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Deux décennies après leur sacre mondial, Romario et Bebeto ont troqué le short pour le costume et brigueront un nouveau mandat d'élu lors des élections brésiliennes du 5 octobre, à l'instar de plus d'une vingtaine d'anciens footballeurs.
Le tunnel qui relie les vestiaires au Parlement s'est notablement raccourci depuis la fin de la dictature militaire (1964-1985).
Tout a commencé en 1982, quand les mythiques Socrates et Wladimir, capitaines des Corinthians de Sao Paulo, ont converti le club en agent de lutte pour la liberté au Brésil et lancé un mouvement de défense des droits de l'homme connu sous le nom de "démocratie Corinthienne".
Depuis, de nombreux joueurs ont raccroché les crampons pour se recycler en politique, parmi lesquels Joao Leite, de l'Atlético Mineiro, qui exerce son 5e mandat de député de l'Etat du Minas Gerais (sud-est).
Plusieurs anciens footballeurs ont commencé à voir la politique comme une retraite dorée, tandis que les partis y voyaient une façon d'attirer les suffrages.
"Un joueur qui termine sa carrière est encore jeune et choisit la voie de la politique car il sait qu'il peut gagner beaucoup d'argent sans trop travailler. La relation qu'entretiennent ces joueurs avec la politique est très étroite", explique à l'AFP le professeur Euclides De Freitas Couto, expert en sociologie du sport à l'université de Sao Joao del Rei, dans le Minas Gerais.
Les Brésiliens sont appelés à désigner en octobre 513 députés fédéraux, 27 sénateurs, 27 gouverneurs et plus de 1.000 députés locaux, en plus de leur nouveau président.
- L'exception Romario -
Comme de nombreux autres politiques du pays, avec 32 partis, les ex-joueurs changent souvent d'équipes. Bebeto, par exemple, élu en 2010 député de l'Etat de Rio Janeiro pour le Parti démocratique du travail, court cette année sous les couleurs du Parti solidarité, de centre-gauche.
Il y a toutefois des exceptions. Favori pour le poste de sénateur de Rio de Janeiro, Romario s'est affilié au Parti socialiste en 2009.
A cette époque, "Baixinho" (le Petit) - meilleur joueur du Mondial 1994 - était assailli d'ennuis financiers et légaux, qui l'ont conduit en prison pour 24 heures, pour n'avoir pas versé sa pension alimentaire à son ex-épouse.
Un an plus tard, il était élu député fédéral. "Il est entré en politique avec l'idée de faire de l'argent mais par la suite, il s'est mis à afficher des positions critiques et à commencer à faire du bon travail. Aujourd'hui, Romario parle comme un politique , ce n'est plus un ex-joueur", salue le professeur Freitas.
Connu pour son caractère ombrageux, son peu de goût de l'effort et sa vie nocturne, Romario est parvenu à lisser son image à force de travail comme député.
"Il continue de dire ce qu'il pense. Bien qu'il ait débuté la politique sans trop savoir ce qu'il voulait, il a découvert que cela lui plaisait. Il a vu que son leadership lui valait le respect de ses concitoyens. Cela lui a conféré un rôle de dirigeant de poids à Rio et je ne doute pas qu'il accède un jour à un poste de maire ou de gouverneur", affirme Marcos Guterman, auteur de l'ouvrage "El futbol explica a Brasil" (Le football explique le Brésil).
Contempteur de la Fifa et critique de l'organisation du dernier Mondial au Brésil, Romario compte également parmi ses ennemis intimes son ancien camarade de jeu Ronaldo, régulièrement ciblé pour son rôle dans le Comité organisateur du Mondial-2014.
Visage de la Coupe du monde brésilienne, Ronaldo "Fenómeno" soutient lui dans ces élections le candidat d'opposition à la présidence, le social-démocrate Aecio Neves (PSDB), avec lequel il participe à des meetings.
"Ronaldo est un cas différent. Il est millionnaire, il a déjà de l'argent, tout ce qu'il doit faire, c'est laisser son capital prospérer et pour y parvenir, il a besoin de la complicité des politiques plus libéraux", considère M. Freitas.