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© AFP/REMY GABALDA
Le joueur de Toulouse Odsonne Edouard et son avocat, le 13 juin 2017 à Toulouse
"On ne s'amuse pas de tout même quand on a 20 ans". Et même si l'on est un riche espoir du PSG: quatre mois de prison, éventuellement assortis de sursis, ont été requis mardi à Toulouse contre Odsonne Edouard pour avoir tiré sur un passant avec un pistolet à billes.
Le Toulouse FC, l'attaquant de 19 ans, qui nie être l'auteur des faits, y était venu en prêt cette saison pour continuer à progresser avant de retrouver son club formateur.
Mais depuis que cette affaire, qui illustre l'immaturité d'espoirs du foot gagnant déjà des sommes folles, a éclaté, Edouard est plus habitué aux pages faits divers qu'aux pages sports. Mis à pied un mois par le club, il n'a plus été retenu depuis par Pascal Dupraz.
Accompagné de ses parents dans la salle d'audience du tribunal correctionnel, le natif de Kourou en Guyane, en jean et chemise noire, a commencé par faire état de ses ressources mensuelles. "A peu près 30.000 euros", a-t-il répondu timidement à la présidente du tribunal qui lui a assuré ne "pas être du fisc".
Les faits remontent à février: Francis Guiral, 58 ans, travailleur social à la CPAM, se promène dans une avenue de Toulouse quand il est touché à l'oreille gauche par un projectile. S'en suivent des troubles anxieux et une perte d'audition estimée à 21%.
- "S'amuser avec les copains" -
"C'est un peu déplorable, ce sont des adultes qui sont bien payés dans leur métier, je ne comprends pas qu'on puisse ne pas respecter la personne humaine à ce point-là", a déclaré M. Guiral à la presse avant l'audience.
La réplique de fusil à pompe à air comprimé incriminée, le jeune attaquant dit l'avoir achetée seulement pour "s'amuser avec les copains" à se tirer dessus sur le parking d'entraînement du TFC.
Edouard avait fini par être placé en garde à vue en mars après avoir été identifié grâce à la plaque d'immatriculation de sa voiture.
Avouant les faits dans un premier temps en raison de la "peur" ressentie lors de l'audition, a-t-il expliqué, il avait ensuite été innocenté par les aveux de l'un de ses coéquipiers, Mathieu Cafaro, jeune milieu de 20 ans. Ce dernier s'était accusé avant de se rétracter.
Devant les magistrats, Edouard et Cafaro, lequel a été convoqué comme témoin, ont maintenu leurs positions.
"J'étais en train de conduire, Mathieu a pris l'arme, j'ai pas fait attention à ce qu'il faisait", a assuré Edouard.
"Mais à quel moment doit-on vous croire Monsieur ?", lui a rétorqué la présidente du tribunal.
Cafaro, licencié depuis par le TFC, a reconnu pour sa part avoir seulement essayé l'arme sur un mur après être sorti de la sandwicherie du centre de Toulouse, où il avait déjeuné avec Edouard mais ne pas avoir été dans la voiture au moment du tir.
La victime a assuré, elle, n'avoir vu qu'une personne dans la voiture, un conducteur de "type antillais", resté une minute sur place après le tir.
"On ne s'amuse pas de tout, même quand on a 20 ans (...) C'est bien plus qu'une bêtise, c'est un acte délibéré", a lancé à l'encontre d'Edouard la procureure Christine Chastenet, qui a également requis une amende de 6.000 euros et la confiscation des armes à air comprimé.
Avant de sous-entendre une possible manipulation concernant les aveux de Cafaro. "Je ne suis pas dans les coulisses du TFC mais manifestement, on a essayé de faire entrer un nouvel acteur dans ce dossier", a-t-elle souligné.
Le tribunal de Toulouse rendra son verdict le 4 juillet.