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© AFP/JACQUES DEMARTHON
Les serres d'Auteuil, le 5 octobre 2016 à Paris
Les travaux d'extension de Roland-Garros sur le site classé des Serres d'Auteuil peuvent reprendre: la Fédération française de tennis a remporté vendredi une victoire judiciaire contre les héritiers de l'architecte du jardin, même si le conflit continue.
La 3e chambre civile du tribunal de grande instance de Paris a "rétracté" une ordonnance rendue le 6 octobre, comme le demandait la Fédération française de tennis (FFT), qui peut dès lors relancer le chantier.
"Nous sommes vendredi soir, nous n'allons pas reprendre immédiatement les travaux d'autant qu'une nouvelle audience est prévue lundi", a déclaré à l'AFP le directeur général de la FFT Jeremy Botton, qui s'est "réjoui de cette décision" de justice.
Lors d'une audience jeudi, les avocats de la fédération avaient dénoncé "un mensonge par omission" des requérants qui avaient demandé l'arrêt des travaux en urgence en laissant croire que les serres historiques, construites par l'architecte-paysagiste Jean-Camille Formigé (1845-1926), étaient sur le point d'être détruites, alors que "les travaux visent des serres modernes, construites dans les années 1980 et en 2001".
Dans son ordonnance de vendredi que l'AFP a pu consulter, la 3e chambre explique que l'audience a permis au juge de prendre connaissance "du fait que les parcelles sur lesquelles doivent avoir lieu les travaux litigieux ne concernent qu'une partie des jardins et des serres et que les serres visées par la destruction ne dataient pas de l'époque de l'architecte Formigé mais ont été construites à une époque récente".
"L'atteinte au droit d'auteur de Jean-Camille Formigé sur ces serres est donc sérieusement contestable", pour le tribunal, qui relève également que les héritiers Formigé ont eux-mêmes retardé l'examen au fond de cette affaire en engageant des recours.
- "Modernisation"-
"Cette décision correspond en tous points à nos demandes, cela montre bien qu'il y a eu manipulation", a réagi à l'AFP Me Julien Guinot-Deléry, un des avocats de la FFT.
La mairie de Paris, qui est propriétaire du stade de Roland-Garros et du Jardin des Serres d'Auteuil, a immédiatement salué "une décision qui, après celle du Conseil d'Etat il y a quelques jours, souligne la pertinence et le bien-fondé juridique du projet de modernisation de Roland-Garros", selon les termes de Mathias Vicherat, directeur de cabinet de la maire PS Anne Hidalgo.
Le 3 octobre, le Conseil d'État avait cassé une décision du tribunal administratif qui, le 24 mars, avait suspendu le permis de construire accordé par la mairie de Paris pour l'extension du stade vers le site classé du Jardin botanique des Serres d'Auteuil.
Dans la foulée, la FFT avait repris les travaux interrompus pendant six mois dans la partie est du jardin où elle prévoit de détruire des "serres techniques" et "serres chaudes", abritant des milliers d'espèces tropicales, qu'elle juge sans valeur architecturale, pour construire un court semi-enterré de 5.000 places aux abords immédiats des serres historiques.
Vendredi, l'avocat des héritiers Formigé a dit sa "déception": "Nous estimons que ce projet porte atteinte à l'oeuvre de Formigé et nous continuerons à nous battre pour l'empêcher. Le but unique de notre action est d'obtenir une suspension des travaux jusqu'à l'examen au fond de cette affaire, d'ici la fin de l'année", a déclaré à l'AFP Me Philippe Zagury.
Le prochain round se jouera dès lundi au tribunal avec l'examen de cette demande des héritiers.
L'enjeu est énorme, celui du rayonnement de Paris, voulu par tous mais qui oppose modernisateurs et défenseurs d'un patrimoine célébré par l'Unesco.
"Si on en reste là, avec un stade de cette dimension, on va sortir du Grand Chelem", a prévenu l'avocat de la ville Marc-Olivier Deblanc. Mais même au sein de la puissante fédération, les candidats à la future présidence sont divisés sur la question.