport, lancé en Colombie il y a dix ans, enseigne aux enfants un modèle de vie dans ce pays marqué par la violence.
Chaque samedi, des dizaines de filles et de garçons se retrouvent dans le modeste stade de Soacha, une banlieue pauvre de Bogota où vivent des milliers de "déplacés", chassés par le conflit avec des guérillas et des groupes criminels qui sévit depuis un demi-siècle.
Sur un terrain en sable, deux équipes mixtes, les "Rouge" et les "Noir", s'affrontent, balle au pied, avec un objectif à l'esprit, une règle encore plus importante que celles du football: le respect de l'adversaire.
Quand un défenseur des "Noir" fait trébucher Juliana, une fillette de 11 ans, tous ses coéquipiers se précipitent pour la relever, tandis que ses adversaires, un à un, viennent lui présenter des excuses.
"Le +football pour la paix+ se déroule en trois étapes. D'abord on fixe les règles de convivialité. Ensuite, on joue un match avec des équipes mixtes. Enfin, on évalue et désigne celle qui joue le plus proprement", explique à l'AFP Edison Rojas, un responsable de la fondation "Temps de jeu".
© AFP/Guillermo Legaria
Des enfants colombiens participent à une séance d'entraînement dans le cadre du programme "football pour la paix", le 6 octobre 2012 à Soacha près de Bogota.
Après six ans d'existence, cette fondation, membre du réseau international Street Football World, parvient à réunir régulièrement le week-end quelque 250 enfants autour de cette discipline ouverte aux joueurs de 5 à 18 ans et, le reste de la semaine, plus de 2.000 autres dans le cadre de diverses activités.
"Le +football pour la paix+ s'est développé comme une initiative permettant avec le sport d'éviter le recrutement des enfants et mineurs par les gangs et les groupes armés illégaux, mais aussi l'addiction à la drogue ou les grossesses précoces", affirme William Jimenez, coordinateur régional de "Temps de jeu".
Depuis, d'autres ONG et associations ont emboîté le pas à cette fondation et organisent des marches de "Golombiao", l'autre nom donné au "football pour la paix", pour inculquer ces valeurs de respect dans plusieurs régions du pays.
"Le gouvernement a adopté en 2003 ce style de football comme une politique de convivialité pour l'enfance et la jeunesse", précise Juanita Mendez, responsable du programme gouvernemental "Colombia joven" (Jeune Colombie), soulignant que cette pratique s'est étendue à d'autres sports comme le basket ou le volley.
Un combat d'autant plus important qu'en Colombie, des milliers de jeunes se retrouvent pris dans l'engrenage de la violence.
Entre novembre 1999 et août 2012, l'institut de bien-être familial, organisme public chargé des services à l'enfance, a enregistré la démobilisation de près de 5.000 mineurs, enrôlés dans des groupes illégaux.
Pour la seule année 2011, près de 52.600 mineurs ont été déplacés par la force, dont 48% de filles, selon un bilan du Fonds des Nations unies pour l'enfance (Unicef), qui a aussi développé à l'échelle mondiale un programme basé sur le sport, baptisé "Sport for development".
L'organisme international a récemment estimé qu'en neuf ans le "Golombiao" avait réussi à mobiliser pas moins de 65.000 Colombiens, originaires de 13 départements, pour la défense du beau jeu.