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L'ex-footballeur et entraîneur Gilbert Bodart, un des prévenus, assistant au procès, le 3 février 2014
Un procès fleuve impliquant 31 personnes, principalement des joueurs et des entraîneurs soupçonnés de corruption dans le Championnat de Belgique de football entre 2004 et 2006, s'est ouvert lundi à Bruxelles en l'absence du principal accusé, un homme d'affaires chinois.
Introuvable depuis plusieurs années, le Chinois Zheyun Ye avait "acheté plusieurs matches de la compétition belge", estime le parquet.
L'enquête a révélé que des montants importants étaient misés sur le championnat belge depuis la Chine, alimentant les réseaux criminels impliqués dans les paris sportifs. Les joueurs, évoluant souvent dans des clubs en difficulté, auraient "levé le pied" contre des enveloppes contenant de 5.000 à 40.000 euros.
Les responsables de clubs auraient de leur côté accepté de participer à la combine contre une aide financière de Zheyun Ye. L'homme d'affaires chinois avait ainsi investi 370.000 euros pour devenir actionnaire du Lierse, alors en confronté à de graves problèmes de trésorerie.
Au total, le mystérieux Chinois, en fuite depuis 2005 ou "éliminé" par ses complices présumés, aurait investi 1,6 millions d'euros en Belgique. Mais il aurait récupéré sa mise, et même plus, en faisant miser des complices asiatiques sur des résultats de matchs dont il connaissait l'issue probable.
De nombreuses personnalités du football belge figurent sur la longue liste de prévenus, dont l'ancien gardien international et ex-entraîneur de La Louvière Gilbert Bodart, son ancien président Filippo Gaone, l'agent de joueurs Pietro Allatta ainsi que les anciens joueurs Olivier Suray, Cliff Mardulier, Laurent Fassotte et Marius Mitu. Certains étaient présents lundi au palais de justice de Bruxelles.
Plusieurs protagonistes du dossier, dont l'ancien entraîneur du Lierse Paul Put, aujourd'hui sélectionneur du Burkina Faso, ont avoué les faits pendant l'enquête.
L'avocat de Gilbert Bodart, Nathan Mallants, a expliqué lundi que l'ancien entraîneur de La Louvière n'avait "pas eu le choix" et qu'il avait été soumis à une "pression importante".
L'ex-joueur du Standard de Liège et de Bordeaux avait notamment expliqué pendant l'enquête avoir reçu un appel à la mi-temps d'une rencontre indiquant que "12 tueurs" se trouvaient près de son domicile familial, rappelait lundi le quotidien La Libre Belgique.
Certains joueurs ont toutefois refusé des propositions de 100.000 ou même de 200.000 euros pour fausser des rencontres cruciales en bas de classement, selon le dossier.
Les différents prévenus sont poursuivis pour corruption privée, participation à une organisation criminelle, blanchiment et chantage. Pour le parquet fédéral belge, 18 rencontres ont été truquées.
Le Parlement européen s'inquiète
Lors du procès, qui pourrait durer plus d'un mois, la Fédération belge de football réclamera des dommages et intérêts pour atteinte à l'image et à l'intégrité du sport.
Plusieurs avocats ont déploré que le procès s?ouvre près de 10 ans après l'éclatement du scandale. Un délai qui pourrait toutefois leur être favorable si le tribunal estime les faits prescrits ou qu'ils sont si anciens que les accusés méritent la clémence.
Le Parlement européen s'est récemment inquiété de l'augmentation du nombre de matches truqués dans le football, mais aussi dans d'autres sports comme le basket, le tennis ou le volley, estimant que la lutte contre ce phénomène était un "échec".
"Entre 2008 et 2011, Europol avait détecté 680 matches suspects en Europe. Depuis le début de l'année 2013, 200 nouveaux cas suspects ont été identifiés", avait expliqué début décembre le député européen belge Marc Tarabella.