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© AFP/ELSA
Gaël Monfils face à Lucas Pouille en quarts de finale de l'US Open, le 6 septembre 2016 à New York
Gaël Monfils peut-il devenir le premier Français depuis 1983 à remporter un titre du Grand Chelem ? Il lui faut encore gagner deux matches, dont une monumentale demi-finale contre Novak Djokovic vendredi, pour mettre fin à cette disette, mais beaucoup l'en croient capable.
Depuis presqu'un an qu'il travaille sous la direction du Suédois Mikaël Tillström, "La Monf'" a changé. Il a trouvé la constance dans les résultats qui le fuyait jusque là, à cause de ses pépins de santé et/ou de ses états d'âme.
Depuis le début de l'année, le Parisien de père guadeloupéen et de mère martiniquaise affiche un bilan de 40 matches gagnés pour 11 perdus. Il a décroché à Washington un 6e titre ATP, de loin le plus important de sa carrière, et répondu présent tout au long de l'année, à part en juin/juillet où un virus l'a privé de son tournoi de prédilection, Roland-Garros.
Grâce à son quart de finale à l'Open d'Australie, ses finales à Rotterdam et Monte-Carlo, ses demi-finales àe Toronto et à l'US Open, en attendant peut-être mieux, il va faire son retour dans le top 10 mondial (N.8, tout près de son meilleur classement, 7e en 2011) et il est bien parti pour décrocher son billet pour le Masters de Londres en fin de saison.
Plus fort encore, il peut rejoindre dans l'histoire Yannick Noah , le dernier Français sacré en Grand Chelem, à Roland-Garros en 1983, autant dire une éternité.
- Défis potaches -
Pourquoi maintenant et pas avant ? A cette question, son entraîneur n?a pas de réponse: "Je ne sais pas pourquoi, mais j?ai vu qu?il avait vraiment envie de travailler avec moi et que son potentiel de rivaliser avec les tout meilleurs dans les plus grands événements est réel", explique Tillström.
Le Suédois a peut-être compris et accepté qu'à 30 ans, Monfils ne changerait fondamentalement pas: au lendemain de sa qualification pour les quarts de finale, l'entraînement quotidien a rapidement tourné à la séance de défis très potaches.
"Mon job, c?est de trouver l'équilibre pour le rendre dans l'état d?esprit le plus positif pour gagner. Ce n'est pas nécessairement ce que j?aurais fait avec un autre joueur", admet l'ancien joueur suédois présent sur le circuit dans les années 1990.
Patrick McEnroe , frère aîné de John, lui même ancien joueur, avance un autre explication: "Il a toujours été un grand athlète, mais il n'a jamais été jusqu'ici en aussi bonne condition athlétique, ce qui lui nuisait en Grand Chelem".
Mais c'est surtout en match que le phénomène, chouchou du public dans le monde entier, a changé d'attitude.
- 'Il fait peur' -
"Avant, il aimait faire le spectacle et ça le desservait, remarque Nicolas Mahut . Il s'est toujours bien déplacé, mais là j'ai l'impression qu'il joue plus long, et c?est difficile de l'attaquer, et quand tu montes, il glisse toujours la balle dans les pieds et il te passe en deux coups".
"Je l?avais +joué+ au 2e tour en Australie, et par rapport aux autres fois, je l?ai trouvé impliqué. J?avais l?impression d?avoir un nouveau +Monf+. Là, il n?a pas perdu un set, il fait peur à tout le monde, même aux tout meilleurs", insiste le N.1 mondial de double.
Après sa défaite de son élève Lucas Pouille en quarts de finale, Emmanuel Planque a fait tout simplement de Monfils son favori pour le titre: "Sur le plan du jeu, c?est très, très, très fort et physiquement c?est le prototype du joueur moderne, grand gabarit mais aussi véloce qu'un joueur d'1,70 m. Il balaye un certain nombre de qualités, la vitesse, la souplesse, l'explosivité, la force, et il vieillit, donc il commence à avoir de l'expérience. Il est redoutable".
L'enthousiasme ne se limite pas au camp français: "Ce qu'il fait depuis le début de l'année, c'est fort", admire le Suisse Stan Wawrinka , N.3 mondial, qui pourrait être son adversaire en finale dimanche.
"Ses chances (de battre Djokovic) n'ont jamais été aussi bonnes, j'ai hâte de voir comment il va gérer la situation", conclut l'aîné des frères McEnroe.