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Formules cocasses, ?il malicieux: les conférences de presse de Georges Leekens , le sélectionneur belge de la Tunisie, détonnent dans le monde aseptisé du foot, même si son humour permanent lui permet, aussi, d'en dévoiler le moins possible.
A la veille du quart de finale de CAN-2015 contre la Guinée équatoriale samedi à Bata, le technicien au fort accent d'outre-Quiévrain a de nouveau parsemé ses réponses de bons mots et d'ironie. A commencer par son pays: "On n'a perdu qu'un match, contre les petits Belges: c'était pour leur donner confiance avant la Coupe du monde !"
Sur quoi va-t-il miser contre la Guinée équatoriale ? "Je ne vais pas le dire en conférence de presse ! Vous êtes de Guinée ? Ah oui, les journalistes tunisiens savent que je ne vais pas répondre. Pour le reste inch'allah, que le meilleur gagne, et même si on n'est pas meilleur j'aimerais bien qu'on gagne!"
Avant le match contre la RD Congo (1-1 lors de la troisième journée), il avait demandé à ses joueurs d'oublier les tracas logistiques: "Je leur ai dit: tu vas penser Congo, tu vas dormir Congo, et j'espère que le soir tu vas manger Congo!"
Tracas logistiques: après les fuites et les coupures d'eau à l'hôtel des Tunisiens, à Ebebiyin, il y eut l'éprouvant périple des heures durant dans la fournaise depuis cette ville située dans le coin nord-est de la Guinée équatoriale jusqu'à Bata, un ..."voyage de noces" selon le coach.
Mais le Belge ne craint pas tant que ça les longues expéditions puisqu'il s'était dit "prêt à aller en Asie à pied si c'est nécessaire pour se qualifier !"
- Langage corporel -
Les formules choc font aussi partie de sa panoplie, comme quand il explique qu'il ne va pas titulariser le jeune Moncer, "je ne vais pas tuer un jeune joueur qui a marqué en le laissant titulaire sur deux matches de ce niveau là, ce serait le brûler!"
Ou quand il vient à la rescousse de deux confrères, Alain Giresse et Volker Finke, sélectionneurs du Sénégal et du Cameroun éliminés dès le premier tour et violemment pris à partie par des journalistes: "J'ai vu des collègues se faire massacrer, Alain Giresse et Volker Finke, ce n'est pas la bonne manière, j'en avais les larmes aux yeux".
S'il a ses phrases rituelles, les "on n'a pas les meilleurs joueurs du monde, mais..." (variante: "on n'a pas Ronaldo ni Messi, mais..."), "on n'a pas été gâté mais on ne va pas pleurer", il recourt parfois aussi au langage corporel.
On le voit ainsi souvent faire des tapes potaches sur les journalistes tunisiens, comme pour chahuter. A Ebebiyin, "je souriais (sourire), mais à l'intérieur (grimace)... Si je montre de la déception à mes joueurs, ils vont penser: +C'est quoi ce coach?+ Si je n'ai pas la confiance, comment je peux en donner ?"
- Copeaux drôlatiques -
Car le Belge de 65 ans reste avant tout un entraîneur, un adepte du management. Il veut bien faire le pitre mais pas être pris pour un rigolo. "Je suis un gagneur, je travaille très dur, et j'aime construire une équipe autour d'une équipe, staff technique, médical, administratif, qui doit travailler aussi très dur", assure-t-il.
"Ceux qui ont douté ont eu tort: on a fini 1er des qualifications et de notre groupe", se rengorge-t-il.
L'humour, naturel chez ce bon vivant, fait manifestement partie d'une stratégie de communication de la part d'un entraîneur expérimenté, qui a officié à la tête de nombreuses équipes belges, y compris la sélection nationale (2010-2012). Une manière donc d'émailler de copeaux drôlatiques la traditionnelle langue de bois footballistique.
Dernière question vendredi: qu'est-ce qui l'impressionne chez les joueurs de Guinée équatoriale ? "C'était la dernière question!", répond-il dans un éclat de rire. Rideau.