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© AFP/JEAN-FRANCOIS MONIER
Le président angevin Saïd Chabane et son équipe, le 20 mai 2017 au stade Raymond Kopa
, arborant des t-shirts dédiés à la finale de la Coupe de France
"Tout le monde me dit +profite du moment !+. J'aimerais bien, mais...": président du SCO depuis 2011, Saïd Chabane, vrai passionné sous son air placide, va vivre une soirée compliquée samedi, lors de la finale de la Coupe de France.
Craint-il un PSG revanchard après avoir perdu le titre en L1 et été humilié par Barcelone en Ligue de Champions ? Même pas.
Dans la tribune officielle, "il faudra que j'arrive à canaliser mon énergie", explique à l'AFP celui à côté de qui il ne faut jamais suivre un match verre à la main, si on ne veut pas le renverser, selon le maire d'Angers, Christophe Béchu.
A 52 ans, gestionnaire discret et rigoureux d'une entreprise de charcuterie-salaisons qu'il a fondée et du SCO, le dirigeant serait plutôt du genre "austère qui se marre", lui qui confesse être un inconditionnel de "La Grande Vadrouille".
"Rire, ça donne un tout autre charme et on fait le vide pendant ce temps-là", glisse-t-il.
- "La 4e coupe de Champagne"... -
Saïd Chabane a surtout le calme de ceux qui savent transformer l'inattendu en opportunité.
Venu d'Algérie en France à 23 ans y compléter sa formation d'ingénieur, avec la ferme intention de rentrer au pays après, il n'est jamais reparti.
"J'ai rencontré mon épouse et avec les évènements tragiques à ce moment-là (l'Algérie était aux prises avec les violences de l'Armée islamique du Salut, ndlr), la question d'un retour au pays ne s'est pas posée longtemps", explique-t-il.
Il ne se destinait ni à l'agroalimentaire, ni au foot. Il fera les deux.
Le désormais quinquagénaire met le pied dans le secteur grâce au voisin de son beau-père, et finit par créer, en 1997, l'entreprise Cosnelle, dans la Sarthe, qui réalise aujourd'hui 90 millions d'euros de chiffre d'affaires et emploie 800 salariés.
Son entrée au capital du SCO, en 2011, est, elle aussi, presque un hasard.
"C'était pendant une discussion autour d'une table, à la 4e coupe de champagne. En général, à partir de la 4e, vous vous laissez un peu aller", plaisante-t-il.
Il prend 10% du capital, mais très vite, face aux difficultés du club alors présidé par le très contesté Willy Bernard - condamné plus tard à deux ans de prison pour abus de bien sociaux -, Chabane est sollicité pour en prendre le contrôle.
"Les choses étaient complètement bloquées, principalement avec la Ville et la DNCG, et (Bernard) a pris son téléphone pour me dire +si je reste, le club est mort. Si ça t'intéresse, on peut parler pour la cession de mes parts+. Il m'a appelé à 11h00, à 19h00 on s'est vus à Paris et à 20h00, on a trinqué à notre accord", raconte celui qui détient désormais 93% du capital.
- "J'ai payé pour apprendre" -
En 6 ans, le club s'est doté d'un centre d'entraînement envié par ses concurrents, d'un centre de formation dont est sorti Nicolas Pépé, sans parler des travaux pour moderniser le stade Raymond Kopa .
"Quand vous n'avez rien au départ, la moindre petite chose que vous faites, tout le monde la voit", avance-t-il avec modestie, alors qu'il a réalisé tout cela avec des comptes équilibrés, sauf le premier exercice, pris en cours de route.
"La première année, j'ai payé pour apprendre et comprendre. Et quand vous êtes seul à payer, vous comprenez vite et vous faites en sorte que ça n'arrive plus", assure-t-il.
Son objectif est maintenant de réduire la part des droits télévisés dans le budget du club. Ils "représentent les 2/3 actuellement. Quand on sera à 50-50, on sera bien", juge-t-il.
Dans 3 jours, Angers pourrait même devenir européen. Une perspective qui ne le trouble guère.
"Si ça devait arriver, ça nous poussera un peu au derrière pour accélérer un certain nombre de choses. Aujourd'hui, on n'est pas prêts, mais ça ne veut pas dire qu'on ne sera pas prêts début septembre", balaye-t-il.
En bon chef d'entreprise, Chabane sait qu'il n'est pas éternel, mais il préparera minutieusement le passage de témoin.
"J'ai 52 ans et à 60 ans, il faudra que je trouve des solutions pour donner le flambeau à quelqu'un qui aura l'énergie, la flamme, de propulser les choses encore plus haut".