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Des militaires transportent le 3 décembre 2016 dans un stade de Chapeco des cercueils des joueurs de football tués dans un crash aérien
Entre larmes, recueillement et chants de supporteurs, la ville brésilienne de Chapeco a rendu samedi dans son petit stade archi-comble un ultime et déchirant hommage à son équipe de football, décimée lundi dans le crash de l'avion qui la transportait en Colombie.
Bravant une pluie battante, des milliers d'habitants de cette petite ville du sud du Brésil se sont massés dans la matinée tout au long du trajet du cortège funèbre, entre l'aéroport et le stade, pour saluer la mémoire de ses champions décédés.
Des fusées d'artifices tirées depuis le stade ont illuminé le ciel de Chapeco au moment où se sont posés à l'aéroport les deux appareils de la Force aérienne brésilienne rapatriant les dépouilles.
"La sensation est horrible, regarder et savoir que mon fils va entrer ici dans un cercueil", a confié Ilaide Padilha, la mère de Danilo, le gardien de but de l'équipe, âgé de 31 ans, ovationnée juste avant par le public à son arrivée sur la pelouse.
Un par un, 50 cercueils blancs protégés de la pluie par des bâches de plastique transparent et portant l'inscription du nom des défunts, ont été débarqués sur le tarmac où des militaires formaient une haie d'honneur.
Les cercueils ont ensuite été chargés à bord de quatre camions aux bâches découvertes qui les ont très lentement transportés jusqu'au stade où ils ont été exposés au bord de la pelouse sous un chapiteau.
Les proches parents des victimes se serraient dans les bras en sanglots, sous les regards émus de 19.000 amis, proches, et supporteurs massés dans les gradins sous des parapluies.
- "Toujours vainqueur" -
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Les proches des joueurs de football tués dans un crash aérien en Colombie, attendent l'arrivée des dépouilles le 3 décembre 2016 à Chapeco
Sur une grande banderole déployée au bord de la pelouse, où étaient déposées des couronnes de fleur, on pouvait lire: "dans la joie comme dans les moments les plus difficiles, tu sors toujours vainqueur".
Beaucoup dans le public portaient les maillots vert et blanc du Champenoise. D'autres des tee-shirts floqués des photos des joueurs qui les avaient tant fait vibrer tout au long d'une saison de rêve, avant d'être fauchés aux portes de la gloire.
© AFP/John SAEKI, Laurence CHU
Crash d'avion en Colombie
La modeste et longtemps obscure équipe de Chapecoense avait gravi ces dernières années tous les échelons du football brésilien pour se hisser en première division.
Elle se rendait en Colombie pour disputer la finale de la Coupe Sudamericana, la deuxième plus importante compétition continentale d'Amérique latine, quand son avion charter s'est écrasé dans la collines de la région de Medellin.
"Nous sommes très tristes. Nous vivions un rêve avec eux. Ils nous donnaient tant de joie", a témoigné pour l'AFP Roniele Pizini, 34 ans, employée de bureau à Chapeco où un deuil de 30 jours a été décrété.
- "Toute la ville pleure" -
"Aujourd'hui, c'est un cauchemar. Toute la ville pleure, même la pluie, pour tous ceux qui sont morts, sans oublier les journalistes", a-t-elle ajouté en éclatant en sanglots.
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Le public accueille les dépouilles des joueurs de football tués dans un crash aérien en Colombie, dans un stade de Chapeco au Brésil le 3 décembre 2016
Le président brésilien Michel Temer et celui de la Fédération internationale de football (Fifa) Gianni Infantino avaient pris place dans les tribunes, où ont retenti les hymnes du Brésil et du club.
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Honneurs militaires aux joueurs de football décimés dans un crash aérien le 3 décembre 2016 à Chapeco au Brésil
Après de brefs discours officiels, le speaker a lu au micro les noms des joueurs et membres de l'encadrement techniques décédés, qui ont été salués à tour de rôle par les ovations du public.
La cérémonie s'est poursuivie dans un profond recueillement, entre musiques funèbres, salve d'honneur, minute de silence, et un hommage religieux ?cuménique pendant laquelle un message de solidarité et condoléances du pape François a été lu.
Au même moment, à Barcelone, où se disputait le championnet d'Espagne de football, les 22 joueurs du Real Madrid et du FC Barcelone ont respecté une minute de silence à la mémoire des victimes.
Au total, 77 personnes ont péri dans le crash de l'avion de la compagnie charter bolivienne Lamia. Parmi elles, une vingtaine de journalistes dont les dépouilles ont été rapatriées par avion séparément.
Six passagers ont miraculeusement survécu. Le crash est apparemment dû à une invraisemblable panne de carburant, selon la principale hypothèse des autorités colombiennes.
"C'est une hypothèse qui se renforce, mais qui doit être analysée par les enquêteurs, comme les informations de la boîte noire et les enregistrements de la tour de contrôle", a souligné le directeur de l'Aviation civile, Alfredo Bocanegra, précisant que les conclusions des investigations n'étaient pas attendues avant six mois.
La licence de vol de la compagnie Lamia a été suspendue par le gouvernement bolivien, qui a ouvert une enquête et destitué plusieurs hauts fonctionnaires de l'aviation civile.
Selon le représentant de Lamia, Gustavo Vargas, l'appareil n'a pas respecté le plan d'approvisionnement en carburant en omettant une escale prévue à Cobija, ville bolivienne frontalière du Brésil, ou à Bogota.