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"Penalty ! Jaune !" "Rien !" "Penalty ! Rouge !" Sur le synthétique couvert de Clairefontaine, Amaury Delerue et Benoît Bastien multiplient les courses en direction d'un écran géant où sont diffusées à vitesse réelle des actions du début de saison.
A côté de l'écran, Bertrand Layec, manager des arbitres d'élite, note les réponses des deux hommes, bonnes ou mauvaises, et sourit: "Ceux qui font pas 12 sur 12 sont rétrogradés".
Malgré la répétition des efforts, la prise de décision des deux hommes, le plus souvent identique, reste rapide et affirmée. Même si derrière, leurs collègues font monter la pression: "Amaury, t'as un temps de réaction de vieux !"
L'exercice est une nouveauté, proposé pour la première fois par les cadres techniques de l'arbitrage lors de ce stage du mois de novembre, en préparation des 13e et 14e journées de L1.
"L'idée c'est de faire de la préparation physique intégrée. Avec des exercices d'appuis, de démarrage ou de rotation avant la course, on bosse physiquement tout en travaillant la prise de décision avec la vidéo."
Préparateur physique à la DTN détaché auprès des arbitres, Jean-Michel Prat travaille avec les hommes en noir depuis sept ans.
Pendant que deux autres trios (le central et ses deux assistants drapeaux en mains) travaillent les appuis et les changements de direction avec des courses entre des cellules lumineuses, le Catalan explique combien son travail a évolué.
- 'Comme un milieu de terrain' -
"Les exercices de type aérobie linéaires d'il y a huit ou 10 ans c'est fini. Maintenant on part du match, avec les données recueillies, et on va vers le match, avec des ateliers adaptés", dit-il.
"A chaque match et à chaque entraînement, ils sont équipés pour qu'on ait les fréquences cardiaques et les données GPS. Par leur profil, ils ressemblent à un milieu de terrain. Ils peuvent courir entre neuf et treize kilomètres par match", ajoute-t-il.
"Je travaille avec eux comme avec des joueurs. Ce sont les mêmes logiques physiologiques. Ce sont des athlètes, voire des athlètes de haut niveau. La seule différence c'est la gestion de l'âge, qui rend obligatoire l'individualisation du travail. Certains peuvent progresser en aérobie ou en vivacité. D'autres ont besoin d'être plus sur la récupération", conclut-il avant de mettre en place un dernier atelier.
Haies, steps, piquets et plots, là encore il s'agit de travailler les appuis, la vitesse de pieds et la vivacité. "Ca doit être très sérieux", prévient Prat.
Plus tôt dans la journée, Saïd Ennjimi, Sébastien Desiage, Amaury Delerue, Philippe Kalt, Bartolomeu Varela, Benoît Bastien, Antony Gautier, Sébastien Moreira et leurs assistants s'étaient retrouvés pour un déjeuner au self de Clairefontaine, coup d'envoi de ce rassemblement des arbitres F1, ceux de l'élite.
Organisés huit fois dans la saison, ces stages permettent à la direction de l'arbitrage de faire passer des messages techniques actualisés et aux arbitres d'échanger sur leurs expériences.
- 'Une belle à Sochaux' -
Lors du débrief vidéo animé par Bertrand Layec, en présence du directeur technique Pascal Garibian, les directeurs de jeu, équipements noirs et baskets bleues, reviennent ainsi sur des cas de mauvaise communication entre arbitre central et assistants, sur la gestion des hors-jeu, satisfaisante depuis le début de saison, ou sur la nécessaire "protection des acteurs".
"Là dessus, c'est pratiquement défaut zéro cette saison. Mais on reste vigilant", explique Layec.
Ca chambre un peu, on se moque gentiment du collègue épinglé pour un coup de sifflet donné à l'envers ou pour un carton jaune sorti au lieu d'un rouge: "Tu rigoles mais toi tu en as fait une belle à Sochaux", lance l'un des présents.
Le sérieux revient au moment d'évoquer les trois cartons rouges brandis mi-octobre lors de Lens-PSG, notamment celui du Parisien Cavani, exclu par M. Rainville pour avoir mimé un tir de fusil en direction du public puis avoir touché le bras de l'arbitre.
M. Layec évoque la "capacité à maîtriser l'émotion" et Pascal Garibian rappelle que "le discernement est indissociable de la performance arbitrale", mais on comprend que la question des célébrations de but ne fait pas l'unanimité.
"Sur la mitraillette de Cavani, Nicolas (Rainville) a essuyé les plâtres mais il faut une cohérence de l'équipe arbitrale", estime M. Delerue. "On se complique la vie", juge un autre.
Comme un rappel que l'arbitrage reste un délicat travail d'interprétation, y compris, et peut-être surtout, au plus haut niveau.