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Travailleur boulimique et dur au mal, Lucas Pouille a confirmé les grands espoirs placés en lui en accédant pour la première fois à 22 ans aux quarts de finale d'un tournoi majeur, à Wimbledon.
Ni un break de retard dans le 5e set (mené 4-2), ni une blessure à la cheville droite, dès la deuxième manche, ne l'auront fait dévier de sa trajectoire face à l'Australien Bernard Tomic , un ex-grand espoir qui tarde à confirmer.
"Je savais que si je commençais à pleurer, j'allais perdre ce match. Il fallait être fort mentalement et ne rien montrer", a expliqué le Nordiste au visage d'adolescent et au puissant coup droit, foudroyé de bonheur après la balle de match.
A Londres, le 30e mondial est une révélation. Côté français, son parcours n'a rien d'une surprise. Cela fait un moment déjà que l'on parle de lui comme un futur très bon joueur. Lui-même a des ambitions et un plan de carrière claires depuis ses 18 ans.
C'est à Paris-Bercy, en octobre 2014, que le natif de Grande-Synthe est sortit de l'anonymat. Alors 176e mondial, il écarte l'Américain Steve Johnson (41e) et le Finlandais Jarkko Nieminen (69e) lors des qualifications, avant de s'offrir deux membres du top 30: le Croate Ivo Karlovic (27e) et l'Italien Fabio Fognini (20e). Tout cela sans perdre un set.
- Une préparation de rugby -
Son parcours s'arrête en huitièmes de finale contre Roger Federer (6-4, 6-4) mais le combattant blond a pris date pour l'avenir. La confirmation mettra un peu de temps à arriver mais Pouille se montre patient et apprend, beaucoup, au contact des meilleurs.
Il passe du temps en Suisse pour s'entraîner avec Stan Wawrinka , joue aussi le sparring-partner pour Federer et gravi les échelons de l'ATP. Il intègre le top 100 en avril 2015 (98e), après s'être notamment offert une première demi-finale (à Auckland).
Les résultats sont en dents de scie mais Pouille s'accroche. Il prend des conseils auprès de Yannick Noah , atteint les demi-finales à Hambourg, en passant par les qualifications, et maintient surtout un classement à deux chiffres.
C'est véritablement en 2016 que la carrière du poulain d'Emmanuel Planque - son coach qui a aussi formé Michaël Llodra - va prendre une autre tournure.
Il s'installe à Dubaï et engage un préparateur physique (en décembre 2015) du monde du rugby, Pascal Valentini, qui a notamment passé six années au Racing métro, champion de France cette saison.
Les résultats ne suivent pas d'emblée, mais comme d'habitude Pouille se réfugie dans le travail. Le charme opère sur terre battue, où il s'offre une première finale (à Bucarest) et atteint surtout les demi-finales du Masters 1000 de Rome, en surclassant au passage l'infatigable espagnol David Ferrer .
- 0 victoire sur herbe avant Wimbledon -
Pour la première fois tête de série (31e), il est attendu à Roland-Garros. Mais la pression le rattrape dès le deuxième tour contre le modeste Slovaque Andrej Martin, repêché à l'issue des qualifications. Il passe néanmoins vite à autre chose.
Il n'a jamais gagné de match sur herbe avant Wimbledon? Qu'à cela ne tienne. Il s'inflige encore des entraînements à rallonge, tape la balle avec Jo-Wilfried Tsonga et réussit dans "le temple du tennis", là où on ne l'attendait pas, ni lui d'ailleurs.
"Je ne vais pas mentir et dire que j'y croyais. C'est super. Je suis vraiment heureux. A la fin du match, il y avait beaucoup d'émotions", a assuré Pouille, qui était mené deux sets à un par Tomic et s'était offert l'Argentin Juan Martin Del Potro , sur deux jours, au tour précédent.
Son prochain match mercredi contre un Tchèque - Jiri Vesely ou Tomas Berdych - aura comme un avant-goût de Coupe Davis, où il pourrait d'ailleurs très prochainement honorer sa première sélection.