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Trente ans après le drame du Heysel, qui avait fait 39 morts lors de la finale de la Coupe des clubs champions entre Liverpool et la Juventus le 29 mai 1985 à Bruxelles, la Belgique reste hantée par l'un des jours les plus noirs de son histoire récente.
Quand, ce vendredi, les ambassadeurs d'Italie et de Grande-Bretagne en Belgique déposeront leurs gerbes de fleurs au pied de la funeste tribune "Z" du désormais stade Roi Baudouin, ils se souviendront d'un désastre causé par le hooliganisme, l'alcool, la vétusté d'un stade indigne d'une finale européenne et la désorganisation des forces de l'ordre.
"La finale du siècle" entre la Juventus de Turin, emmenée par le Français Michel Platini , et le grand Liverpool, meilleur club anglais de l'époque et tenant du titre, restera comme une blessure difficile à cicatriser mais dont les autorités du football ont tiré plusieurs leçons.
Les médias belges reviennent sur l'événement en long et en large ces derniers jours. Preuve que le souvenir et le traumatisme sont encore bien présents.
En plus des 39 morts, 458 blessés avaient été soignés au Heysel ce jour-là et 256 avaient été transférés vers les hôpitaux.
"C'était quasiment une médecine de guerre, pratiquée à même le sol", se souvient Paul Grignet, un secouriste de la Croix-Rouge.
Une catastrophe, vécue en direct télévisé, partout en Europe, et qui trouvait ses prémices un an plus tôt: la finale 1984 avait vu Liverpool s'imposer contre la Roma, à Rome lors d'une soirée très tendue.
-L'organisation en cause-
Après le match, de nombreux supporters anglais avaient été pris à partie par les tifosi romains, au point de devoir se réfugier dans l'ambassade britannique.
Le sentiment de revanche est présent un an plus tard à Bruxelles, contre un club autre italien. La chaleur, l'alcool, la désorganisation autour du stade vont faire le reste. Le pire...
A 19h20, près de 200 hooligans anglais pressent en plusieurs vagues les Italiens du "Bloc Z", qui reculent vers le fond de la tribune. Les grilles d'évacuation sont fermées. Les forces de police repoussent même les supporters qui tentent de se sauver par la pelouse.
Impossible de s'échapper. Les Italiens sont pris au piège. La bousculade est inévitable. Des dizaines de personnes sont piétinées, étouffées contre les grillages, qui finissent par céder.
Le bilan est terrible: 39 morts; 34 Italiens, 2 Belges, 2 Français et un Irlandais.
Malgré cette tragédie, le match a lieu, pour éviter d'autres débordements de frustration, selon les autorités de l'époque.
La rencontre débute vers 21h30 avec une heure de retard. La Juventus Turin s'impose 1-0 grâce à un penalty transformé par Michel Platini . Le Français, aujourd'hui président de l'UEFA, exulte.
Trente ans plus tard, son comportement lui est toujours reproché. Pour sa défense, il affirme que les joueurs n'étaient pas au courant de l'ampleur de la catastrophe.
- Peines de prison -
L'Europe du football vient de vivre l'un des jours les plus noirs de son histoire. En cause, l'organisation. Des places réservées aux Belges ont été vendues au marché noir aux Italiens, à côtés des Anglais dont il ne sont séparés que par de simples grillages.
Les forces de l'ordre sont en sous-nombre et davantage occupées en centre-ville plutôt qu'au stade. Et cette enceinte, le Heysel, bâtie plus de 50 ans plus tôt, est vétuste. L'UEFA sera pointée du doigt pour son choix pour la finale.
Quatorze supporteurs de Liverpool seront condamnés à trois ans de prison lors d'un procès en 1988. Des dirigeants de la Fédération belge, de l'UEFA et le responsable des forces de police écoperont de peines avec sursis.
Les clubs anglais seront interdits de compétition européenne durant trois ans (six saisons pour Liverpool).
Mais le drame fera surtout prendre conscience de l'importance de la lutte contre le hooliganisme. Ce 29 mai 1985, un phénomène de violence de masse fait éruption en mondovision. Trente ans plus tard, il est toujours au centre des préoccupations des autorités.