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© AFP/MATTHIEU ALEXANDRE
Le défenseur du PSG Serge Aurier lors d'un match contre Metz, le 21 août 2016 au Parc de Princes
Côté pile, Serge Aurier est un talentueux défenseur ivoirien, champion d'Afrique des nations, une référence à son poste en Europe. Côté face, ce figurant des clips du rappeur Gradur est en dérapage incontrôlé, entre sortie délirante sur Périscope, insultes à son ex-entraîneur et désormais condamnation pour violences sur un policier.
"Aurier me fait penser à Dennis Rodman (ex-star déjantée de la NBA) qui se comportait comme un malade sans que cela n'affecte trop la vie de ses clubs, chez les Chicago Bulls ou les Detroit Pistons", expose à l'AFP Lionel Maltese, spécialiste en marketing sportif et professeur à la Kedge Business school.
Certains joueurs cherchent une "street credibility", un côté "venu de la rue" comme disent les anglais. Aurier, 23 ans, n'en a plus besoin. Il a été condamné lundi à deux mois de prison ferme -- même s'il ne sera pas incarcéré, cette peine étant aménageable -- pour violences sur policiers lors d'une altercation à la sortie d'une boîte de nuit parisienne le 30 mai.
Pourtant, de l'aveu général de ses coéquipiers, que ce soit à Toulouse où il s'est révélé (2012-2014), ou à Paris, Aurier n'est pas un "bad boy". Pas même un dur.
Au tribunal lundi, à l'énoncé de sa peine, l'image renvoyée par l'Ivoirien fut d'ailleurs celle d'un gamin qui accuse le coup, restant un long moment comme pétrifié sur sa chaise.
- Il s'imagine en chef de bande -
Jusqu'alors, Aurier n'avait dérapé que verbalement, avec notamment cette séquence surréaliste sur Périscope en février, insultant son entraîneur Laurent Blanc ainsi que quelques coéquipiers.
Pourtant, tous ses partenaires avaient pardonné ce pétage de plombs. Même Angel Di Maria (traité de "guignol"), même l'ancien gardien Salvatore Sirigu (qualifié de "+guez+", c'est-à-dire cramé, nul) et même sa majesté Zlatan Ibrahimovic (taxé de "gentille bête").
Aurier, c'est ce joueur compact (1,76 m; 76 kg), au bouc de pharaon, qui s'imagine chef de bande, et fanfaronne jusqu'à verser dans le mauvais goût.
© AFP/PATRICK KOVARIK
Le défenseur du PSG Serge Aurier, le 26 septembre 2016 au Palais de justice de Paris
C'est ainsi que dans la nuit du 13 au 14 février, à trois jours d'un 8e de finale aller de la Ligue des champions face à Chelsea, ne se contentant pas de passer en revue ses coéquipiers, il qualifiait Laurent Blanc de "fiotte". Mis à pied durant cinq semaines, une sanction clémente, il avait reconnu avoir fait "une grosse connerie" dans un message vidéo.
En coulisses, le making-of de ce mea culpa avait éclairé son manque de maturité. Selon France Football, le réalisateur avait appelé le président du PSG, pour lui dire qu'Aurier "prenait la séquence très à la légère et avait fait trois premières prises catastrophiques de dilettantisme". Après quoi, toujours selon FF, Nasser Al-Khelaïfi avait hurlé "tu resteras cinq heures s'il le faut mais tu vas faire ce qu'on te demande!"
Au tribunal, lundi, le procureur a déploré qu'Aurier ait "manqué de lucidité" lors du contrôle policier, "s'obstine dans une attitude puérile, immature". Toujours la même chose.
- "D'abord un mec de quartier" -
Autre exemple de cette fougue non canalisée qui lui avait valu trois matches de suspension de l'UEFA, cette vidéo diffusée sur sa page Facebook en mars 2015, juste après un exploit de ses coéquipiers en Ligue des champions, sur laquelle on l'entendait hurler "Ici c'est Paname, arbitre sale fils de pute!".
Si l'on excepte un problème avec le fisc à son époque toulousaine, c'était la première fois qu'Aurier faisait les titres en dehors des terrains où il collectionne les titres nationaux avec Paris depuis deux ans et où il a remporté la CAN-2015 avec son pays. La Côte d'Ivoire, où il est né le 24 décembre 1992 dans l'ouest à Ouaragahio, et qu'il a quittée à 11 ans pour la France. Il a grandi à Sevran (Seine Saint-Denis) et est depuis resté attaché à la vie de sa cité, ses codes, ses fréquentations.
"Je suis dans un des meilleurs clubs au monde, mais je suis toujours le même. Ça veut dire que je suis d'abord un mec de quartier avant d'être footballeur", confessait-il au Canal football club. Ironie de l'histoire, une semaine plus tard, il dérapait sur Périscope.