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L'entraîneur des Girondins de Bordeaux, Willy Sagnol , a présenté jeudi ses excuses pour ses déclarations controversées sur le "joueur typique africain", se défendant de tout racisme et assurant que ses propos, tenus dans un contexte "uniquement sportif", ont été mal interprétés.
"Si par mon manque de clarté et ma sémantique imparfaite, j'ai pu faire que des personnes se soient senties choquées, humiliées ou blessées, j'en suis désolé", a assuré Willy Sagnol lors de la traditionnelle conférence de presse d'avant-match organisée au Centre d'entraînement des Girondins, en présence de Nicolas de Tavernost, président de la chaîne de télévision M6, propriétaire du club, et de Jean-Louis Triaud, président des Girondins.
"L'interprétation que ces personnes ont pu faire ne reflète en rien la pensée qui était mienne, et surtout mes convictions humanistes", a-t-il insisté, soulignant avoir tenu ses propos dans un cadre "uniquement sportif et nullement politique ou sociétal".
Les excuses de Willy Sagnol avaient été précédées par des condamnations venues du monde du football. Ainsi, Antoine Kombouaré, l'entraîneur du RC Lens, s'est senti "humilié, blessé" en entendant son homologue bordelais, qu'il doit recevoir samedi dans le cadre du championnat de L1. "J'attends de voir ce qu'il va faire maintenant, s'il va s'excuser. Pour moi, ce qu'il a dit est grave", avait déclaré l'entraîneur d'origine kanak lors d'une conférence de presse tenue à Lens peu avant celle de Willy Sagnol .
- 'Violence' -
L'ancien attaquant international Louis Saha , victime de propos racistes lorsqu'il jouait en Angleterre et en Italie, s'est dit "surpris et choqué", réclamant lui aussi des excuses à Willy Sagnol : "Dans une position de coach, on a une fonction de professeur, on prépare des citoyens, pas que des joueurs de foot qui tapent dans un ballon. Donc dire des phrases comme ça qui sont... d'une violence ... moi je l'ai très mal pris", a-t-il réagi depuis le Qatar.
Lundi, devant des lecteurs du quotidien Sud Ouest, l'entraîneur bordelais avait répondu à une question sur les absences liées à la Coupe d'Afrique des Nations, annonçant son intention de diminuer le nombre de joueurs africains dans son effectif. Il avait ensuite lâché: "L'avantage du joueur typique africain, c'est qu'il est pas cher", "c'est un joueur qui est prêt au combat généralement, qu'on peut qualifier de puissant sur un terrain". "Mais le foot, ce n'est pas que ça. Le foot c'est aussi de la technique, de l'intelligence, de la discipline, il faut de tout. Des Nordiques aussi", avait-il enchaîné.
La diffusion de la vidéo sur internet avait déclenché une vague d'indignation sur les réseaux sociaux, SOS Racisme et le Parti socialiste appelant même à des sanctions. La ministre de la Justice, Christiane Taubira, s'est elle-même fendue d'un tweet fustigeant ces déclarations.
- 'Intelligence tactique' -
"Lorsque j'ai parlé de l'Africain moins cher et prêt au combat, je voulais juste parler du jeune joueur africain qui arrive en Europe, avec toute sa volonté de réussir, et souvent pour échapper à une situation précaire. Ensuite, étant donné que nous étions dans une situation de football, l'intelligence que j'évoquais était bien évidemment l'intelligence tactique", a expliqué Willy Sagnol . "Je n'ai en aucun cas voulu parler de l'intelligence, au sens propre du terme, des individus", a souligné l'entraîneur des Girondins qui, pour sa première prise de parole depuis le début de la polémique, a préféré lire un texte "pour éviter toute interprétation de (ses) mots".
Pour les joueurs de Bordeaux, "le sujet est clos, ce qui montre qu'avec eux il n'y a aucun souci", a conclu l'entraîneur, qui avait déjà reçu mercredi le soutien de son capitaine sénégalais Lamine Sané. Le joueur avait certes évoqué une maladresse mais "pas d'idées tordues".
Déjà signataire d'une tribune au quotidien Le Monde dans laquelle il appellait les joueurs africains à boycotter une journée du Championnat de France, l'ancien président de l'Olympique de Marseille Pape Diouf a remis le couvert jeudi, sur France Inter: "Sagnol au fond n'est que l'un des éléments d'une énorme machine qui rejette, qui ne fait aucune place à ces nombreux hommes venus d'Afrique".
De son côté, le département Afrique de la FIFPro, syndicat international des joueurs, a condamné la "gaffe" de Willy Sagnol , déplorant un "dérapage non-contrôlé" qui renvoie "à un racisme malheureusement ordinaire".
Didier Deschamps , le sélectionneur de l'équipe de France a lui préféré s'abstenir de toute réaction: "Il y a eu un déballage médiatique, je n'ai pas envie de faire partie de la meute des réactions".