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© AFP/GEORGES BENDRIHEM
La légende Raymond Kopa
avant un match des vétérans à Reims, le 8 mai 1973
"Les joueurs sont des esclaves". En juin 1963, Raymond Kopa , décédé vendredi à l'âge de 85 ans, s'insurgeait contre la situation des footballeurs qui, à l'époque, étaient liés à vie à leur club et soumis au bon vouloir de leurs dirigeants.
Ses déclarations fracassantes lui valent alors six mois de suspension avec sursis et provoquent une vive polémique. Elles ont pourtant été "un déclencheur, elles ont donné envie aux joueurs de se rebeller", insiste auprès de l'AFP l'actuel président de l'Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), Philippe Piat.
Le syndicat a été créé en 1961 à l'initiative notamment de Just Fontaine , ami et coéquipier de Kopa au Stade de Reims et en équipe de France. Les joueurs étaient alors propriété de leur club jusqu'à leur fin de carrière.
Ils se retrouvent de facto sous la pression de leurs dirigeants. Ils peuvent être conservés ou transférés contre une indemnité reversée à leur club, sans avoir leur mot à dire.
"A 22 ans, j'ai signé un contrat pro avec le RC Strasbourg qui me liait avec le club jusqu'à mes 34 ans", se souvient ainsi Philippe Piat, âgé aujourd'hui de 74 ans.
- La légitimité de Kopa -
Par crainte de représailles, les joueurs n'osent pas s'indigner, mais "Kopa a senti qu'il avait la légitimité de dénoncer cette situation parce qu'il était une star, il était intouchable. Il avait été un des premiers grands transferts vers le Real Madrid et Ballon d'Or" en 1958, ajoute Piat.
Son coup de gueule et la mobilisation de joueurs et de membres de l'UNFP en 1968 aboutissent finalement à la mise en place en 1969 "d'un contrat à temps", à durée librement déterminée.
Mais les dirigeants du clubs résistent et il faut une nouvelle grève à la fin de l'année 1972 pour protéger et confirmer ce principe.
Dans les hommages rendus à Raymond Kopa , après son décès à l'âge de 85 ans vendredi, sa prise de position de 1963 est donc saluée à plusieurs reprises. "On n'oubliera pas ses engagements courageux, qu'il s'agisse de l'instauration du contrat à temps dans le football professionnel français ou de la sélection nationale dont il porta le maillot à 45 reprises", souligne ainsi le club des internationaux de football (CIF).
Philippe Piat considère pour sa part que 50 ans après, "ce combat est toujours d'actualité", que le foot est toujours un "espace de non droit" pour les joueurs où "les lois sont transgressées".