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Pour sa première finale en Grand Chelem lundi, Marin Cilic n'a pas tremblé et a balayé Kei Nishikori en moins de deux heures 6-3, 6-3, 6-3 pour remporter l'US Open 2014.
Après des demi-finales retentissantes avec les éliminations des deux favoris, Roger Federer et Novak Djokovic , l'improbable finale entre deux "bizuts" en Grand Chelem pouvait difficilement rivaliser.
Malgré son contexte quasi historique avec un premier sacre possible en Grand Chelem pour un Asiatique, elle a tourné court avec un dernier duel à sens unique, insipide parfois.
La faute à la nervosité de Nishikori qui, à 24 ans, a semblé dépassé par l'événement, avec 30 fautes directes et son incapacité à retrouver le tennis agressif qui lui avait permis de renverser le N.1 mondial Novak Djokovic au tour précédent.
La faute surtout à Cilic qui, après avoir démoli en demi-finale Roger Federer , a réservé le même traitement désagréable à son adversaire avec 17 aces et 38 points gagnants.
Le Croate qui avait abordé le tournoi à la 16e place mondiale, n'a pas perdu le moindre set lors de ses trois derniers matches.
"J'ai joué le meilleur tennis de ma vie", a reconnu Cilic, dont le titre de gloire était jusque-là d'avoir remporté le Queen's en 2012, un tournoi ATP 250.
- La joie apportée par Ivanisevic -
Le dernier jeu de cette finale 2014 résume à merveille son déroulement: il a débuté par deux services gagnants de Cilic (30-0), puis Nishikori a expédié un revers dans le couloir (40-0). Rattrapé par la nervosité, Cilic a commis une double faute (40-15) avant de finir par un revers gagnant qui a laissé à deux mètres son adversaire, impuissant.
"Ce titre représente beaucoup de travail depuis un an. Goran m'a apporté quelque chose de spécial, la joie de jouer au tennis", a insisté le géant croate (1,97 m) entraîné depuis septembre par son illustre compatriote Goran Ivanisevic .
"Il a eu une deuxième chance, et il l?a saisie, et je ne vois pas pourquoi ça ne continuerait pas sur sa lancée", a prédit le vainqueur de Wimbledon en 2001, le seul autre titre majeur du tennis croate.
"Ce succès doit être une source d'espoir pour les autres: le travail paye", a pour sa part affirmé Cilic.
Cette finale marquait en effet une rupture après dix années de domination sans partage du "Big Four": pour la première fois depuis l'Open d'Australie 2005, Roger Federer , Novak Djokovic , Rafael Nadal ou Andy Murray n'étaient pas en lice dans une finale de Grand Chelem.
Il s'agit seulement du quatrième titre qui échappe au "Big Four" sur les 40 derniers tournois du Grand Chelem disputés, dont deux en 2014, l'Open d'Australie enlevé par Stan Wawrinka et l'US Open par Cilic.
- Suspension controversée -
"J'ai fait trop d'erreurs directes, je n'en fais pas autant d'habitude", a regretté de son côté Nishikori qui a reconnu être un peu fatigué après deux matches de plus de quatre heures en 8e et quart de finale.
Cilic revient de loin: en 2013, il n'avait pas pu participer à l'US Open, car il purgeait une suspension controversée de neuf mois pour dopage, ramenée à quatre mois par le Tribunal arbitral du sport.
Le Croate avait été contrôlé positif à un stimulant en mai 2013 et la Fédération internationale (ITF) avait reconnu qu'il n'avait "pas l'intention d'améliorer ses performances" en prenant une tablette de Coramine-glucose.
Cilic avait épuisé tous les recours possibles avant d'accepter cette sanction qu'il qualifiait encore la semaine dernière d'"injuste".
"Quand je suis revenu sur le circuit, j'ai effacé tout le négatif et je n'ai gardé que le positif, cela m'a rendu plus fort, plus concentré sur mes objectifs", avait-il expliqué.
"Ma satisfaction est immense, parce que je sais ce par quoi il est passé l?an dernier. Ca n?a pas été facile pour moi de le convaincre à quel point il est fort", a d'ailleurs souligné Ivanisevic.
Cette finale avait également un contexte économique avec l'absence dans une finale d'un Grand Chelem des deux géants Nike et Adidas pour la première fois depuis Roland Garros 2003. Uniqlo, avec Nishikori, et Li-Ning, avec Cilic, espèrent leur tailler des croupières sur le marché européen.
Reste à voir si, comme pour Cilic, Nishikori et consorts avec le "Big Four", les outsiders vont confirmer leur percée.